Entreprises et salariés : l’amour contrarié

À chacun sa fête. Celle des entreprises a lieu début octobre depuis douze ans. Lancée en 2003 par Sophie de Menthon, fondatrice de l'association « J'aime ma boîte », l’initiative vise à rapprocher patrons et salariés « autour de ce qu'ils partagent pas moins de 253 jours dans l’année ». Selon l’association, 420 000 à 430 000 entreprises auraient joué le jeu cette année, soit trente mille de plus qu’en 2013. « Spontanément, l’occasion de faire une fête dans l’entreprise est recherchée par les collaborateurs parce que la période est économiquement noire », observe Sophie de Menthon.

Détestation des entreprises
Sur les réseaux sociaux, l’opération a cependant été déclinée avec beaucoup d’ironie sous le hashtag #J'aimeMaBoite. Pour la fondatrice de l’association, « cela reflète les contradictions françaises : d’un côté, un enthousiasme et une envie d’entreprendre, même au sein de sa propre boîte, en dépassant les tombereaux de critiques quotidiennes sur le monde de l’entreprise ; d’un autre côté, ricanements, critiques d’un capitalisme financier, d’une crise qui provoque des licenciements ».

Attachement revendiqué
Sophie de Menthon rappelle que « la France des régions, des PME ou des commerçants se reconnaît dans "J’aime ma boîte" ». Ainsi, 70 % des Français apprécient leur entreprise selon le sondage Opinionway réalisé en septembre 2014. L’attachement est plus fort pour les cadres qui sont 80 % à répondre par l’affirmative à la question « aimez-vous votre entreprise », contre 68 % pour les autres catégories socio-professionnelles. Ces derniers sont 60 % à se sentir « chez eux » sur leur lieu de travail, un sentiment partagé par 75 % des cadres. Si pour 17 % des sondés, le patron est le principal responsable de la bonne ambiance au sein de l’entreprise, 80 % des salariés attendent de leur dirigeant qu’il prenne en compte les répercussions de leur travail sur leur vie privée.