Les actes antisémites atteignent un niveau inédit en France : 1040 en moins d’un mois, soit 37 par jour en moyenne. Si personne ne se lève maintenant, la gangrène s’étendra. L’Histoire le prouve, les Juifs sont toujours les premiers d’une liste de personnes à persécuter, faire taire ou supprimer.

Le chiffre fait froid dans le dos. Selon les données dévoilées par Gérald Darmanin le 5 novembre, 1040 actes antisémites ont été commis en France depuis le 7 octobre. 37 par jour, 1,5 chaque heure. Deux fois plus en moins d’un mois que sur toute l’année 2022. Sans compter ceux qui n’ont pas fait l’objet d’une plainte.

Qu’on le veuille ou non, le conflit entre Israël et le Hamas s’importe en France. Le fait d’avoir un patronyme d’origine juive a des conséquences sur le quotidien, que l’on soit pratiquant ou non, que l’on ait un lien avec l’État hébreu ou non, que l’on soutienne la politique du gouvernement Netanyahou ou non. Les premières victimes semblent malheureusement les plus jeunes. Les collèges, lycées et universités de l’Hexagone deviennent des lieux où la haine des Juifs se cristallise. Ce qui laisse présager d’un avenir sombre.

Le tout dans le silence quasi-total des militants antiracistes ou des personnes aimant se revendiquer humanistes. Après tout, "ils" inventent un peu. "Ils" exagèrent. "Ils" sont paranos. "Ils" l’ont peut-être même un peu cherché. "Ça" va se tasser. Cette attitude peut s’expliquer par du déni, de la naïveté, de l’idéologie ou un calcul électoral.

Malgré des articles de presse cherchant à interpeller l’opinion, la grande majorité de la population ne se sent pas concernée. Fermer les yeux, regarder ailleurs, botter en touche est facile, confortable et somme toute humain. Conséquence, les personnes appartenant, parfois malgré elles, à la communauté juive, se sentent abandonnées.

Les personnes appartenant à la communauté juive se sentent abandonnées

Un petit tour sur les réseaux sociaux permet de se rendre compte d’une chose : lorsqu’un internaute doté du "mauvais patronyme" cherche à alerter sur la hausse de l’antisémitisme (parfois sous couvert d’antisionisme), les "likes" qu’il recueille proviennent de semblables concernés par ces actes de haine.

Cet édito est donc l’occasion de passer un message. Les menaces et les agressions antisémites ne concernent pas "que les Juifs". L’Histoire le prouve : ils sont souvent les premiers d’une liste de gens à persécuter, faire taire ou supprimer. Qui seront les prochains visés ? Les LGBT ? Les chrétiens ? Les musulmans ? Les athées ? Les bourgeois ? Les plus pauvres ?

Impossible de le savoir. Seule certitude, si personne ne se lève maintenant, la gangrène s’étendra. Il est encore temps de faire bloc. Envoyer des petits messages de soutien ou prendre des nouvelles de personnes en première ligne face à la haine, peut paraître anecdotique, mais c’est beaucoup. D’une certaine manière, cela aide à faire rempart contre l’antisémitisme et à protéger la démocratie.

Lucas Jakubowicz

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