INFLUENCEUR. Fondée il y a un an et demi seulement, La Fourmilière révolutionne l’univers du bénévolat. L’objectif : en faire non pas une œuvre de charité, mais un moment convivial « aussi facile et sympa qu’un verre entre potes ». Un succès, puisque l’association compte d’ores et déjà près de 2 000 heures de bénévolat. Son slogan : « Plus on est de fourmis, plus on rit ! »

Décideurs. Pourquoi avoir créé La Fourmilière ?

Léo Garnier (président de l’association). Nous voulions prouver que le bénévolat est un loisir comme un autre. Pour cela, nous avons imaginé une communauté au sein de laquelle les associations proposent des missions ponctuelles ou régulières. N’importe quel internaute peut participer à un événement, sans engagement. Parti d’un petit groupe de jeunes qui tentaient simplement de convaincre leurs amis de les accompagner dans des actions bénévoles, la Fourmilière, grâce aux réseaux sociaux, touche aujourd’hui près de 2 000 personnes, principalement entre 18 et 30 ans.

Comment expliquez-vous ce succès ?

Arthur Devienne. Les associations caritatives les plus connues sont souvent perçues comme des organismes lourds, complexes et hiérarchisés. Il est vrai que, même si ces organisations font un travail formidable, il faut souvent être adhérent et payer une cotisation pour participer à une mission. Dans ce type de structure, le bénévole est généralement soit retraité, soit très engagé, si bien qu’il consacre la quasi-totalité de son temps libre à l’association. Nous avons voulu dépoussiérer cette image et démystifier la notion de charité.

«  Le bénévolat est un loisir comme un autre »

C’est-à-dire ?

Léo Garnier. L’objectif n’est pas de faire sa bonne action pour mieux dormir le soir ou de s’engager pour défendre une cause, aussi noble soit elle. Il s’agit simplement de passer un bon moment. Contrairement aux idées reçues, le bénévole reçoit autant qu’il donne. La rencontre humaine, dans une société hyperconnectée, a une vraie valeur. Si notre projet fonctionne, c’est sans doute parce que la jeune génération en est aujourd’hui consciente. Les bonnes intentions sont là. Avec La Fourmilière, nous essayons de les transformer en actions concrètes.    

Comment les associations ont-elles réagi face à votre initiative ?

Clément Debosque. Très bien. Nous avons d’ailleurs été très surpris par leurs retours. Elles ont été enchantées par notre projet. Elles n’ont pas beaucoup d’aide et ont parfois du mal à recruter de nouveaux bénévoles. Rencontrer un groupe de jeunes motivés et décidés à leur trouver de nouvelles recrues, même si ce n’est que pour une mission ponctuelle, leur a donné un réel coup de fouet.

« La rencontre humaine, dans une société hyperconnectée, a une vraie valeur »

Quelles sont les principales missions accessibles à travers La Fourmilière ?

Philippine Garde. Les associations proposent, via notre communauté, des maraudes, des distributions de vêtements, des aides aux devoirs, des café-jeux ou encore des joggings avec les réfugiés…. Des missions plus importantes  ̶  les « Fourmissions »  ̶  ont également vu le jour. Nous les préparons généralement en coordination avec une autre association.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Marion Robert. Nous avons récemment organisé avec Le Carillon, une « soupe impopulaire ». Le concept est simple : avec l’aide des bénévoles, les sans-abris préparent une soupe et la distribuent aux passants. Un bon moyen de changer les regards sur les SDF. C’est aussi une occasion de partager une activité avec des personnes très différentes. La Fourmilière ne prône pas l’inclusion sociale, mais la mixité sociale. 

« Contrairement aux idées reçues, le bénévole reçoit autant qu’il donne »

Votre association intéresse aussi les entreprises…

Maxence Couturier. Tout à fait. Plutôt que d’imaginer des journées team building dans des centres de loisir ou des parcs d’attractions, une entreprise nous a sollicités pour intégrer par groupes de quatre ou cinq, certains de leurs salariés dans une mission bénévole. Nous espérons multiplier ce genre d’initiatives.  

Quels sont vos objectifs sur le long terme ?

Léo Garnier. Nous aimerions développer des activités avec des personnes âgées ou dans des hôpitaux. Le but serait par ailleurs d’implanter des Fourmilières dans la plupart des grandes villes. Plusieurs expérimentations ont été lancées à Lille et Montpellier. Notre modèle peut tout à fait se dupliquer. Nous aimerions aussi travailler avec des écoles de commerce et d’ingénieurs, ou des universités.

Propos recueillis par @CapucineCoquand 

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