l’indépendance soudaine des agences de notation n’est pas du goût de tous
Quelques semaines après la dégradation de la note attribuée à la dette souveraine américaine, le Japon pliait à son tour sous le poids désormais écrasant des agences de notation. D'abord taxées d'incompétence lors de la crise des subprimes, ces institutions, pour l'essentiel américaines, sont plus que jamais dans le collimateur des États.
Les puissances européennes n'ont pas attendu l'été pour dénoncer la capacité de nuisance des Standard & Poors (S&P), Fitch et autres Moodys. La crise grecque et ses conséquences sur l'économie du vieux continent n’en est pas moins loin d'être résorbées.

D'un extrême à l'autre

De l'autre côté de l'Atlantique, la charge est autrement plus sérieuse : après la remise en cause par l'administration Obama des méthodes retenues par S&P dans le cadre de l'évaluation de la signature américaine, c'est la SEC (Securities and Exchange Commission) qui a ouvert une enquête censée déterminer la responsabilité de l'agence dans la crise de 2008. Cette vague de défiance est sans précédent, certaines municipalités allant jusqu'à renoncer aux services de Standard & Poors pour l'évaluation de leurs véhicules d'investissement locaux.

Cette hostilité grandissante n'est pas surprenante. Assises sur la légitimité qu’États et institutions financières ont bien voulu leur conférer, les agences de notation, trop longtemps généreuses dans l'octroi du fameux triple A, font soudainement preuve d'une indépendance qui n'est manifestement pas du goût de tous. Il n'est évidemment pas question d'attribuer la meilleure note aux travaux de ces organismes qui se sont tristement fourvoyés en 2007 et 2008. Mais faut-il pour autant considérer comme abusive toute notation allant à l'encontre des intérêts nationaux. Affirmer que des États dont l'endettement est supérieur au PIB annuel rencontreront des difficultés pour rembourser en temps et en heure constitue-t-il vraiment une hérésie financière ?

Laver son linge sale en famille

La campagne de décrédibilisation orchestrée à l'encontre des agences de notation ne constitue en aucune façon une solution aux difficultés structurelles que rencontrent les puissances occidentales. En s'affranchissant du regard d'un tiers, même imparfait, les États entendent recouvrer toute latitude dans la gestion des deniers publics, sans pour autant en subir les conséquences sur les marchés. Une position pour le moins douteuse, quand le bon sens commande au contraire l'encadrement des produits structurés et plus spécifiquement des CDS portant sur les dettes souveraines.

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