Elle n’est pas la plus trendy, la plus fashion ou la plus instagramable. Mais qu’est-ce qu’elle est bonne. Ce mois-ci, cap vers l’Europe de l’Est, une terre gastronomique méconnue qui mérite d’être découverte.

La boutique jaune de Sacha Finkelsztajn

La diaspora Ashkénaze de Paris s’est longtemps divisée en deux clans : les fidèles de Goldenberg et ceux de Finkelsztajn. Le premier Delicatessen ayant fermé ses portes il y a des années, la cuisine juive d’Europe de l’Est survit uniquement au 27 rue des Rosiers. Si le lieu ne propose que de la vente à emporter, il reste fidèle à la tradition. Côté salé, place aux incontournables cornichons géants prisés par Romain Gary, aux pirojkis (petits pâtés feuilletés à la viande ou aux épinards), aux harengs fumés, au tarama maison, au saucisson de Cracovie… Les plus curieux pourront tester le Gefilte fish, source de sarcasme car peu appétissant visuellement.

Pour s’adapter aux plus pressés, le lieu propose son plat signature : le sandwich Yiddish (bagel tartiné de caviar d’aubergine, généreusement garni de crudités et de pastrami). Il vaut le déplacement à lui seul. En dessert, place au Sernik (gâteau de fromage blanc), au Strudel ou au gâteau aux noix. Et n’oubliez pas de repartir avec la Hallah, la fameuse brioche tressée. Parmi les clients, nostalgiques du Yiddishland, gourmands et touristes de passage dans le Marais se côtoient joyeusement.

La boutique jaune de Sacha Finkelsztajn. 27 rue des Rosiers, Paris 4e

Les mercredi et jeudi de 10 h à 18 h, les vendredi et samedi de 10 h à 19 h et le dimanche de 10h30 à 19 h.

Tamada

En URSS, lorsqu’elles voulaient satisfaire leurs papilles, les élites jetaient leur dévolu sur la cuisine géorgienne. Goûtez-la et vous comprendrez pourquoi. Les curieux peuvent se rendre les yeux fermés à Tamada, près du jardin du Luxembourg. La salle est petite, ne paie pas de mine, les tables sont remplies de convives et la langue de Pouchkine résonne souvent dans les oreilles. Pour les entrées, tentez les aubergines fourrées aux noix ou le Lobio, des haricots rouges épicés qui font l’unanimité chez les novices. Si les viandes et légumes grillés ou les feuilles de vigne farcies valent le détour, ne manquez pas LA spécialité géorgienne: le Hachapuri, des galettes de pain garnies de fromage chaud.

Pour arroser le tout, ce pays du Caucase offre des vins rouges sucrés et forts en bouche tels que le Saperavi, le Kindzmarauli, un Gemieri ou encore un Mukuzani. Attention, beaucoup d’amateurs de cuisine géorgienne ont essayé "pour voir" et sont devenus accros…

Tamada 143 boulevard Saint Michel, Paris 5e

Tous les jours de 12 h à 15 h et de 19 h à 23 h.

Le Stube

L’enseigne détonne un peu dans un quartier qui fait la part belle à la cuisine asiatique. Pourtant, de nombreux habitués ou passants se pressent dans ce « Stube », terme allemand désignant un petit restaurant convivial. Ici règne Gerhard Weber, pâtissier de talent qui fait honneur aux desserts germaniques. Il n’y a pas de débat, c’est de ses fourneaux que sortent les meilleurs Apfelstrudel, Forêt noire, Sachertorte et autres tartes aux fruits rouges de la capitale.

Pour les amateurs de salé, le chef et son équipe proposent une cuisine simple, généreuse composée de produits de qualité délicieusement mélangés : Currywurst, Bratwurst et autres rôtis de porc façon Kassler sont meilleurs que dans leurs terres natales, murmurent les expatriés allemands ou autrichiens. Pour les amateurs de léger, les salades ou les tartes salées comme l’incontournable Koulibiac (sorte de quiche au saumon) sont des immanquables. Précisons que le Stube livre aussi l’espace restauration de l’institut Goethe situé au 17 avenue d’Iéna.

Le Stube 31 rue de Richelieu, Paris 1er

Le lundi de 10 h à 15 h, le mardi de 10 h à 19 h et du mercredi au samedi de 10 h à 22 h.

Le Paprika

Arpenter la rue de Trudaine peut lasser : les bars bobos et gentrifiés prennent de plus en plus de place et le lieu s’uniformise. Pour les amateurs d’originalité, rendez-vous au Paprika, seul restaurant hongrois de la capitale. La magnifique terrasse est parfaite pour les apéros arrosés de vins locaux, tels que le Tokay, ou d’un Fröccs, version originale du Spritz inventée par les troupes austrohongroises stationnées en Italie. Pour picorer, le tarama maison, la charcuterie hongroise ou le fromage de brebis au paprika offrent des alternatives aux sempiternelles planches mixtes et autres tapas. Les gros mangeurs peuvent commander sans hésiter le Pörkölt (ragoût de veau) ou les choux farcis à la transylvanienne. En fermant les yeux, on se téléporte au cœur d’un empire disparu. Sissi, Sigmund Freud, Franz Liszt ou Arthur Kœstler semblent plus proches que jamais. Ou comment le goût transmet l’Histoire.

Tous les jours de 10 h à minuit sauf le dimanche où l’établissement ferme à 18 h.

28 avenue de Trudaine, Paris 18e 

Lucas Jakubowicz

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