Malgré certaines pertes, le PS a conservé la plupart de ses bastions et a même gagné des villes. Pourtant, il semble avoir perdu son rôle de grand parti de gauche.

Célébrer des victoires, voilà une tradition à laquelle le parti socialiste n’était plus habitué. Au soir de ce second tour, les hiérarques du parti à la rose peuvent pour la première fois depuis bien longtemps trinquer à certains succès électoraux.

Le temps des conquêtes

À Nancy, Mathieu Klein (55,2%), réalise un gros coup en prenant cette commune votant centre-droit depuis la Libération au maire sortant Laurent Hénart. Après avoir échoué d’une centaine de voix en 2014, Mathieu Hanotin prend sa revanche à Saint-Denis, bastion du PCF depuis 1944. Cette fois-ci, sa victoire dans le duel l’opposant au sortant Laurent Russier est plus que large : 59%.  Dans la ville voisine de Saint-Ouen, Karim Bouamrane ramène à gauche une ville conquise par la droite en 2014. À Montpellier, Michaël Delafosse fait également repasser la ville de Georges Frêche sous le contrôle des socialistes qui peuvent aussi se satisfaire des reconquêtes de Périgueux, Saint-Brieuc ou Quimper. Citons également Yann Galut qui fait basculer Bourges, à droite depuis 1995.

Prime au sortant

Dans les bastions socialistes le PS a démontré une belle résistance. Les deux principales villes du Nord-Ouest, Rennes et Nantes reconduisent leurs maires sortantes Nathalie Appéré et Johanna Rolland, toutes deux en position de grandes favorites avant le second tour. Comme prévu, la capitale reste socialiste même si les listes Paris en commun menées par Anne Hidalgo ne sont pas parvenues à prendre le V° et le IX° arrondissements qui restent sous le contrôle d’élues de droite ralliées à LREM.

Les éléphants, figures de "l’ancien monde" ont également démontré une belle résistance, en grande partie liée à un fort ancrage territorial. François Rebsamen rempile pour un quatrième mandat à la tête de Dijon avec près de dix points d’avance sur son concurrent LR. Stéphane Le Foll, ancien membre du cercle rapproché de François Hollande l’emporte au Mans avec 63,14%. Enfin, à Lille, Martine Aubry sauve son siège à quelques centaines de voix près face à son ancien adjoint EELV Stéphane Baly. Tout est-il pour le mieux dans le meilleur du monde ? Pas vraiment.

Désormais, le PS n'exclut pas de se rallier à un candidat écologiste en 2022

Quelles conséquences pour 2022 ?

Car les victoires ne doivent pas cacher le fait qu’à gauche c’est désormais EELV qui a le vent en poupe. Dans de nombreuses grandes villes telles que Marseille, Lyon, Bordeaux, Poitiers, Tours ou Besançon, les socialistes sont devenus une force d’appoint dans des majorités dirigées par des écologistes. À cela s’ajoute l’écart observé entre les deux partis lors des dernières élections européennes (13,48% contre 6,19%). Une rupture de taille pour un parti autrefois en position de force pour distribuer investitures et maroquins ministériels. Dès le dimanche soir, le premier secrétaire du Parti socialiste a acté ce nouvel équilibre en se déclarant "prêt à se ranger derrière celui qui incarnera le mieux le bloc social et écologiste en 2022". Un sondage Ifop publié une semaine avant le second tour donnait 8% au député EELV Yannick Jadot, contre 3% à Olivier Faure.

Lucas Jakubowicz

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