La start-up française spécialisée dans la planification financière a levé 88 millions de dollars en mai, portant à 248 millions les fonds réunis depuis sa création en 2019. Présente en Europe et aux États-Unis, la société entend bien se faire une place parmi les dix plus gros logiciels mondiaux.

Les levées de fonds se révèlent plus difficiles qu’auparavant en France. Mais pas pour tout le monde. Pigment semble échapper à la frilosité ambiante et au dégraissage d’effectifs que connaissent actuellement les start-up. L’entreprise qui a développé un outil de planification financière annonce avoir levé 88 millions de dollars, portant à 248 millions le montant réuni depuis sa création en 2019. Un tour de table auquel s’est associé Iconiq, un spécialiste du capital-venture de renom. Si la start-up ne communique pas sur cette donnée, la cofondatrice et co-CEO de la société Éléonore Crespo indique que Pigment affiche une "valorisation en augmentation par rapport au précédent tour de table". Une précision qui n’est pas anodine à l’heure où les entreprises tech hexagonales arrivent pour certaines à lever mais à des valorisations parfois en baisse, les investisseurs se montrant de plus en plus regardants quant aux niveaux de rentabilité.

L’entreprise peut se féliciter de n’avoir pas à courir derrière les fonds. "Nous n’avons toujours pas eu besoin d’utiliser l’argent de notre précédente levée de fonds qui date de l’année dernière, remarque Éléonore Crespo. Nous avons toujours levé en avance de phase pour nous protéger." Mais, approché par des investisseurs de premier plan, Pigment s’est laissé tenter par un nouveau round. "Nous sommes sur un marché très important, notre demande explose. Nous n’arrivons même pas à traiter toute la demande client", explique la dirigeante, qui précise gagner sept appels d’offres sur dix aux États-Unis face à des concurrents américains, mais aussi avoir multiplié le nombre de ses clients par 5 et son revenu annuel récurrent par 7 en 2022.

Précurseurs

Comment la start-up française a-t-elle réussi le tour de force de passer devant certains poids lourds au pays de l’Oncle Sam ? Le succès tient peut-être à ses dirigeants. Éléonore Crespo, une ancienne de chez Google, qui travaillait au sein d’Index Venture, fonds pour qui elle a investi chez Alan, Swile ou encore Spendex, a proposé à Romain Niccoli, cofondateur et ancien CTO de Criteo, de lancer une entreprise. Les comparses font le constat que 99 % des dirigeants prennent des décisions sur des données erronées. En cause, la multiplication des sources de data et des logiciels pour les traiter.

Pigment a noué un partenariat avec OpenAI sur le moteur ChatGPT

Pigment se propose de compiler toutes les informations au même endroit et de les analyser en temps réel. "Avant Pigment, nous étions au stade de la boussole. Maintenant, les dirigeants disposent d’un GPS qui leur propose plusieurs itinéraires, commente Éléonore Crespo. Certains sont plus rapides mais plus coûteux en carburant, d’autres prennent en compte les accidents de la route et proposent des chemins détournés." Ces impératifs et ces incidents : les données RH, commerciales, l’inflation, un marché qui s’écroule...

Leader mondial en devenir

Afin de proposer les meilleurs scénarios le plus rapidement possible, Pigment a noué un partenariat OpenAI sur le moteur ChatGPT. "L’IA va permettre d’accompagner nos clients pour en faire de super utilisateurs de Pigment, leur donner toutes les clefs pour s’en servir le mieux possible et élargir le nombre de personnes qui pourront l’utiliser", complète Éléonore Crespo, par ailleurs première femme dirigeante d’une entreprise du Next40.

Grâce à cette levée de fonds, Pigment va pouvoir continuer à déployer cette nouvelle technologie mais aussi à recruter (50 personnes en 2023) et poursuivre son développement à l’international. La start-up, qui mise sur les gros comptes et les entreprises en forte croissance, a déjà séduit des fleurons du CAC 40 mais aussi de beaux groupes américains dont des sociétés de la Silicon Valley, précurseurs en matière d’achat de solutions de demain. Et pour la suite, Pigment ambitionne de faire partie des dix plus gros logiciels mondiaux et ne ferme pas la porte, un jour, à une IPO. Face aux spécialistes de la planification financière, la concurrence n’a qu’à bien se tenir !

Olivia Vignaud

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