La candidature de la présidente de la région Ile-de-France n’est pas la meilleure nouvelle pour le président de la République. Pour autant, ce dernier garde de solides atouts dans la main.

Alea jacta est. Les dés sont jetés. Le président de la République, candidat très probable à sa réélection, connaît désormais l’identité de son adversaire de droite pour la prochaine présidentielle. La Macronie attendait et espérait Xavier Bertrand ou Michel Barnier, elle se retrouve confrontée à Valérie Pécresse qui s’est imposée au face à Éric Ciotti (61%). Un scénario qui n’est pas celui que les stratèges de l’hôte de l’Élysée espéraient.

La pire des rivales

Certes, selon les sondages, la présidente de la région Ile-de-France n’est pas mieux placée que Xavier Bertrand. Mais son profil pourrait potentiellement séduire l’électorat de centre-droit. Même si elle a parfois été contrainte de faire du "gros rouge qui tache" sur les questions de sécurité et d’immigration afin de séduire des militants plus véhéments que l’électorat, elle n’a pas renié les valeurs qu’elle porte depuis des années. À l’inverse d’un Michel Barnier qui s’est tiré une balle dans le pied en tenant des propos anti-européens.

Valérie Pécresse fait donc route vers le premier tour avec l’image d’une chiraquienne au profil plutôt centriste, mondialisé, pro-UE. De quoi faire douter, voire séduire un électorat modéré plutôt macroniste. En bref, comme le résume le Times, "elle est un cauchemar" qui  "s’adresse au même électorat urbain de centre-droit". Pour pousser ses pions, la néo-candidate n’a pas hésité à mettre en avant son côté réformiste. Le président a fait beaucoup ? «"J’ai tenu neuf mois face à la rue pour réussir l’autonomie des universités. J’ai assumé la réforme la plus périlleuse de la présidence Sarkozy que personne ne voulait faire à ma place", rétorque-t-elle.

Un autre point devrait la servir : elle bénéficie de l’adhésion de toute sa famille politique. Son rival Éric Ciotti lui a apporté son soutien en la félicitant "avec sincérité et amitié, mais aussi affection. Sa campagne a été digne, puissante et audacieuse. Des qualités indispensables pour nous mener à la victoire". Même François Fillon s’est réjoui de sa désignation. Malgré tout, un homme reste pour le moment publiquement muet : Nicolas Sarkozy. L’unanimité de son camp est vitale, notamment à droite où le culte du "chef" est une condition préalable à une campagne dynamique.

Une candidate qui arrive trop tard ?

Si Valérie Pécresse semble, sur le papier, bardée de qualités, un défaut pourrait la faire trébucher. La droite se plaît à caricaturer Emmanuel Macron comme un social-démocrate mou sur les questions sécuritaires ? Ce dernier peut se reposer sur un bilan plus que correct. En moins d’un quinquennat, il a mené (sans conflit social majeur) des réformes que la droite promettait depuis longtemps : suppression de l’ISF, baisse des cotisations patronales, réforme de la SNCF… Ajoutons à cela la hausse du budget de l’Intérieur ou de l’Armée (que la droite avait diminué), la réforme de la formation professionnelle ou la préemption de la valeur travail qui avait fait les beaux jours de Nicolas Sarkozy. D’une certaine manière, malgré toute sa bonne volonté, la candidate pourrait arriver trop tard. Et toute propositionsen la matière pourrait être vue comme une volonté de plagier l’existant. Or, les Français privilégient l’original à la copie.

Lucas Jakubowicz

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