La filiale espagnole du groupe français et l’opérateur MásMóvil se préparent à une fusion entre égaux pour accentuer leur emprise outre-Pyrénées. Ne reste qu’un "détail" à régler : convaincre l’Union européenne.

Les états-majors d’Orange et de MásMóvil ont pu partir en vacances l’esprit serein. Après cinq mois de négociations, ils sont parvenus à un accord de fusion le 23 juillet.

Fusion

La valeur de la nouvelle structure s’élève à 18,6 milliards d’euros dont 7,8 pour Orange Espagne et 10,9 pour MásMóvil. Le deal entre les partenaires comprend le droit pour chacune des deux parties de déclencher une introduction en Bourse. Selon les observateurs du secteur, les parties prenantes y trouvent leur compte. Créé en 2006 par le Norvégien Christian Nyborg et l’Hispano-autrichien Meinrad Spenger, toujours aux commandes, le groupe espagnol avait besoin de s’adosser à un plus gros pour investir et franchir un cap. Il avait d’abord misé sur une stratégie de croissance externe en acquérant l’opérateur basque Euskaltel l’an dernier. Orange espère regagner en dynamisme en Espagne où ses revenus se sont repliés de 7,4 % au premier semestre 2021 et de 2,1 % au second.

Naissance d’un géant

Immédiatement après l’annonce de fin de négociation, Orange s’est félicité de cette "coentreprise entre deux acteurs complémentaires" qui "conduira à des gains d’efficacité significatifs qui permettront au nouvel ensemble d’accélérer les investissements dans la fibre optique et la 5G". Sur le papier, ce deal permettra également à la nouvelle entité de réaliser 450 millions d’euros de synergies chaque année et de devenir leader sur le marché espagnol.

L’Espagne est le plus gros marché d’Orange derrière l’Hexagone. Les négociations étaient donc de première importance pour la nouvelle patronne du groupe Chrystel Heydemann. Selon des estimations du cabinet GSMA Intelligence, le groupe français compte 16,6 millions d’abonnés et devance l’historique Telefonica qui en revendique 15,8. Vodafone occupe la troisième marche du podium avec 13,6 millions devant MásMóvil.

Un trust ?

En apparence, tout semble bien ficelé, qu’il s’agisse du financement, de la gouvernance ou de la stratégie économique. Reste toutefois une dernière étape à franchir : convaincre les autorités antitrust de l’Union européenne de valider l’opération. La réponse devrait arriver d’ici au second semestre 2023 et devra être scrutée de près. L’opération ferait passer le marché espagnol de quatre à trois opérateurs, une configuration traditionnellement peu appréciée par le régulateur européen puisque cela pourrait siffler en partie la fin de la guerre des prix, favorable aux consommateurs. En cas d’avis négatif, les deux entreprises peuvent toujours se consoler en regardant ce qui se passe en France. Malgré les craintes, il y a de la place pour quatre. En 2021, SFR, Free, Bouygues et Orange ont tous annoncé une croissance de leur chiffre d’affaires malgré d’importants investissement dans la 5G ou la fibre optique.

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