Pour réduire sa dépendance au gaz russe, le gouvernement polonais a poussé à la fusion des deux leaders énergétiques nationaux. L’opération donne naissance au plus grand groupe industriel d’Europe centrale.

Elle ne s’en cache pas. La Pologne souhaite accélérer sa mutation et passer de "pays pauvre" de l’Union européenne à puissance régionale. Au-delà des mots, le pays peuplé de 37 millions d’habitants agit concrètement.

Volonté de peser

Placée en première ligne du conflit russo-ukrainien, la Pologne accélère sa stratégie d’influence en actionnant deux leviers : la défense nationale et la force de frappe énergétique. Sur le plan militaire, le gouvernement du président Andrzej Duda a frappé un grand coup en annonçant un doublement immédiat du budget de la défense passant de 1,5 % à 3 % de son PIB dès 2023, soit 30 milliards de dollars.

Côté énergie, l’objectif est de diversifier ses sources d’approvisionnement et de réduire sa dépendance à la Russie. Un défi de taille puisque jusqu’à février 2022 le puissant voisin fournissait 60 % du gaz et du pétrole consommés dans le pays. Pour changer la donne, pas le choix, il faut nouer des contrats avec de nouveaux fournisseurs. Et pour négocier au mieux, il est nécessaire d’être gros.

Forces en présence

C’est donc dans une logique de souveraineté énergétique qu’a été officialisée en novembre 2022 la fusion entre PKN Orlen et PGNig. PKN Orlen est le leader national de la production, du transport, du raffinage et de la vente de produits pétroliers. Il possède notamment un réseau de près de 3 000 stations-service situées en Pologne, en Allemagne, en Hongrie, en Lituanie et en République Tchèque. Absent à l’ouest du Vieux Continent, PKN Orlen bénéficie toutefois d’une petite notoriété chez les amateurs de sport automobile en sponsorisant plusieurs écuries.

Objectif de la fusion : renforcer la sécurité énergétique du pays

PGNiG, pour sa part, est le plus important grossiste et détaillant en approvisionnement énergétique d’Europe centrale. L’État détient 31 % d’Orlen et 70 % de PGNiG et a validé l’opération. Rien de surprenant puisque début 2022 il avait déjà avalisé la prise de contrôle par PKN Orlen de son concurrent national Grupa Lotos.

La nouvelle entité qui garde le nom d’Orlen souhaite, selon un communiqué du groupe, assurer "une stabilité des livraisons de sources d’énergie et, par là même, un renforcement de la sécurité et de l’indépendance énergétiques". Parmi les nouveaux partenaires potentiels, l’état-major du groupe vise particulièrement la Norvège.

Poids moyen

L’opération réjouit Daniel Obatjek, PDG du nouvel ensemble fort de 50 000 collaborateurs, qui se félicite de la naissance du "plus grand groupe industriel d’Europe centrale, parmi les plus grands d’Europe et le 155e du monde en termes de chiffre d’affaires". Sur le plan financier, la société devient la plus importante capitalisation polonaise et vise à court terme un chiffre d’affaires de 80 milliards d’euros, ce qui lui permettrait de boxer dans la même catégorie que les "poids moyens" du secteur tels que l’italien Enel.

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