LVMH a annoncé le 9 septembre la suspension de l’acquisition de Tiffany sur fond de guerre commerciale entre la France et les États-Unis. Le joaillier n’entend pas se résoudre à cette décision.

Les fiançailles sont-elles définitivement rompues ? LVMH a annoncé le 9 septembre la suspension de l’acquisition de Tiffany. La décision a été prise par le conseil d’administration après étude d’"une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération", selon le communiqué. Le deal d’un montant de 14,7 milliards de dollars, annoncé en novembre dernier – soit avant le début de la crise du coronavirus –, aurait été le plus important mené par le géant du luxe.

Une lettre du Quai d’Orsay

C’est une lettre du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui aurait conduit à ce coup d’arrêt. "Le gouvernement américain a décidé d’instaurer de nouveaux droits de douane sur certains produits français, en particulier dans le secteur du luxe, en réaction à l’adoption par la France d’une taxe sur les services numériques." Le Quai d’Orsay, qui souhaite dissuader le pays de l’oncle Sam de mettre ses menaces à exécution dès le 6 janvier prochain, conseille aux entreprises des secteurs concernés de réévaluer leurs projets d’investissements.

Alors que l’opération avait déjà été repoussée au 24 novembre, Tiffany demandait que la date soit à nouveau reportée, cette fois au 31 décembre 2020. Mais LVHM souhaite s’en tenir à l’accord, qui prévoit une date limite de closing au 24 novembre. Et "acte, qu’en l’état, le Groupe ne serait pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany & Co".

Tiffany n’entend pas les choses de cette oreille. Le joaillier annonce avoir engagé des poursuites contre LVMH aux États-Unis pour le contraindre à boucler le rachat. Il considère que le groupe français n’a pas honoré ses engagements. "Il s'agit de la seule transaction qui n'ait pas encore officiellement déposé une demande d'approbation antitrust dans l'Union européenne", tacle notamment l’américain. Et d’ajouter : "L'accord ne permet pas à LVMH de repousser la fusion simplement parce qu'un ministre du gouvernement l'a demandé." La bataille s’annonce corsée.

OV

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