Le groupe nantais a bien quelque chose du célèbre irréductible village d’Armorique : il résiste, non pas à l’envahisseur mais à la désindustrialisation. Implantée sur quatre continents, l’ETI française est notamment le numéro un mondial des rubans de transfert thermique, indispensables à l’impression de codes-barres et d’étiquettes.

Fondée à Nantes en 1922, l’entreprise qui fabriquait à l’origine du papier carbone a très vite fait évoluer sa production au gré des modes de consommation. Premier en Europe à se doter d’une technologie de transfert thermique, le groupe ne s’est pas cantonné à la fabrication de consommables pour imprimantes, il innove et ajoute l’économie circulaire dans son modèle avec des cartouches issues du réemploi, développe des films photovoltaïques souples à base de polymères organiques et des collecteurs de courant qui améliorent la performance des batteries en lithium. Un moyen d’économiser une ressource dont la rareté est une préoccupation mondiale. Une vision de l’innovation qu’Hubert de Boisredon, à la tête du groupe depuis 2004, résume bien : "En cent ans, Armor Group n’a jamais arrêté d’inventer et de se réinventer."

Stratégie de partenariats internationaux

Armor Group doit son expansion internationale à une ingénieuse stratégie de partenariats avec ses clients et d’acquisitions de ses concurrents. Aujourd’hui le groupe français exporte 80 % de sa production grâce à une idée simple : être "le partenaire indispensable des plus grands fabricants d’imprimantes industrielles dans le monde, explique Hubert de Boisredon. Si l’un d’eux veut se développer en Inde ou en Afrique du Sud, nous proposons de nous implanter à ses côtés pour faciliter la livraison de ses produits dans des délais très courts." Cette internationalisation s’accélère au milieu des années 2000 avec l’arrivée de l’actuel PDG. "J’avais travaillé en Amérique du Sud et en Asie et j’étais sensible au fait que la croissance se trouvait principalement dans les économies émergentes". Mais la conquête du groupe
dépasse l’Europe et les pays en développement. En 2021 la filiale d’Armor Group dédiée au transfert thermique acquiert son principal concurrent nord-américain Iimak, quelques années après que ce dernier eut tenté – en vain – de s’emparer du français. Aujourd’hui, en plus du centre de production de Nantes et de celui de Canton en Chine, le groupe est devenu leader sur le marché nord-américain avec une antenne implantée directement à Buffalo.

"Nous contribuons à l''impression de près d'un code-barres sur deux dans le monde"

Engagé pour l'avenir

Un succès qui est partagé. Même si le fonds Astorg est entré à hauteur de 40 % au capital de la filiale d’Armor-Iimak l’année dernière, l’actionnariat du groupe est détenu à 100 % par l’équipe de direction et ses salariés. Un mode de capitalisation participatif qui "donne une grande autonomie et permet d’avoir une vision de long terme" ainsi qu’une confiance dans l’avenir malgré un environnement incertain. "Nous contribuons à l’impression de près d’un code-barres sur deux dans le monde et nous subissons actuellement le ralentissement de la production mondiale, analyse Hubert de Boisredon. C’est un nouveau cycle économique, mais des crises nous en avons connu d’autres et elles sont aussi source d’opportunités, c’est dans ces moments que les marchés se consolident." Le champion français poursuit sa conquête et prévoit cinq à six acquisitions dans les années à venir.

Céline Toni

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