Les repas de Noël et du 31 décembre approchent. Pour que les choses se passent au mieux, il est recommandé de bannir certains sujets…

La caricature est signée du célèbre Caran d’Ache dans Le Figaro du 14février1898. Intitulée Un dîner en famille, elle se compose de deux vignettes. Sur la première, dix convives endimanchés et de toutes générations se font une promesse : "Surtout, ne parlons pas de l’affaire Dreyfus". Sur la seconde, les mangeurs sont en pleine bagarre. En légende du dessin, quatre mots : "Ils en ont parlé."

Coupable ? Innocent ? En cette fin de XIXe siècle, le cas du capitaine Dreyfus fracture la société et les familles. Aujourd’hui, la situation est encore plus périlleuse. Les sujets susceptibles de mettre le feu aux poudres lors des repas familiaux ou amicaux de Noël et du jour de l’an n’ont jamais été aussi nombreux. En abordant le conflit à Gaza, vous risquez la bataille rangée entre ceux qui pointent les atrocités du Hamas, défendent le droit d’Israël à riposter et ceux qui demandent le cessez-le-feu, la négociation, les concessions.

Il est également conseillé de ne pas aborder la politique intérieure. D’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon en passant par Éric Zemmour, jamais nos responsables n’ont été aussi clivants. Pour garder un semblant de concorde, mieux vaut éviter de poser la question suivante : "Au second tour d’une présidentielle, voteriez-vous Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen ?" Les assiettes vont voler. Pour un repas apaisé, vous comptez orienter la discussion sur la culture ? Mauvaise pioche.

En mettant sur le tapis les séries Netflix, le dernier Disney ou le cinéma français, vous allez créer deux camps irréconciliables : ceux qui dénoncent le wokisme ambiant et ceux qui le nient en criant à la "panique morale" ! Finalement, pour préserver la paix, il est plus sage d’éviter certains sujets et d’établir une trêve.

Dans le pire des cas, si vous voulez trouver un point d’accord, aiguillez la discussion sur la SNCF ou Air France. Trains et vols en retard, billets de plus en plus chers, traditionnelles menaces de grève devraient faire consensus !

Lucas Jakubowicz

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