Le député Agir la droite constructive de la capitale a retiré sa candidature à la mairie de Paris pour rejoindre Benjamin Griveaux. Une initiative prise pour mettre fin à un paradoxe : celui de voir une maire globalement impopulaire être réélue face à une opposition émiettée.

Décideurs. Pour les Parisiens, quelles seraient les conséquences d’un nouveau mandat d’Anne Hidalgo ?

Pierre-Yves Bournazel : Cela fait près de vingt ans qu’Anne Hidalgo fait partie de la majorité comme numéro deux ou numéro un. Que peut-elle faire de plus en six ans ? Elle a largement eu le temps d'agir. Or, depuis 2014, la vie quotidienne s'est dégradée : saleté des rues, désorganisation de la gestion des travaux, disparition d'Autolib', difficultés persistantes de Vélib'. Notons également que la dette augmente et que les classes moyennes subissent la cherté des prix parisiens. Dans sa gouvernance, la majorité municipale raisonne de manière trop verticale et donne le sentiment d'avoir toujours raison. Nous sommes loin de la démocratie participative ! Je constate que l'émiettement des candidatures favorise la réelection d'Anne Hidalgo, dont le bilan est pourtant contesté par une majorité de Parisiens, selon les différents instituts de sondage.

Vous avez retiré votre candidature le 16 janvier pour vous rallier à Benjamin Griveaux. Certaines de vos promesses de campagne vont-t-elles être reprises par le candidat LREM ?

Oui. J’ai eu la bonne surprise de constater que Benjamin Griveaux a fait évoluer son projet et repris certaines de mes propositions qui ont été élaborées grâce à quinze groupes de travail comprenant près de 300 personnes issues de la gauche, de la droite ou de la société civile.

Il a notamment épousé mon combat contre l’hyperdensification. S’il devient maire de Paris, le projet de six tours dont une de 180 mètres de haut à Bercy-Charenton ne verra pas le jour. Un pôle logistique, incontournable pour une ville de cette taille, est privilégié. En matière de police municipale, d’alimentation bio dans les cantines scolaires, je retrouve dans le programme de Benjamin Griveaux les idées que je porte.

Quel message adresser à Cédric Villani qui maintient sa candidature ?

Il est pleinement invité à participer au programme d’opposition que nous portons. Je le connais très bien pour siéger avec lui à l’Assemblée nationale, c’est un homme de qualité avec qui je suis toujours en contact. Il connaît comme nous les réalités des rapports de force à Paris. Je n’ai pas de conseils à lui donner, je respecte sa candidature mais chacun doit prendre sa responsabilité.

"Avec Anne Hidalgo, nous sommes loin de la démocratie participative !"

Tous les candidats en lice se déclarent écologistes. Est-ce une posture ? La gauche a-t-elle perdu le "monopole de l’écologie" ?

C’est une évidence, les questions d’environnement ne sont pas partisanes, surtout à Paris, qui, avec une superficie de 105 km2, 87 km2 sans tenir compte des bois de Vincennes ou Boulogne, est la capitale la plus dense d’Europe. Je me suis opposé avec succès à la bétonisation de deux stades, mesure à laquelle la majorité était étrangement favorable. Mieux vaut donc porter une attention aux actes plutôt qu’aux déclarations. Et en la matière, même si de bonnes choses sont faites, la majorité de gauche n’est pas irréprochable. Je porte également mon engagement écologique à l’Assemblée nationale puisque j’ai voté en faveur de l’interdiction du glyphosate ou de la sortie de l’huile de palme comme biocarburants.

S’il semble impossible de densifier davantage Paris, comment y maintenir les classes moyennes?

Il est nécessaire de raisonner à l’échelle du Grand Paris, même si la municipalité peut agir à son niveau. Par exemple, il est possible de convertir des bureaux usagers ou inoccupés en logements privés. S’il est difficile pour un élu de donner un chiffre des mètres carrés convertibles, c’est parce qu’il faut agir en coordination avec les propriétaires. Une chose est certaine, cette mesure peut conduire à la réalisation de milliers d’appartements. Je pense également que la ville doit cesser d’acquérir au prix fort des logements pour les convertir en logements sociaux. Si l’initiative est louable, les faits montrent que cela conduit à une raréfaction du parc privé. La solution à la crise du logement parisien implique de changer d'échelle et de penser cette politique à travers des partenariats métropolitains.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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