À l’occasion du Sommet international pour un nouveau pacte financier mondial qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin prochains, 70 économistes internationaux, dont Joseph Stiglitz et Laurence Tubiana, appellent de leurs vœux la création d’une taxation mondiale sur les transactions boursières dans une tribune au « Monde ».

Prévu à la suite de la COP 27 de novembre dernier, cet événement accueillera notamment le président de la République, Emmanuel Macron, Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne ou encore Mia Mottley, Première ministre de la Barbade. L’objectif de ce sommet sera de trouver de nouveaux accords économiques entre les pays occidentaux, émergents et les institutions internationales afin d’affronter les défis climatiques, sociaux et financiers auxquels nous avons à faire face.

Le groupe d’économistes chevronnés a ainsi profité de cette actualité pour remettre sur la table le débat sur la taxation internationale des transactions boursières, véritable marronnier économique depuis plusieurs années. Et pour cause, cet impôt vise à appliquer une taxe à taux très faible pour collecter des recettes fiscales importantes et financer la lutte contre le réchauffement climatique et la pauvreté. Étant donné l’ampleur des transactions financières réalisées, 151 millions d’opérations recensées rien qu’en France en 2022 pour une valeur d’environ 2000 milliards de dollars, cette faible taxation n’aura aucun impact sur le fonctionnement du marché.

200 milliards d’euros par an pour financer la transition énergétique

Dans leur tribune, Stiglitz, Tubiana, Ghosh & Co, mettent à mal les stéréotypes négatifs comme positifs entendus majoritairement sur cette taxation. Pour ses défenseurs, celle-ci permettrait de décourager la spéculation quand ses opposants craignent a contrario une hausse de la volatilité, faute de liquidités suffisantes. Les études empiriques montrent finalement le faible impact de ces deux théories opposées. Une taxation minime sur des milliards d’opérations, engendrerait peu, voire aucunes conséquences économiques, mais des recettes fiscales élevées.

Une taxation minime sur des milliards d’opérations, engendrerait peu, voire aucunes conséquences économiques, mais des recettes fiscales élevées.

Déjà appliqué dans plusieurs pays, cet impôt génère 2 milliards d’euros en France, 4,6 milliards d’euros au Royaume-Uni, ou encore 7 milliards d’euros en Corée du Sud. Son enjeu, réside dans son intronisation au niveau mondial, où il permettrait de collecter entre 156 milliards et 260 milliards d’euros par an, uniquement dans les pays du G20 pour un taux nominal fixé entre 0,3 et 0,5%. Plus de la moitié serait financé par le G7 et un quart par les pays émergents. Une aubaine pour subventionner l’indispensable transition énergétique et indemniser les pays pauvres, premiers concernés par les catastrophes climatiques et sociales.

Ce Sommet international pour un nouveau pacte financier mondial, appelé de leurs vœux par la France et l’Inde, pourrait faire date dans l’histoire économique et sociale mondiale. Les pays précurseurs de cette taxation auront-ils la capacité de s’engager à reverser cette taxe à des fonds multilatéraux habilités à restituer ces montants aux pays touchés par des sécheresses, pandémies, crise alimentaire ou environnementale ? Réponse fin juin.

Tom Laufenburger

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