Les Verts français ont conquis plusieurs grandes villes mais aussi des communes de plus petite taille. À eux de créer une véritable « écologie municipale ». Une tâche qui s’annonce ardue tant les coalitions menées par EELV semblent hétéroclites.

C’était jusqu’alors une spécialité des Verts de l’Hexagone : performer aux élections européennes puis s’effondrer lors des scrutins locaux et nationaux. Cette fois-ci, les écologistes sont parvenus à transformer leur encourageant 13,48% de 2019 en mairies. Et pas n’importe lesquelles. Car la principale leçon du second tour est bien celle-là : l’écologie politique est désormais capable de gagner de grandes métropoles.

Verts des villes…

Avec 52,80% des voix, Grégory Doucet conquiert Lyon en s’imposant face à des marcheurs divisés entre le "dauphin" de Gérard Collomb Yann Cucherat (30,80%) et le dissident Georges Képénékian (16,80%). Les écologistes peuvent même espérer remporter la métropole. Encore plus symbolique, Bordeaux, à droite depuis 1947 s’est donné un maire écolo en la personne de Pierre Hurmic qui, avec 46,48% des voix, s’impose face à Nicolas Florian, héritier d’Alain Juppé (44,12%). Pourtant, sur les rives de la Garonne, la gauche avançait désunie puisque le candidat NPA Philippe Poutou a maintenu sa candidature. À Strasbourg, Jeanne Barseghian l’emporte avec 41,7% face à la liste LREM-LR menée par l’ancien adjoint socialiste Alain Fontanel (34,95%). Dans la capitale alsacienne, les Verts ont été également contraints d’affronter une autre liste de gauche menée par l’expérimentée socialiste Catherine Trautmann.

Dans d’autres villes de taille moins importante, EELV tire aussi son épingle du jeu en arrachant les mairies de Poitiers, Besançon, Tours ou encore Annecy, ville traditionnellement de droite remportée par François Astorg avec 27 voix d’avance. En revanche, à Lille et à Toulouse, Stéphane Baly et Antoine Bernard s’inclinent d’une très courte tête.

Et Verts des champs

Si les médias évoquent la vague verte en citant les grandes villes conquises, EELV n’est pas uniquement un parti vainqueur dans les zones peuplées de bobos ou d’étudiants. Les municipales de 2020 ont donné naissance à une écologie municipale qui essaime tout le territoire national : Verson dans le Calvados, Saint-Pierre-du-Vauvray dans l’Eure, Anduze dans le Gard, Thorigné-Fouillard en l’Ile et Vilaine, Val-Sonnette dans le Jura, Nilvange en Moselle, Louvil dans le Nord… sont autant de communes ayant élu des maires écologistes.

Grünen ou pastèques ?

Les Verts ont été élus autour de coalitions très larges mélangeant sociaux-démocrates, insoumis, des apôtres de la décroissance ou représentants communautaristes

Désormais, le plus dur commence. Comme l’a souligné Daniel Cohn-Bendit le 28 juin au soir, son mouvement "est au pied du mur". À lui de montrer de quoi il est capable ; ce qui ne sera pas une mince affaire. Les Verts ont été élus autour de coalitions très larges mélangeant aussi bien des sociaux-démocrates au profil centriste, des insoumis, des apôtres de la décroissance ou des représentants d’associations communautaristes. En somme, que privilégieront les nouveaux maires ? Une gestion plutôt centriste, à l’écoute des milieux économiques comme c’est le cas en Allemagne ? Ou laisseront-ils gouverner les forces les plus extrémistes de leur coalition ? La gestion sera certainement différente d’une ville à l’autre. Une chose semble actée : de nombreux électeurs ont fait le pari de Verts matures et responsables. Un défi de taille pour une écologie politique qui se caractérise par des querelles personnelles et des guerres picrocholines entre courants.

Lucas Jakubowicz

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