Si le parti de droite conservera très probablement son autonomie et son groupe parlementaire au Palais-Bourbon, il risque de continuer à s’affaiblir. Certains élus lorgnent vers Emmanuel Macron, mais pas vers l’union nationale rêvée par Éric Zemmour.

"Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console". Cette citation attribuée à Talleyrand pourrait parfaitement s’adapter à LR en cette période de préparation des législatives. Certes, à l’inverse du PS, le parti de droite ne risque pas de perdre son groupe parlementaire, peut mener campagne sans négocier avec un mouvement plus extrémiste. Mais comme le parti fondé par François Mitterrand, ses frais de campagne ne sont pas remboursés et le risque de voir des éléments prometteurs rallier Emmanuel Macron reste élevé.

Le dilemme des sortants LR

En examinant la carte électorale, l’état-major LR doit avoir des sueurs froides. Lors des élections européennes de 2019, et plus encore au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron a nettement devancé les candidats de droite dans les circonscriptions longtemps perçues comme des bastions imprenables. Ainsi, dans les Hauts-de-Seine, Emmanuel Macron a obtenu 37,1 % des suffrages contre 8 % pour Valérie Pécresse. Le rapport de force est similaire dans les Yvelines (33,5 % contre 8,4 %), en Vendée (35,6 % contre 5,4 %) ou encore en Haute-Savoie (30,5 % contre 5,2 %). Désormais, pour être élu dans ces départements, l’étiquette LR semble devenue un handicap. Que choisiront les candidats ? Opteront-ils pour la majorité présidentielle ?

Le macronisme s'implante dans certaines circonscriptions de droite où l'étiquette LR peut s'avérer un handicap

Opération séduction de la Macronie

Seule certitude, dans le camp du président réélu, tout un dispositif se met en place pour accueillir des responsables de droite. Nicolas Sarkozy, qui jouit encore d’une forte aura dans sa famille politique, semble avoir choisi son camp. Avec Horizons, Édouard Philippe propose un "sas de décompression" spécialement conçu pour héberger des transfuges, lesquels ont observé le poids des anciens de l’UMP dans l’appareil d’État. En termes de carrière ou d’influence, des personnalités comme Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu n’ont sûrement pas regretté d’avoir franchi le Rubicon. Et dès le résultat du second tour dévoilé, certaines personnalités LR n’ont pas hésité à envoyer des signaux au président de la République. C’est notamment le cas du député de l’Yonne Guillaume Larrivé, du président du groupe parlementaire LR à l'Assemblé nationale Damien Abad ou encore des élus locaux sarkozystes Julien Weil et Franck Louvrier, respectivement maires de Saint-Mandé et de La Baule, communes de droite devenues macronistes…

Quel futur pour LR ?

Heureusement pour LR, il semble que, pour le moment, aucun élu de poids n’adhère au projet d’union des droites que cherche à mettre en place un Éric Zemmour affaibli par son score de 7 %. Les défections s’effectuent donc d’un seul côté de l’échiquier. Malgré tout, le parti risque très probablement de perdre encore des députés. Une hémorragie qui dure depuis longtemps puisque la droite disposait de 345 sièges en 2007, 229 en 2012 et 101 en 2017. Les projections de Harris Interactive lui accordent pour le moment entre 65 et 85 strapontins. Assez pour conserver une place de choix sur la scène politique. Mais le parti gaulliste semble peu à peu cesser d’être une écurie présidentielle pour muter. Les plus pessimistes parleront de simple force d’appoint. Les optimistes évoqueront pour leur part un parti girondin incontournable et ancré dans les territoires.

Lucas Jakubowicz

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