Saluée par Emmanuel Macron, la première édition de MedInTechs, salon de l’innovation en santé, a rassemblé 6000 personnes. Muriel Benitah, sa présidente et fondatrice revient sur un événement placé sous le haut patronage d’Olivier Véran, ministre de la Santé.

Décideurs. Quelles valeurs avez-vous insufflées à MedInTechs ?

Muriel Benitah. MedInTechs reflète l’idée que la santé est un bien commun. Nous assistons à une accélération du déploiement d’outils de santé qui incarnent une révolution des usages. Grâce à eux, nous nous trouvons déjà au cœur du sujet en tant que patient, sauf que nous ne le savons pas assez !

Les outils qui permettent de monitorer votre santé en vous mettant en lien avec les soignants sont le fruit de recherches établies par des personnes qui innovent avec conviction. Ce salon offre la possibilité aux soignants mais également aux patients de se former à ces différents instruments afin que personne ne se sente submergé ou ne passe à côté de ces nouveaux modes de fonctionnement. L’idée est de se positionner auprès de ceux qui facilitent cette transformation en les amenant au plus près des personnes concernées, qui vont pouvoir, en adoptant ces nouveaux usages, vivre mieux et plus longtemps. En somme, et à l’image du message affiché par le salon, MedInTechs se veut le mégaphone de l’innovation en santé.

De manière proactive et précoce, ces créations proposent notamment d’identifier ce qui pourrait être un souci de santé. Savoir qu’il existe des applications pour cela demeure primordial. À titre d’exemple, l’application mobile Jabi facilite l’entretien des fonctions cognitives des personnes âgées. De même, l’application mobile Malo permet de détecter les troubles du développement, y compris l’autisme, chez l’enfant. Récemment, elle a lancé une fonctionnalité afin de détecter 6 mois après l’accouchement le risque de dépression post partum.

Et prévenir les maladies en amont, c’est par exemple inciter les femmes à passer régulièrement des mammographies tout en sachant que les cancers du sein peuvent être diagnostiqués jusqu’à 5 ans avant que les premiers symptômes ne se manifestent.

Start-up et structures de tous horizons confondus collaborent de plus en plus. En quoi MedInTechs les aide-t-elles à se mettre en relation ?

L’événement repose sur les notions de don et d’objectif commun. Il entend ainsi favoriser les collaborations entre les acteurs qui innovent dans un même domaine et faciliter les échanges sur leurs avancées. À MedInTechs, les start-up se sont découvertes les unes les autres dans un esprit d’ouverture et de partage.

L’ambition du salon visait également à éclairer les structures innovantes sur la manière dont elles peuvent se financer. Pour cela, nous avons, entre autres, organisé un atelier avec PNO Consultants, groupe européen de conseil en innovation. En parallèle, en qualité de partenaire du salon, DLA Piper, le cabinet international d’avocats, est allé à la rencontre de ces différents profils.

Au-delà, des partenariats ont été valorisés. Par exemple, le groupe Pro BTP a mis en lumière une start-up qui a développé un bracelet capable de détecter les risques de coup de chaleur sur un chantier. Selon lui, MedInTechs a constitué une opportunité intéressante pour partager cette initiative de prévention.

La communauté scientifique souhaite inclure d’autres types de soins par le biais de la médecine intégrative. Qu’en est-il de vous ?

Les médecines alternatives ont fait l’objet d’une conférence au programme de MedInTechs. Parmi ses intervenants figuraient deux membres de notre comité scientifique, les docteurs Véronique Suissa et Alain Toledano, qui en est également président. En outre, ce brillant cancérologue préside l’Institut Rafaël, la maison de l’après-cancer. À l’inverse d’une médecine orientée vers le malade, sa pathologie et ses traitements, son postulat s’appuie sur un recentrage vers l’individu et son projet de vie. Je partage totalement cette vision. Afin de contribuer à la mobilisation des défenses immunitaires, l’état mental du patient fait, à mon sens, toute la différence sur sa capacité de résilience. 

"Les Rencontres MedInTechs, lieu d’échange virtuel, auront pour ambition de faire revivre l’esprit de l’événement"

Toujours dans la même optique, la psychologue Véronique Suissa, le sociologue Serge Guérin et le chirurgien Philippe Denormandie [fondateurs de l’Agence des médecines complémentaires et alternatives, Ndlr] ont publié en septembre dernier le rapport 2021 sur les médecines complémentaires et alternatives. En tant que porte-parole, notre rôle réside aussi dans ce genre de promotion. Au fil de mon parcours, je suis également devenue coach et j’ai pratiqué l’hypnothérapie. Les médecines intégratives favorisent la création de nouvelles ressources offertes par les traitements complémentaires.

Quels sont vos projets ?

Prochainement, nous lancerons les Rencontres MedInTechs, lieu d’échange virtuel qui aura pour ambition de faire revivre l’esprit de l’événement. Patients, professionnels de la santé et grand public auront la possibilité de rencontrer des spécialistes de haut niveau mais également des start-up et grands groupes qui expliciteront leurs sujets d’expertise. En outre, ces contenus accessibles pendant toute l’année viendront démocratiser les bonnes pratiques de l’innovation en santé et entretenir cette communauté. En partenariat avec l’Apec et Pôle Emploi, ces premières Rencontres MedInTechs mettront en valeur les métiers d’aujourd’hui et de demain dans le domaine de la santé et s’inscriront dans le fort développement des innovations technologiques du secteur.

Enfin, porteuse de nouveautés d’ores et déjà en gestation, l’édition 2023 de MedInTechs aura lieu les 22 et 23 mars prochains.

Vous avez effectué une majorité de votre parcours professionnel à la Société générale, à des postes clés de l’innovation et de l’IT. Dans quelle mesure ces expériences vous ont-elles amenée à forger le salon MedInTechs, qui a eu lieu les 8 et 9 mars derniers ?

J’ai intégré la Société générale en me consacrant à la finance de marché puis aux financements structurés. Par la suite, j’ai eu l’opportunité d’incorporer le pôle informatique de la banque de financement et d’investissement en qualité de directrice de l’innovation et de la communication. J’ai profité d’une ouverture sur les sujets de l’IT et de la tech qui m’ont permis de me former sur l’aspect opérationnel. L’engouement que j’éprouve pour ces thèmes ne m’a jamais quitté. Puis, j’ai été invitée à rejoindre la direction de l’innovation du groupe. Dans ce cadre, j’ai participé au lancement de nos premières collaborations avec des start-up, des opérations jusque-là inédites. Ce qui explique pourquoi je connais si bien les problématiques auxquelles se confrontent ces acteurs.

Après avoir créé OxySGen, une communauté où les collaborateurs pouvaient notamment développer leur créativité et de nouvelles façons de travailler et de manager, j’ai fondé et organisé la Techweek de Société générale. Le salon avait alors réuni 16 000 participants au cours de l’édition 2019.

Forte du succès de cet événement, le projet MedInTechs s’est imposé de lui-même. Du fait de mes capacités à entreprendre des projets de très haute envergure, je voulais capitaliser sur l’innovation et la tech afin de mettre en lumière les nouveautés du monde médical. Car, avant même les conjectures de la pandémie, j’avais déjà l’intime conviction que nous avions le devoir de nous emparer de la question de notre santé.

Propos recueillis par Léa Pierre-Joseph

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