Une bonne anticipation et un système de santé performant ont permis à la première puissance européenne de limiter les dégâts. Ce qui a conduit à un assouplissement du confinement qui ne se passe pas comme prévu…

Pour le président allemand Frank-Walter Steinmeier, "cette pandémie n’est pas une guerre". Une vision différente de celle d’Emmanuel Macron qui, dans son allocution du 16 mars, a affirmé le contraire. Pour autant, l’Allemagne n’a pas pris l’arrivée du Covid-19 à la légère et la politique sanitaire du pays le plus peuplé d’Europe repose sur de solides atouts.

Bonne préparation

Malgré une politique de rigueur budgétaire, le gouvernement dirigé par Angela Merkel peut, dès le début de la crise, compter sur 34 lits en réanimation pour 100 000 habitants contre 16,3 en France et 8,6 en Italie. Si le personnel infirmier est en sous-effectif, ce n’est pas le cas des médecins (4,3 médecins pour 100 000 habitants contre 3,4 dans l’Hexagone). De quoi éviter la saturation des établissements hospitaliers et focaliser les efforts non pas sur l’ouverture de nouveaux lits, mais sur les tests.

Et, en la matière, l’Allemagne a mené une politique offensive. 400 000 ont été menés la semaine du 22 mars, soit dix fois plus qu’en France. Ce qui a permis d’identifier puis d’isoler les malades. Encore aujourd’hui, il est possible de tracer les chaînes de contamination et de limiter la maladie à des clusters, certes nombreux, mais sous contrôle.

"400 000 tests ont été réalisés la dernière semaine de mars contre 4 000 en France"

Le pays a également confiné, mais de manière moins drastique qu’ailleurs, les parcs et jardins publics restant par exemple ouverts. Concernant les frontières, la doctrine allemande est souple ; il est possible d’accéder par la route aux Pays-Bas et à la Belgique. Les autorités sanitaires d’outre-Rhin ont décidé de confiner alors que le nombre de morts était inférieur à 100 ce qui a empêché la propagation du virus. Les résultats sont là : "seulement" 5 976 décès à la date du 27 avril. De quoi inciter les autorités à déconfiner peu à peu. Une décision observée avec intérêt par les autres pays…

Excès de confiance ?

Au vu des premiers résultats, ils hésiteront probablement avant d’imiter l’Allemagne qui avait pourtant élaboré un calendrier précis : ouverture de plusieurs types de magasins (librairies, concessions automobiles…) de moins de 800 m2 à compter du 20 avril, ouverture progressive des établissements scolaires (les Länder restant libres de fixer une date).

Hélas, depuis le début de ce pré-déconfinement, le nombre de contaminations et de décès est reparti à la hausse. Fin mars, l’Allemagne comptait huit fois moins de morts que la France. Le ratio est désormais de un pour quatre. Ce qui a conduit Angela Merkel à déclarer le 23 avril que "l’épidémie n’en était qu’à son commencement". Contrairement aux espoirs d’une partie de la population, les Biergarten ne rouvriront pas leurs portes de sitôt.

Lucas Jakubowicz

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