Cabinet créé le 1er janvier 2020 par trois administrateurs judiciaires, Solve signe sa première année dans un contexte de crise sans précédent. Le cabinet est d’ores et déjà reconnu comme un acteur de référence de la prévention des difficultés des entreprises, notamment en matière de dossiers financiers ou internationaux.

Décideurs. Le confinement instauré en mars a entraîné l’arrêt de l’activité de pans entiers de l’économie. Quelles ont été les premières conséquences sur votre activité ?

Au printemps, nous avons vécu une première phase d’urgence absolue, quasi vitale pour bon nombre d’entreprises. Nous avons dû intervenir dans des délais extrêmement courts pour soutenir des sociétés que nous accompagnions déjà en prévention et frappées par la crise. En parallèle, un certain nombre d’entreprises se sont placées sous la protection du tribunal dans le cadre de procédures de mandats ad hoc et de conciliation. Leurs situations d’endettement complexes requéraient en effet l’appui d’un mandataire ad hoc ou d’un conciliateur pour négocier la mise en place d’un PGE. Cette phase relative à la liquidité nous a occupés à plein temps pendant près de cinq mois. Le tout dans un environnement réglementaire nouveau et évolutif, ce qui a nécessité de nombreux échanges avec les pouvoirs publics et notamment le Ciri. La seconde phase sera celle de la solvabilité.

Au-delà de la mise en place des mesures d’urgence, quelle est la situation des entreprises en difficulté ?

Ce sont des sociétés qui étaient déjà fragiles et/ou évoluant dans des secteurs structurellement en difficulté qui ont principalement fait l’objet d’une procédure collective au cours de l’année 2020. Une vague de défaillances a ainsi pu être constatée entre avril et septembre avec les dossiers NafNaf, Orchestra, Camaïeu, Celio, La Halle, André, Kidiliz, ou encore Alinéa dans l’univers du meuble. Celles qui ont bénéficié des mesures de liquidité ont pour leur part évité le recours à ces procédures publiques. Au cours du troisième trimestre 2020, le nombre de défaillances a été historiquement au plus bas depuis plus de trente ans.

À quoi les entreprises en difficulté doivent-elles s’attendre ?

La deuxième phase de la crise aura à notre sens pour enjeu principal le maintien de l’emploi et la préservation de notre tissu économique. À date, près de 840 000 emplois auraient été détruits en France, ce qui devrait conduire à un taux de chômage de près de 9,7 % à la fin de l’année. La nette augmentation des ratios d’endettement des entreprises prenant en compte les nouveaux concours bancaires comme le PGE ou autres, le report d’échéances de loyer ou de cotisations sociales, l’augmentation du compteur de congés payés, notamment, constitue un facteur de fragilité qu’il conviendra d’adresser le plus en amont possible. Il s’agira, dans ce cadre, d’analyser la capacité des sociétés à faire face, à terme, au remboursement de leurs dettes dans un contexte de reprise d’activité encore incertain et de renforcer la structure bilancielle, notamment par une augmentation des fonds propres.

Quelles sont les évolutions réglementaires à suivre pour le restructuring ?

La transposition de la directive européenne d’insolvabilité et la réforme du droit des sûretés devraient se traduire par un rééquilibrage entre le droit des créanciers et des débiteurs et actionnaires. Ce mouvement devra toutefois être appréhendé à l’aune de la crise actuelle et de la nécessité de préserver les entreprises et d’éviter les défaillances. Compte-tenu de l’ampleur de la crise et du nombre de PGE mis en place, les restructurations financières devront enfin inclure des outils adaptés à leur renégociation éventuelle. Nous serons attentifs aux mécanismes proposés par les pouvoirs publics qui, en tout état de cause, devront être incitatifs au redressement et au maintien des emplois.

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