Le programme américain d’accélération de start-up, Techstars, a débarqué à Paris en 2016. Objectif : accompagner et activer des start-up dans la réalisation d’un projet stable avec l’aide de mentors, d’investisseurs et de partenaires corporate. Depuis avril 2018, la branche française de l’accélérateur est dirigée par Julien Quintard.

Décideurs. Quelle est la vocation d’un accélérateur par rapport à celle d’un incubateur ?

Julien Quintard. À la différence d’un incubateur qui va accompagner des structures parfois pendant plusieurs années, un accélérateur comme Techstars Paris a vocation à pousser, sur une période très courte, généralement sur trois mois, la croissance des start-up. L’idée étant de les stimuler intensivement en validant avec elles, par exemple, un certain nombre d’hypothèses ou en actant que le modèle économique choisi n’est peut-être pas le bon et donc de les aider à trouver la bonne direction.

L’incubation et l’accélération sont très complémentaires et utiles, chacune, au développement de la vie de l’entreprise. Seule différence : l’incubateur ne prend généralement pas de part dans la structure incubée a contrario de l’accélérateur.

Quel est le spectre de vos missions pour les faire avancer et les préparer à voler de leurs propres ailes ?

Nous les accompagnons sur trois mois avec un programme qui se déroule en trois phases d’un mois. La première est destinée à examiner en profondeur le business pour tout remettre à plat. Pour cela, nous travaillons avec de nombreux mentors bénévoles qui sont, soit des entrepreneurs de l’écosystème en question, soit des investisseurs ou, encore, des personnes qui travaillent dans des grands groupes et qui vont prêter main forte à ces entrepreneurs pour analyser leur organisation, leur positionnement et leur stratégie. Par ailleurs, notre partenariat mis en place depuis des années avec le cabinet d’avocats Dentons contribue à encadrer les innovateurs sur toute la partie sécurisation de leur propriété intellectuelle qu’il s’agisse de brevet(s) ou de marque(s).

Le deuxième mois, une fois déterminée la direction vers laquelle aller, nous entrons dans la phase exécution et opérationnelle en travaillant en équipe pour voir comment construire un produit et le pousser sur le marché rapidement.

Enfin, le troisième mois est axé sur leur communication, celle qui va convaincre à la fois les investisseurs et les clients.

"Notre partenariat avec le cabinet d’avocats Dentons contribue à encadrer les innovateurs sur toute la partie sécurisation de leur propriété intellectuelle"

Les structures que vous accompagnez sont-elles majoritairement françaises ?

Techstars est une structure internationale et nous souhaitons garder cet ADN en France afin d’amener cette façon de faire du business, à l’américaine : , c’est-à-dire très axée vers la vente et le marketing, quand la France reste parfois très focalisée sur la technologie et le produit. L’idée est de trouver le juste milieu afin de ne retenir que le meilleur de ces deux univers.

Si la dimension internationale reste forte au sein de Techstars Paris, je souhaite favoriser l’écosystème français, qui a beaucoup évolué ces dernières années, afin qu’un grand nombre de ces sociétés puissent bénéficier de ce programme. En 2018, nous comptions pour moitié des structures françaises et internationales pour l’autre moitié. En 2019, 70 % d’entre elles étaient françaises.

"Nous souhaitons amener en France cette façon de faire du business, à l’américaine : très axée vers la vente et le marketing"

Comment la sélection des start-up qui auront la chance d’intégrer votre programme d’accélération très convoité, est-elle réalisée ?

Nous prenons en compte cinq critères : le premier, l’équipe, le second, l’équipe, le troisième, encore, l’équipe et ce avant le produit et le marché. Comme vous le voyez, celle-ci prime de très loin ! Fort de nos treize ans d’existence et d’expériences aux États-Unis et au regard des 2 000 start-up qui ont pu être accompagnées, nous avons ainsi observé que le succès ou l’échec d’une entreprise était majoritairement lié à son équipe, à sa stabilité, sa bonne entente et à la vision stratégique partagée. C’est donc la qualité de ce collectif et de ce qu’ils ont réalisé ensemble par le passé que nous analysons en réalisant notamment des interviews.

Ensuite, nous sommes extrêmement sélectifs à l’entrée. Seuls dix dossiers sont retenus alors que nous recevons entre 300 et 1 500 dossiers de candidature par programme chaque année. Il est plus difficile d’être sélectionné par l’intégrateur de start-up Techstars que d’intégrer Harvard !

"Le succès ou l’échec d’une entreprise est majoritairement lié à son équipe"

Quelles sont vos relations avec les acteurs qui composent l’écosystème du financement public et privé ?

Les investissements, qu’ils soient publics ou privés, voient Techstars comme un premier filtre qui constitue à leurs yeux un gage de qualité.

Une fois qu’elles ont été accélérées par Techstars, continuez-vous à les suivre ?

Techstars est un investisseur, et l’un des plus actifs au monde, qui fournit un programme d’accélération. En investissant dans plus de deux sociétés par jour ! Pour soutenir ces dix start-up, nous avons déterminé, pour chacune d’entre elles, un montant unique de 120 000 dollars.

C’est au niveau de l’accompagnement auprès de ces jeunes structures pour les aider à se développer rapidement sur leur marché que se situe notre réelle valeur ajoutée. Pour ce faire, nous sommes très efficaces sur le mentorat.

Propos recueillis par Anne-Sophie David

Promotion 2019 : qui sont les dix élues ? Asgard, CaptainVet, Genetrainer, Hello Birdie, Heuristech, Hiveway, Koala, Medeo Health, Qovery et Shipright.

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