Entretien avec Emmanuel Babeau directeur général finances, membre du directoire de Schneider Electric.

Entretien avec Emmanuel Babeau directeur général finances, membre du directoire de Schneider Electric.

Décideurs. Les particuliers comme les entreprises sont très soucieux de leur consommation d’énergie. Comment cela influence-t-il la stratégie de Schneider Electric ?
Emmanuel Babeau. L’industrie de l’énergie va connaître une véritable révolution dans les dix à vingt années qui viennent. En effet, la manière dont nous percevons l’énergie a complètement changé. Jusqu’à récemment, l’enjeu majeur était de la rendre sûre. Désormais, la rareté de sa provenance fossile, l’urgence de limiter les émissions de carbone et le développement de nouvelles énergies modifient les besoins fondamentaux. À la nécessité de disposer d’une énergie fiable s’ajoute le souci d’accroître l’efficacité énergétique en augmentant la productivité, ainsi que la volonté d’intégrer les sources renouvelables.
Ces bouleversements majeurs pour le secteur nécessitent des flux d’investissement considérables : de la part des entreprises, mais aussi des États et des particuliers. Ces derniers sont fortement incités par les pouvoirs publics (fiscalement par exemple), influencés par la pression de la société, et encouragés par les économies engendrées par l’accroissement de leur efficacité énergétique.
C’est en analysant les enjeux d’une équation énergétique plus complexe que jamais aujourd’hui, que nous avons, dans l’organisation même du groupe, transformé Schneider Electric pour devenir le spécialiste mondial de la gestion de l’énergie. Nous sommes maintenant bien positionnés pour être l’un des acteurs majeurs du développement du réseau intelligent de distribution, le smart grid. La réorganisation de nos activités, désormais structurées en fonction des besoins de nos clients finaux, nous permet de répondre de façon appropriée à chacune de leurs questions : outre nos produits à haute valeur technologique, nous leur apportons aujourd’hui des solutions globales intégrant l’ensemble du savoir-faire de Schneider Electric.

Décideurs. Vous avez finalisé en juin l’acquisition des activités de transmission et distribution d’Areva. Comment s’est passé ce rapprochement ?
E.?B. Nous avons signé en novembre?2009 un accord de consortium avec Alstom afin de réaliser conjointement l’acquisition d’Areva T&D. Alstom était intéressé par l’activité transmission et nous-mêmes par celle de la distribution. La relation avec Alstom tout au long du processus a été exceptionnellement bonne. Nous avons réussi à avancer ensemble et dans l’intérêt de tous. Je n’avais jamais connu dans un consortium un tel climat d’entente.
La branche distribution d’Areva possède des compétences fortes au niveau de la moyenne tension et des automatismes de réseau qui vont nous permettre de renforcer notre positionnement. Grâce à ce rapprochement, nous allons devenir leader de la distribution sur le segment de la moyenne tension, une position que nous occupons déjà pour la basse tension. Cela est d’autant plus important que les smart grids feront majoritairement intervenir des acteurs et des technologies de moyenne tension. Les très grandes compétences d’Areva sur la partie automatisme de réseau compléteront notre propre expertise. Les complémentarités géographiques et industrielles vont permettre à Schneider Electric de proposer une offre encore plus complète et plus performante.

Décideurs. Comment les équipes d’Areva T&D ont-elles accueilli l’idée de la scission ?
E.?B. Areva T&D était toujours resté séparé du reste du groupe. La séparation entre Alstom et Schneider Electric ne pose donc aucun problème, même si ce n’était pas la solution préférée du management. Une fois que la décision a été prise, l’ensemble des collaborateurs de T&D ont bien pris les choses et manifestent désormais un grand enthousiasme. De notre côté, l’intégration de ces 12 000 personnes, essentiellement des ingénieurs et des commerciaux, se fera grâce à la création d’un pôle «?énergie?». Cette nouvelle business unit devrait être opérationnelle en janvier?2011.

Décideurs. Envisagez-vous de nouvelles acquisitions ?
E.?B. En termes de chiffre d’affaires acquis, Areva distribution a été la plus grosse opération depuis Square D (Square D a rejoint Schneider Electric en 1991, NDLR). Nous avons au bilan trois milliards d’euros de cash qui nous permettent de financer notre développement. Nous avons réalisé d’autres deals, en Australie ou dans les pays du Golfe par exemple, surtout dans le but de nous équiper de nouvelles compétences ou de conquérir de nouveaux marchés.

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