En un an le nombre de super riches au sein de l’empire du Milieu a reculé de 11 % et leur fortune cumulée a fondu de 18 %. Des baisses records qui reflètent l’état de santé de la deuxième économie mondiale.

La fin de la récré semble avoir sonné. La Chine, qui mise sur une stratégie zéro Covid, voit son économie ralentir. Sa croissance, que le Fonds monétaire international (FMI) évalue à 3,2 % en 2022, est la plus faible en quarante ans. Cette baisse affecte un certain nombre d’autres indicateurs reflétant l’état de santé du pays. Parmi eux, le nombre de milliardaires qui est en chute de 11 % sur un an.

Un plus bas depuis 24 ans

La Chine ne compte plus que 1 305 personnes possédant au moins 5 milliards de yuans (690 millions de dollars), selon les chiffres publiés mardi 8 novembre par le cabinet chinois Hurun. Et la fortune cumulée de ces ultra-riches est également en baisse puisqu’elle ne représente plus "que" 3 500 milliards de dollars (-18%). Soit un plus bas depuis vingt-quatre ans, tant en montant global qu’en nombre de milliardaires.

Cette situation "s’explique en partie par le ralentissement de l’économie mondiale, conséquence du conflit russo-ukrainien, de la forte baisse des prix des technologies et de la lenteur générale de la reprise économique post-Covid", analyse Rupert Hoogewerf, président du rapport Hurun. Les tours de vis réglementaires qui ont touché des géants technologiques comme Alibaba et Tencent - afin de garantir le contrôle des affaires fût-ce au détriment de l’économie - ou encore la stratégie zéro Covid de Xi Jinping pourraient également avoir pesé dans la balance.

Crise de l’immobilier

La crise de l’immobilier que traverse la Chine depuis 2020 a également affecté les plus grandes fortunes. Xu Jiayin, le président du géant Evergrande, plombé par 300 milliards de dollars de dette, a quitté le classement des 100 personnes les plus riches. Il occupe désormais la 172e place. La fondatrice du conglomérat Country Garden, Yang Huiyan, a de son côté essuyé le plus gros revers en 2022 quand sa fortune personnelle a fondu de 15,7 milliards de dollars. La tourmente traversée par la pierre est une véritable épine dans le pied chinois car le secteur représente entre 25 % et 30 % du PIB et concerne environ 20 % des emplois. La situation ne manque pas de faire réagir Pékin qui tente de stimuler ce pan de l’économie notamment à travers des baisses de taux d’intérêt.

La Chine ne compte plus que 1 305 personnes possédant au moins 690 millions de dollars

Dans le classement des plus fortes pertes, la femme d’affaires Yang Huiyan est suivie par le fondateur de Tencent, Pony Ma (-14,6 milliards de dollars). Son groupe pâtit notamment de la réglementation sur les annonceurs et de celle sur la protection des mineurs qui grèvent respectivement ses revenus publicitaires et les dépenses sur ses jeux. Pony Ma se trouve désormais à la cinquième place du classement de Hurun. Le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, est quant à lui, passé du cinquième au neuvième rang, après avoir perdu 29 % de sa fortune. Pour mémoire, l’homme d’affaires avait disparu trois mois en 2020 à la suite d’un discours critique à l’égard du système financier chinois.

Le numéro un reste numéro un

Si 2022 n’a pas été un bon cru pour tout le monde, certains entrepreneurs s’en sortent mieux que d’autres. C’est le cas de Zhong Shanshan, patron du géant de l’eau en bouteille Nongfu Spring et de la société pharmaceutique et développeuse de vaccins Wantai BioPharm, qui reste en pole position. Le milliardaire a vu son trésor de guerre croître de 17 % pour atteindre 65 milliards de dollars.

La deuxième place du palmarès est occupée par le fondateur de Bytedance (maison-mère de TikTok), Zhang Yiming, bien qu’il ait vu sa fortune perdre 28 % pour tomber à 35 milliards de dollars, notamment à cause de la baisse de valorisation de sa société. La troisième place est attribuée à Zeng Yuqun, président des batteries CATL, là encore malgré une baisse de 28 % de son capital. En tout, 1 187 milliardaires classés ont vu leur fortune s’amenuiser ou stagner cette année. Un nouveau signal sur l’état de l’économie que le gouvernement devrait prendre au sérieux.

Olivia Vignaud

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