2022 a été un bon cru pour Reboul & Associés, le cabinet d’avocats ayant comme domaines de prédilection des secteurs qui n’ont pas été touchés par la morosité économique ambiante. Si 2023 a encore tout à démontrer, les entreprises pourront compter sur les conseils sur mesure des associés de la rue de Penthièvre.

Décideurs. 2022 a-t-elle été une année porteuse pour Reboul & Associés ?

Guillaume Reboul. Tout à fait. Nous avons connu une activité soutenue et travaillé sur des dossiers très variés. Si nous continuons à œuvrer dans nos domaines de prédilection que sont la santé, le logiciel et le consulting, nous sommes aussi intervenus dans l’hôtellerie, le recrutement ainsi que le Web 3.0 qui est devenu un secteur d’activité à part entière. Je ne sais pas si on peut en tirer une conclusion générale sur l’état du marché mais ce qui est certain c’est que nous continuons à accompagner nos clients historiques tout en diversifiant notre activité. Preuve que nous avons eu du travail à abattre : nous avons recruté quatre nouveaux collaborateurs sur la partie M&A et financement

Pourriez-vous nous donner quelques exemples d’opérations sur lesquelles vous êtes intervenus ?

Nous sommes toujours au côté de Dassault Systèmes, groupe que nous avons conseillé dans le cadre de l’acquisition de l’éditeur de logiciels de réalité augmentée Diota auprès notamment de Safran Corporate Ventures, Supernova Invest et Calao Finance ; ou encore sur l’entrée au capital d’AVSimulation (filiale commune de Dassault, Renault et Oktal) par Utac. Côté financement, le cabinet a accompagné le start-up studio dédié au Web 3.0 Pyratzlabs qui a levé 3 millions d’euros ; la start-up Dogami pour 14 millions d’euros qui a développé un jeu basé sur la blockchain permettant d’adop[1]ter et d’élever des chiens dans le metaverse, dans des levées de fonds auprès d’Ubisoft, Animoca Brands et XAnge ; ou encore le financement de la croissance d’Anywr (anciennement Cooptalis), leader du recrutement et de la mobilité professionnelle, qui est allé chercher 80 millions d’euros. Dans le secteur immobilier, nous avons collaboré avec Blue Partners Finance qui a accompagné Rivages dans l’acquisition du camping Les Chevreuils.

 

"Les entreprises qui arrivent à imposer leurs produits ou services à l'étranger sont déjà très fortes sur leur marché"

Votre clientèle est donc assez variée...

Oui. Elle va de la start-up – surtout dans les domaines de la tech et de la santé – au groupe du CAC40 en passant par des PME plus traditionnelles. Dassault Systèmes est l’un de nos clients historiques avec Babilou et Efeso Consulting. Nous connaissons donc bien tout ce qui touche au software, domaine dans lequel nous avons réalisé de nombreuses opérations d’acquisition et de capital-investissement, ainsi que le domaine de la santé et du service. Nos nouveaux clients viennent en général par le bouche-à-oreille. Nous travaillons aussi beaucoup sur le sujet des énergies renouvelables. Olivier Mourain développe avec succès l’activité de capital-investissement, avec des levées de fonds significatives dans la santé (medtech, santé connectée notamment), la greentech ou encore l’enertech. Éric Bérengier intervient régulièrement sur des questions fiscales concernant la structuration de fonds d’investissement, pour le compte de gestionnaires d’actifs étrangers, notamment américains.

Est-ce difficile pour les entreprises de pousser les portes de l’international ?

On constate que les entreprises qui arrivent à imposer leurs modes de fonctionnement et leurs produits ou services à l’étranger sont déjà très fortes sur leur marché. Cela dit, même dans cette configuration, il est toujours risqué d’aller dans des pays où les mentalités, l’environnement juridique, financier et plus généralement professionnel sont très différents. On voit qu’il est parfois compliqué de s’implanter aux États-Unis car c’est un marché important, qui répond à des règles de business différentes des nôtres. Pour ceux qui y vont et qui réussissent, le pari s’avère très fructueux. Des groupes comme Dassault Systèmes, Babilou ou Efeso ont réussi leur développement à l’international. Ce qui prouve que ce n’est pas une histoire de type de métier mais de positionnement dans son marché. Pour les accompagner, vous avez établi un réseau de partenaires.

Comment fonctionne-t-il ?

