Popularité, Jean-Luc Mélenchon touche le fond

Dans une démocratie, la règle est simple : pour accéder au pouvoir, il faut avoir plus de la moitié des voix. Prime au relatif consensus, donc. En prônant le bruit et la fureur, en enchaînant les propos polémiques depuis l’attaque du Hamas, Jean-Luc Mélenchon voit son image se détériorer y compris chez les siens.

La chute

Le baromètre Ipsos pose chaque mois la même question : "Quel jugement portez-vous sur l’action des personnalités politiques suivantes ?" Dans le baromètre de novembre publié le mercredi 15, le leader de la France insoumise devient officiellement le dirigeant politique le moins populaire de l’Hexagone : 73 % d’opinions défavorables, 17 % d’opinions favorables. Seules 10 % des personnes interrogées ne se prononcent pas, signe d’un positionnement clivant. Sur un mois, l’architecte de la Nupes perd 5 points, soit la plus forte baisse du baromètre.

Le triple candidat à la présidentielle est dans la même situation qu’Éric Zemmour (72 % d’opinions défavorables, 19 % de favorables, 9 NSP). Les deux hommes plaisent à un socle loin d’être négligeable mais sont minoritaires dans leur propre camp. C’est bien là le cœur du problème pour Jean-Luc Mélenchon. Même à gauche, sa posture est rejetée.

Seuls 24% des électeurs de gauche ont une opinion favorable de lui

Boudé par la gauche

Certes, parmi les sympathisants LFI il recueille 70 % d’opinions favorables et devance largement François Ruffin (son rival officieux qui est à 48 %). Il est néanmoins en repli de 8 points. Chez les électeurs des autres partis de gauche, la situation est encore plus alarmante.

Seuls 21 % des sympathisants PS ont une bonne image de lui (- 9 points), un score plus faible que Gérald Darmanin ! Ses diatribes contre "la vieille gauche" y sont sûrement pour beaucoup. C’est chez les sympathisants écologistes que le dévissage est le plus fort. Il perd 21 points en un mois pour 19 % d’opinions favorables. Au total parmi les électeurs de gauche son taux d’opinions favorables est de 24 % seulement.

Jean-Luc Mélenchon paie probablement des prises de position minoritaires chez les Français : défense de l’abaya, refus de qualifier le Hamas de groupe terroriste, refus de participer à la marche républicaine de dimanche dernier… Les députés LFI qui épousent les pensées de leur chef en les traduisant de façon outrancière sur le fond comme sur la forme ne lui rendent pas service.

De quoi encourager encore plus les partis membres de la Nupes à s’éloigner d’une personnalité qui risque d’handicaper toute la gauche. Mais aussi de quoi donner du carburant à ceux qui, en interne, rêvent de "tuer le père" pour reprendre l’expression du principal concerné.

Lucas Jakubowicz