Nul aujourd’hui ne peut l’ignorer, les assurtechs ont envahi le secteur des assurances et sont de plus en plus nombreuses à se lancer. Décryptage de la success story de ces start-up.

Les clés de la réussite

La transformation digitale du secteur de l’assurance a connu une forte accélération ces dernières années. Après une apparition qualifiée de timide, les assurtechs déferlent en nombre et semblent remettre en question les solutions apportées par les grandes institutions traditionnelles. Elles tirent leur force d’ "un écosystème de start-up de plus en plus puissant " et multiple nous explique Tanguy Touffut, fondateur de Descartes Underwriting. Alors qu’on en dénombrait seulement 42 en 2017, elles auraient atteint sur notre territoire national le nombre de 106 l’année suivante et de 224 en janvier 2021, selon une enquête du cabinet Klein Blue Partners réalisée en partenariat avec French Assurtech.

Révolutionner la relation client

Alors que de nombreux arguments peuvent être mis en avant pour expliquer l’augmentation du nombre de start-up de l’assurance, Philippe Mangematin, cofondateur de Seyna, une assurtech devenue compagnie d’assurance-dommages en 2019, estime que cette dynamique est notamment due à " l’émergence des besoins d’assurance qui résulte du développement de nouveaux usages et de l’évolution des modes de consommation ". Le développement de l’économie de partage et la révolution numérique sont, entre autres, les points essentiels qui motivent la majorité des acteurs à surfer sur cette nouvelle vague. Leur simplicité et des coûts défiant toute concurrence sont certainement les autres raisons du succès des assurtechs.

Si le mouvement ne semble pas encore s’essouffler, c’est que ces start-up refaçonnent le monde des assurances en proposant une multitude d’offres innovantes et technologiques qui résolvent, contrairement à celles des assurances traditionnelles, les grands problèmes qui se posent aujourd’hui. C’est le cas par exemple de Descartes Underwriting positionné sur les sujets liés aux risques climatiques ou encore Lovys qui propose une solution tout-en-un à l’image de Netflix pour le cinéma ou Spotify pour la musique. Ainsi, les assurtechs révolutionnent l’expérience client et attirent de plus en plus d’adeptes.

Collaborer pour mieux régner

Opposer systématiquement assurance traditionnelle et assurtechs serait une erreur. Comme le souligne Tanguy Touffut, " il ne faut pas les opposer, il faut réussir à obtenir le meilleur des deux mondes ". Bien qu’elles soient différentes, ces deux formes de structures sont souvent complémentaires et ont chacune des avantages. Alors que les grands groupes parfaitement établis sur le marché affichent une image de marque dotée d’une capacité d’investissement importante, les start-up sont quant à elles capables d’agilité dans leur utilisation des technologies notamment celles relatives aux données, de mettre en œuvre des processus simplifiés. Bien que d’autres secteurs aient vu d’un mauvais œil l’arrivée de ces entreprises novatrices, le monde des assurances, lui, s’est montré ouvert à cette nouvelle forme de concurrence qui constitue, dans certains cas, un partenaire. En effet, " la majorité des assurtechs s’organisent en plateformes de courtage. Cela leur permet de développer une relation partenariale avec les compagnies d’assurance car tout courtier a besoin d’un assureur pour offrir ses prestations ", précise Philippe Mangematin. Dans leur étude Insurtech et innovation dans l’assurance, le cabinet Klein Blue Partners et l’accélérateur French Assurtech confirment cette tendance : 110 start-up sur les 224 recensées proposent leurs services aux assureurs et aux courtiers. Si certaines assurances ont tenté de lancer des produits concurrençant ceux des start-up, la plupart ont fait le choix de la collaboration. Entre sagesse et stratégie, les acteurs traditionnels financent et tirent parti des avantages " des jeunes pousses " afin de combler rapidement leurs propres lacunes et participent directement au succès de plus en plus grandissant des assurtechs.

Un écosystème globalement dynamique

Malgré un contexte économique défavorable marqué par la pandémie du Covid-19, le marché mondial des assurtechs n’a cessé de se développer en 2020. Dans leur rapport Quarterly Insurtech Briefing du premier trimestre 2021, les courtiers Willis Towers Watson et Willis Re révèlent que les levées de fonds ont atteint un montant record de 2,552 milliards de dollars (2,115 milliards d’euros), soit 180 % de plus qu’au premier trimestre 2020. Si les États-Unis dominent ce marché, la France n’est pas en reste puisqu’elle figure dans le top 10 des pays ayant enregistré les plus importantes levées de fonds avec notamment celle d’Alan (220 millions, soit 185 millions d'euros) en deuxième position de ce classement. Cependant, cette performance de l’assureur santé est loin de représenter la tendance au niveau local puisqu’en ce début 2021, la France ne compte que pour 3,6 % du financement total, avec 8 transactions réalisées sur les 146 enregistrées au niveau mondial. Toutefois, il faut le reconnaître, la french assurtech a le mérite d’avoir réussi à faire preuve de résilience face à la crise sanitaire mais également dans un environnement fortement concurrentiel dominé par les assureurs traditionnels. Le secteur a créé plus de start-up qu’il n’en a détruit entre janvier 2020 et janvier 2021 : 46 contre 25 selon l’étude " Insurtech et innovation dans l’assurance ".

Yannick Tayoro 

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