La députée LREM de l’Hérault, Vice présidente du groupe majoritaire, estime que l’exécutif avait besoin d’un nouveau souffle après des mois marqués par une crise sanitaire et des mouvements sociaux. Elle souligne toutefois le maintien du cap politique fixé depuis 2017.

Décideurs. Ce remaniement était-il nécessaire à vos yeux ?

Coralie Dubost. Il y avait peut-être besoin d’une nouvelle incarnation, d’une nouvelle énergie. Ces derniers mois, le gouvernement n’a pas démérité, loin de là. Il a géré avec succès des évènements historiques tels que les gilets jaunes ou la crise sanitaire. Dans le même temps, il est parvenu à concrétiser l’immense majorité des promesses de campagne d’Emmanuel Macron ; ce qui peut essouffler et fatiguer. La nouvelle équipe pourra permettre de redonner une nouvelle impulsion à notre action. Mais il s’agit d’un changement dans la continuité puisque deux tiers des ministres restent en poste.

Certains détracteurs estiment que le gouvernement penche trop à droite…

J’avoue que je me suis posé la question lorsque j’ai vu qu’un premier ministre issu de la droite et de l’ENA était remplacé par un autre premier ministre au profil similaire. Mais ne nous fions pas aux apparences, les ministres issus de la gauche restent bien représentés au sein du gouvernement, y compris à des postes régaliens avec Florence Parly aux Armées ou encore Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères. Les politiques menées depuis 2017 ne montrent pas un tropisme qui penche trop à droite. Si je devais donner une étiquette au nouveau gouvernement, je dirais qu’il est plutôt gaulliste social et qu’il mène une politique centriste.

Par rapport aux précédents remaniements, moins de nouveaux venus sont issus du PS, d’EELV et dans une moindre mesure de LR. Comment l’analyser ?

Notre groupe parlementaire engrange peu à peu de l’expérience et constitue un vivier dans lequel le président de la République et le gouvernement peuvent puiser. Au sein du gouvernement lui-même, les ministres et secrétaires d’État développent des compétences qui permettent d’être promus. Le problème de ressources humaines connu en début de mandat n’est plus d’actualité.

"La loyauté est une vertu, il n'y a pas eu de prime à la trahison"

Que pensez-vous de cette nouvelle composition du gouvernement ?

Le terme qui la caractérise serait à mon sens l’audace. Elle se matérialise par le fait d’attirer un avocat de grand talent comme Éric Dupond Moretti. Au sein du groupe, nous ne nous y attendions pas, le nom qui circulait le plus était celui du procureur François Molins. Je salue également la nomination de Barbara Pompili au ministère de la Transition écologique et l’arrivée d’Elisabeth Moreno qui est une consécration pour un profil qui a fait ses preuves dans le monde de l’entreprise.

Je retiens aussi le fait qu’aucun député ayant quitté le groupe majoritaire pour rejoindre les nouveaux groupes parlementaires Agir ou Ecologie Démocratie et Solidarité n’ont obtenu un poste. Ce qui prouve que la loyauté reste une vertu et qu’il n’y a pas eu de prime à la trahison.

Qu’attendez-vous de cette nouvelle équipe gouvernementale ?

Qu’elle continue à tenir nos promesses de campagne. Sur la forme j’espère plus de concertation avec les territoires, les corps intermédiaires. Contrairement à certaine idées reçues, l’exécutif est toujours à l’écoute, mais nous avons mené nos réformes à un rythme effréné, ce qui peut parfois laisser l’impression d’un manque de dialogue.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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