Si la Colombie était un Monopoly, Luis Carlos Sarmiento, serait à la fois la banque et le gagnant de la partie. Selon Forbes, ce magnat de la finance et de l’immobilier serait l’homme le plus riche de son pays et le 297e du monde, avec une fortune de plus de 11 milliards de dollars.

Halte aux clichés ! Cocaïne et reggaeton ne sont pas les seules ressources pour faire fortune en Colombie si l’on en croit la carrière de l’homme le plus riche du pays, Luis Carlos Sarmiento Angulo. Avant-dernier d’une fratrie de neuf enfants, c’est à lui que son père, propriétaire terrien et directeur d’une scierie, transmettra la fibre entrepreneuriale. Avec un bagage universitaire en génie civil et une passion insolite pour la comptabilité, il crée à 26 ans sa propre entreprise de BTP. Résilient, il se lance en acceptant des contrats de travaux publics là où tout le monde les refuse en raison de la présence des guérilleros. Mais, dans la Colombie des années 1960, les villes grandissent vite et les logements sont rares. Luis Carlos l’a bien compris et construit des quartiers entiers qui feront de lui un magnat de l’immobilier.

Empire bancaire

En 1972, alors que le pays subit de plein fouet les conséquences du choc pétrolier, il prend le contrôle de la Banco de Occidente en pleine faillite et menaçant de ruiner tous ses épargnants. Cet investissement sera son premier pas dans un monde qu’il ne quittera plus jamais : la finance. En 1988 il rachète la Banco de Bogotà, puis en 1996 la Banco Popular  – les plus importantes du pays. Un portefeuille qu’il complète avec plusieurs autres établissements financiers, jusqu’en 1998 quand il crée Aval, le plus gros groupe bancaire national. Aujourd’hui on estime que trois pesos colombiens sur dix se trouvent dans l’une de ses banques.

3 pesos colombiens sur 10 se trouvent dans ses banques

Philanthrope contesté

Actuellement président du conseil d’administration du groupe Aval dont il a cédé en 2000 la direction à son fils Luis Carlos Sarmiento Gutiérrez, le père se diversifie, comme à son habitude, et continue d’investir là où personne ne va. En 2012 il rachète El Tiempo, quotidien le plus lu de Colombie, pour 250 millions de dollars quand le journal connaît des difficultés. Le système de santé du pays n’étant pas des plus performants, Luis Carlos intervient en 2020 durant la crise du Covid et fait un don d’un peu plus de 20 millions de dollars pour l’achat de matériel médical et de vaccins. En 2022 il inaugure le plus grand centre de traitement et de recherche sur le cancer du pays, comprenant un laboratoire de 200 chercheurs et un hôpital de 62 000 mètres carrés. Ces investissements dans des services publics ne font pas l’unanimité. Son succès attise les convoitises dans un pays où le taux de criminalité est élevé. Luis Carlos Sarmiento en fait les frais quand sa fille est enlevée et gardée captive durant plusieurs mois avant d’être relâchée. Plus récemment, ses critiques à la suite de la victoire du candidat de gauche progressiste Gustavo Petro comme président en août 2022, ont été mal accueillies.

Céline Toni

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