Fiscaliste issu d’une lignée d’illustres juristes d’État et rescapé de la tempête Andersen, Frédéric Donnedieu de Vabres sait se démarquer. Tel le phénix qui renaît de ses cendres, il a fondé Arsene Taxand il y a dix-neuf ans et fait vivre ses rêves. Portrait.

“Je suis le résultat d’une forme de compromis.” L’avocat fiscaliste fondateur d’Arsene Taxand raconte s’être construit “dans le sillage et la fois un peu en marge de son héritage familial”. Fils du directeur de cabinet de Georges Pompidou et petit-fils d’un des quatre juges du procès de Nuremberg, également grand professeur de droit pénal, Frédéric Donnedieu de Vabres peut affirmer être né dans une “famille de juristes ayant un sens élevé de l’État”. Le droit fiscal concilie pour lui “le respect de la tradition familiale avec [son] intérêt pour le business, plus ancré dans la vie courante”. Ses études prennent un peu plus de temps que prévu car l’étudiant s’intéresse à “beaucoup de choses à côté”. Il se souvient avoir déserté une salle d’examen, au prix d’une année, pour assister à une corrida. Un emballement qui remonte à ses onze ans, à son enfance bercée par la culture méridionale du village cévenol d’où sa famille est originaire. Plus tard, il toréera et lancera même à Nîmes son propre élevage de toros. Il avoue être “allé loin” avec cette passion mais quoi de plus surprenant de la part d’un homme qui n’a de quête que “d’accomplir” ?

Spectacle vivant

Frédéric Donnedieu de Vabres marche pour évacuer le stress : “Deux ou trois fois le tour du bâtiment“ avant un rendez-vous important. Stress qui s’infiltre aisément dans le quotidien lambda de l’avocat fiscaliste, davantage dans celui de l’homme qui affronta, au début des années deux mille, la tempête du scandale Enron et du démantèlement d’Andersen, cabinet dans lequel il était associé. Un épisode de sa vie professionnelle qu’il a vécu comme un “traumatisme”. Mais “finalement, rien ne peut faire plus de mal qu'un toro”, alors face au “pire de ce qui peut arriver à un avocat”, Frédéric Donnedieu de Vabres décide de “créer à partir de la destruction“. Une idée surgit dans son esprit alors qu'il se ressource en compagnie de son épouse dans l'archipel maltais : celle d’un réseau d’avocats exclusivement spécialisés en fiscalité. Quelques coups de fils à des anciens d’Andersen depuis son bateau et en 2004, Arsene Taxand voit le jour. Frédéric Donnedieu de Vabres a “l’intuition du succès”.

“Les humains ont besoin de célébrations collectives pour transcender leurs inquiétudes.”

Avec raison : le cabinet compte aujourd’hui plus d’une centaine de collaborateurs et un réseau mondial. L’avocat a rebondi. Une réalisation qui rend très fier celui qui est animé par le désir de “fédérer les gens autour d’un projet”. Grand amateur de spectacle vivant, de défilés, de danse, “de la beauté éphémère créée par l’humain” et de Cyrano de Bergerac, il aurait aimé “manager des événements artistiques” s’il n’avait pas fait de droit ou à l’occasion d’une reconversion. “Les humains ont besoin de célébrations collectives pour transcender leurs inquiétudes.” Frédéric Donnedieu de Vabres aime ces moments où “la foule ne fait qu’un autour d’une émotion collective”. À l’opposé, il s’intéresse à des aspects plus noirs de l’humanité, sans doute par “atavisme”. Il confesse qu’il aurait pu se tourner vers la matière pénale en dehors du monde des affaires. 

Batterie

Celui qui ne voulait pas faire du droit de façon “artisanale” a appris en quarante et un ans de carrière la “force du collectif”. Frédéric Donnedieu de Vabres croit énormément en “l’influence du management” et la “culture d’entreprise”. Il chérit l'idée de la continuité de son entreprise après lui. Et comme “l’oxygène vient de la rotation”, il a transmis le management d’Arsene. “Faire perdurer un cabinet suppose de laisser la place aux autres.” Une façon aussi de lâcher progressivement la bride, ou “d’atténuer ses défauts”. L’avocat admet volontiers “ne pas écouter assez” et qu’il peut être “trop directif”. “Il faut lutter contre sa réaction primaire de dire moi-je-sais.” Et puis déléguer offre du temps. Frédéric Donnedieu de Vabres le consacre à des causes qui lui tiennent à cœur : l’Institut Curie et sa lutte contre le cancer, la fondation de France, la fondation Arsene qui soutient des projets d’intérêt général pour l’enfance et la jeunesse en difficulté.

Il en consacre aussi à sa famille, que son épouse et lui ont rêvée grande. Pari gagné : quatre enfants et huit petit-enfants. Ses enfants sont aussi pour lui le reflet du changement : “Ils réagissent à leur environnement, ils sont plus flexibles que notre génération plus traditionnelle, qui pensait avant tout à travailler pour faire vivre sa famille.” L’avocat se réjouit de pouvoir désormais voir régulièrement ses petits-enfants, et les emmener à des spectacles d’art vivant. Et avec ses enfants, il a formé un groupe de rock – encore au “stade de l’expérimentation”. Lui qui a toujours aimé le rythme prend des cours de batterie pour ce projet familial.

 Anne-Laure Blouin

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