Pour aider les boulangers à faire face à la hausse du prix des matières premières, le gouvernement a déployé un numéro vert. Probablement celui de trop…

C’est un album bien connu des amateurs d’Astérix. En 1976, Goscinny et Uderzo publient le cultissime Obélix et Compagnie pour tourner en dérision la bureaucratie française. Dès les premières pages, des technocrates ressemblant fort à des énarques proposent à Jules César la solution suivante pour éradiquer le petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur : créer une "commission pour étudier le problème" et des "sous-commissions avec des tâches bien précises". De quoi faire croire que l’on agit alors que rien ne change fondamentalement…

Aujourd’hui, les énarques sont toujours là, la bureaucratie est plus puissante que jamais mais les outils se diversifient. Après les commissions est venu le temps des "Grenelle". Celui de l'environnement, de l'éducation, de la mer, de la justice, de la santé... En cette seconde décennie du XXIè siècle la mode semble la suivante :  à chaque problématique son numéro vert.

Un petit tour sur les sites du gouvernement permet de bien comprendre l’ampleur du phénomène. Il existe une cinquantaine de numéros commençant par 0 800 ou 0 805. Punaises de lit, chevaux blessés, addiction au jeu, dopage, erreur sur la fiche de paie des militaires, illettrisme, harcèlement scolaire... Seul hic, les citoyens se retrouvent confrontés à des téléconseillers qui font de leur mieux mais récitent bien souvent des phrases prédéfinies. Moins utile que des services publics performants, reconnaissons-le.

Mais les choses pourraient changer sous peu. Face à la hausse du prix de l’énergie qui touche les boulangers, le gouvernement a choisi de déployer… un numéro vert qui risque bien d’être celui de trop. Car, manque de chance, Emmanuel Macron en personne l’a testé. Verdict du grand architecte de consultations téléphoniques le 5 janvier ? "Ca ne marche pas", "ras le bol des numéros verts dans tous les sens". Selon lui, il serait plus judicieux d’agir au niveau des préfectures, ce qui relève de la simple logique. Il est probable que l’hôte de l’Élysée ne soit pas le seul Français à être mécontent. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a lui même reconnu qu'il s'agissait d'un "réflexe qu'il faut perdre". Face à cette situation, pourquoi ne pas créer un numéro vert consacré à l’écoute des citoyens qui commencent à en avoir marre des numéros verts ? Gageons qu’un haut fonctionnaire a déjà tout préparé. Hâte de le tester !

Lucas Jakubowicz

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