Nous travaillons avec des cabinets sur des matières spécifiques, comme la propriété intellectuelle ou encore le droit immobilier. Nous disposons également d’un réseau de partenaires étrangers. Parfois, nos clients nous demandent d’appliquer les mêmes pratiques contractuelles que celles appliquées en France, avec la même gestion du processus d’acquisition, mais à l’étranger. À l’inverse, nous réalisons des opérations en France pour des cabinets étrangers. Nous avons récemment conseillé un groupe belge de premier plan lors d’une acquisition en France.

"Babilou est devenu un acteur mondial et c'est une fierté pour nous"

De manière plus générale, comment décririez-vous votre cabinet ? Quelles sont ses spécificités ?

Nous sommes un cabinet à taille humaine composé d’avocats issus de structures de premier plan. Nous essayons d’allier la réactivité et la rigueur des grands cabinets avec la flexibilité d’un plus petit. Avoir une équipe de taille restreinte permet de bénéficier d’une communication fluide et de prendre des décisions rapides. Nous sommes aujourd’hui trois associés : Olivier Mourain, qui travaille sur les sujets de M&A et private equity, Éric Bérengier sur les aspects fiscaux, et moi-même qui suis spécialisé dans les fusions-acquisitions ainsi que le financement. Nous travaillons avec d’autres cabinets sur des matières spécifiques, comme la propriété intellectuelle ou encore le droit social, et disposons également d’un réseau de partenaires étrangers.

Avocats

Eric Bérengier et Olivier Mourain, associés

Quel est l’intérêt pour un cabinet comme le vôtre, qui travaille avec de grands groupes, de vous tourner vers les start-up ?

Nos relations avec la start-up se basent sur un véritable intuitu personae. Lorsque nous sentons qu’une jeune société a du potentiel, que ce soit par son activité ou grâce aux personnes qui l’ont créée, nous nous investissons pleinement. Nous sommes les partenaires de celles qui peuvent devenir plus tard un client avec une surface d’activité plus importante et que nous aurons connues dès le début. À titre d’exemple, Babilou reflète bien notre mode de fonctionnement. Nous avons travaillé sur sa première levée de fonds en 2008. Nous sommes intervenus sur les suivantes puis sur la quasi-totalité de leurs croissances externes en France et parfois à l’étranger (Belgique, Allemagne, Luxembourg, USA). Aujourd’hui, Babilou est devenu un acteur mondial et c’est une fierté pour nous d’avoir contribué à ce succès.

Comment définiriez-vous votre accompagnement ?

Nous adaptons sans cesse nos conseils à nos différents types d’interlocuteurs. C’est difficile mais c’est ce qui rend le métier intéressant. Un fondateur de start-up n’a pas les mêmes besoins qu’un dirigeant associé de PME familiale ou que le juriste senior d’un groupe coté. Au fondateur, nous prodiguerons des conseils plus généraux et structurants quant à ses opérations : aller voir des fonds, signer une lettre de confidentialité, ne pas trop diluer le capital, etc. Nos conseils à un dirigeant de PME familiale porteront davantage sur les sujets patrimoniaux, fiscaux et globaux, comme la gestion des salariés et les restructurations. Quant aux grands groupes, ceux-ci ont des besoins plus pointus et nécessitent une grande réactivité au regard du nombre souvent important d’intervenants.

L’intérêt des grands groupes pour la start-up influence-t-il votre manière de travailler ?

Nous avons un rôle de pédagogie à jouer sur les instruments mis en place qui peuvent être parfois compliqués et sur leurs conséquences économiques ou sur la gouvernance pour les sociétés. Maintenant, même sur de petites levées de fonds, on voit des business angels appliquer des mécanismes de préférences et de gouvernance assez favorables aux investisseurs. Notre rôle est de protéger les jeunes sociétés lors de la négociation de ces opérations.

Quelles sont vos prévisions pour 2023 ?

Tout le monde annonce une réduction des fusions-acquisitions pour cette année. Si 2022 a été un bon cru pour nous, je pense que c’est parce que les secteurs sur lesquels nous avons travaillé n’ont pas été tellement impactés par la crise, contrairement au retail, par exemple. Pour les entreprises qui affichent une solidité financière importante, le contexte économique pourrait être porteur d’opportunités. Pour les plus petites sociétés qui voudraient lever des fonds alors qu’elles ne sont pas rentables ou ne réalisent pas de chiffre d’affaires significatif, les opérations pourraient s’avérer plus complexes. En tout cas, nos domaines de prédilection couplés à notre diversification font que, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas d’inquiétudes pour 2023.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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