Un salarié mal dans sa peau est un drame pour l’intéressé, son employeur, ses proches et le pays. Plus qu’une problématique individuelle, la santé mentale des salariés devrait faire l’objet d’une politique publique. Dans une lettre ouverte au premier ministre, la start-up teale propose quelques mesures à mettre en place.

Monsieur le Premier Ministre,

En lien avec la prochaine publication de notre Baromètre de la Santé Mentale des salariés, qui révèle des chiffres alarmants, nous souhaitons entamer un travail de réflexion avec les pouvoirs publics, et aboutir à un plan d'action rapidement, pour lequel nous formulons 5 recommandations dans cette lettre.

En tant qu’équipe fondatrice de teale, la première plateforme de santé mentale à destination des collaborateurs et des entreprises, nous nous permettons de vous adresser cette lettre, conscients de l'urgence et de l'importance cruciale que revêt la question de la santé mentale pour notre société.

L'état actuel de la santé mentale en France est préoccupant. Selon notre Baromètre de la Santé Mentale des salariés, près d’un salarié sur deux estime avoir un niveau de stress ingérable au travail et impute cet état de stress à son environnement professionnel. Ces données sont corroborées par le constat que 39% ne sont pas satisfaits de leur équilibre vie professionnelle et vie personnelle, et 30% ont même envisagé de quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale. Ces chiffres ne sont pas simplement des statistiques, mais le reflet d'une réalité qui touche chaque individu, avec des conséquences à la fois personnelles et économiques.

Les conséquences sont à la fois personnelles et économiques

Nous tenons à saluer l'initiative que vous avez prise, Monsieur le premier ministre, dans la continuité de votre déclaration de politique générale, en mettant en lumière la santé mentale des jeunes. Cependant, il est essentiel de compléter cette démarche en instaurant des outils innovants pour évaluer et protéger leur bien-être psychologique de façon préventive.

Dans cette perspective, nous nous tenons à la disposition de votre gouvernement pour vous soutenir dans cette mission en créant un baromètre scientifique de la santé mentale des jeunes. Un instrument qui a déjà prouvé son efficacité dans le milieu professionnel, et qui pourrait contribuer significativement à l'évaluation et à l'amélioration de la santé mentale des jeunes citoyens.

Il nous paraît également crucial de souligner que la santé mentale n'est pas exclusivement une préoccupation pour les jeunes générations. Les adultes actifs sur le marché du travail sont également fortement touchés, avec des répercussions notables sur leur bien-être personnel, leur productivité, et par extension, sur la performance des entreprises et de l'économie nationale.

Dans cette perspective, nous formulons cinq recommandations :

Chiffrer le coût pour les finances publiques : Conduire une évaluation (par exemple confiée à l’IGAS), de l’impact budgétaire pour les finances publiques des conséquences directes et indirectes de la mauvaise santé mentale en entreprise  arrêts maladie, prises en charge hospitalières, pertes de productivité...).

Lancer un groupe de travail ministériel : Mettre en place un cycle de réunions de travail sous la responsabilité d’un ou plusieurs ministères, réunissant représentants syndicaux, patronat et experts en santé mentale, afin de définir une liste de propositions concrètes remédiant aux conséquences de la dégradation de la santé mentale en entreprise.

Sensibiliser la population : Faire de la santé mentale une priorité nationale avec des campagnes de sensibilisation visant à réduire la stigmatisation et à favoriser la prévention (dans les écoles, les entreprises, les collectivités). Encourager, voire imposer, des actions de formation sur la santé mentale au travail auprès des dirigeants et des employés (identification des signaux faibles, premiers gestes en santé mentale, comment se protéger et protéger les autres etc.).

Faciliter l’accès aux soins psychologiques : Développer des dispositifs pour rendre les soins psychologiques plus accessibles, tant techniquement grâce au numérique, que financièrement via l’extension du remboursement des consultations chez le psychologue par la sécurité sociale.

Inciter les entreprises à plus de prévention : Encourager fiscalement les entreprises à intégrer des programmes de santé mentale pour préserver la santé mentale de leurs collaborateurs. Soutenir et accompagner la mise en place d’un label officiel reconnu par l’Etat certifiant les entreprises qui agissent concrètement sur ce sujet.

En conclusion, Monsieur le premier ministre, nous sommes convaincus que la santé mentale doit faire l’objet d’une prise en charge prioritaire. La mise en œuvre de ces recommandations contribuerait selon nous à améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens et à renforcer la résilience de notre société dans son ensemble. La France peut devenir pionnière en matière de prévention en santé mentale et en faire un levier de performance et de cohésion sociétale.

Nous restons à votre disposition pour participer activement à vos côtés à la concrétisation de ces mesures, à l’occasion d’un entretien que nous pourrions organiser à votre convenance.

Nous vous prions de croire, Monsieur le premier ministre, en l'expression de notre très haute considération.

L’équipe fondatrice de teale

Julia Néel Biz, Geoffroy Verzat, Nicolas Merlaud et Gilles Rasigade

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