Inflation galopante, augmentation de taux des banques centrales, spectre d’une récession mondiale, crise ukrainienne, pénuries de matières premières, politique zéro Covid en Chine causant des problèmes d’approvisionnement… Autant d’ingrédients qui inquiètent mais qui peuvent également être source d’opportunités pour les investisseurs. Dans ce contexte d’incertitudes, quel est le rôle du family officer ?
 
Après une forte reprise économique en 2021, le marché des actifs dynamiques corrige fortement depuis le début de l’année 2022. Les raisons de cette correction sont multiples et dans ce contexte de panique, nos clients et prospects nous interrogent sur la position à tenir et les actions à mener. Si le rôle du family officer est essentiel quand les marchés sont positifs, il devient indispensable dans les périodes plus chahutées. Bien que n’ayant pas le don de prédire l’avenir, il n’en reste pas moins que nous ne devons pas rester figés. Aussi, nous avons développé une méthodologie nous permettant de gérer au mieux ce genre d’événements qui comporte trois étapes.

 

Diagnostiquer les allocations d’actifs globales
Une allocation d’actifs globale bien diversifiée et adaptée ne doit pas présenter de problème en cas de baisse des marchés. Bien souvent, on constate que les prospects qui nous sollicitent sont dans une situation où la part actions est beaucoup trop présente dans leur stratégie et nous déplorons le fait qu’ils n’en ont souvent pas conscience. Ils mesurent très rarement leur réel niveau d’exposition au risque, voire le niveau de risque lui-même.

 

Si le rôle du family officer est essentiel quand les marchés sont positifs, il devient indispensable dans les périodes plus chahutées

Nous devons donc faire preuve de pédagogie et de psychologie pour manoeuvrer au mieux dans ce genre de cas. Tout en gardant la tête froide pour ne pas céder à la panique et en incitant nos interlocuteurs à maintenir leur position si nous l’estimons profitable à terme, nous devons également savoir couper une position à moindres frais avant que la situation ne s’aggrave. Les liquidités ainsi générées nous permetpermettront de nous repositionner sur des supports que nous considérons plus porteurs et qui devraient s’avérer plus rémunérateurs ou, en tout cas, plus protecteurs. Nous n’excluons d’ailleurs pas la possibilité de rester en cash dans l’attente d’une fenêtre d’entrée favorable ou d’une opportunité spécifique. "Cash is king !" dans les moments de tourmente ; il conviendra néanmoins de s’assurer un minimum de rémunération pendant cette période d’attente. Notre métier est d’identifier, d’investir, voire de renforcer les gérants diversifiés qui ont fait leurs preuves durant la phase de marché. Il est notable de constater que certains gérants diversifiés arrivent à tirer leur épingle du jeu dans ce contexte difficile. Il est donc prudent de recommander aux clients d’allouer une grande part du risque qu’ils acceptent de prendre sur ces gérants. Nous constatons que cela revient le plus souvent à maintenir une part d’actifs risqués dans le portefeuille global de 15 % environ, répartis sur au moins trois gérants.

 

Rechercher les opportunités
Toute crise génère des opportunités d’achat ou de vente et chaque crise est source d’opportunités particulières. La remontée des taux a redonné de l’attractivité aux certificats de dépôts. Ces supports sont idéaux pour rémunérer sa trésorerie dans l’attente d’un redéploiement sur des supports plus dynamiques. La souscription à des lignes obligataires en direct, lorsque la surface financière le permet, ou à des fonds à échéance nous semblerait également judicieuse, a fortiori si l’on considère que la hausse des taux s’inversera prochainement quand la récession deviendra trop forte. Cette démarche pourrait permettre de cranter des taux attractifs sur court et moyen terme. Enfin, toujours en lien avec les taux mais également avec la volatilité accrue sur les marchés, l’option des produits structurés à capital garanti ou fortement protégé pourrait s’avérer également très pertinente. Le secteur du private equity ne devrait pas être en reste. Ne serait-il pas intéressant de s’orienter vers les fonds dits "de secondaire" dont les levées de capitaux intervenant en fin d’année vont permettre de rentrer sur des valorisations intéressantes ? Enfin, pour les investisseurs les plus avertis, le marché des changes peut également présenter des opportunités et aller chercher des bénéfices sur le dollar pourrait s’avérer judicieux.

 

Préparer l’avenir
Une fois la stratégie d’attente établie et mise en place, il faut réfléchir à la suite, anticiper les débouchés futurs et identifier les sources de performance du prochain cycle. Cela consiste à déterminer quand et quoi, dans la mesure du réalisable, mais surtout avec qui ? Nous sommes convaincus que la tendance qui se dessine est favorable aux pays émergents (on peut légitimement penser qu’ils ne le sont plus au passage). La crise ukrainienne marque un changement de paradigme qui sera propice à la Chine, à l’lnde et à tous les pays satellites d’Asie. Il faut trouver les acteurs locaux qui permettront de capter cette performance future et il faudra également travailler à référencer ces partenaires au sein des enveloppes de type contrats d’assurance vie luxembourgeois. Cela représente un chantier important et long à mettre en oeuvre. Aussi faut-il l’anticiper le plus tôt possible. Nous pourrions également étudier la piste du capital-retournement. Au sortir de la récession qui se profile, nombre de sociétés auront besoin d’être accompagnées pour renouer avec la croissance et cela pourrait augurer de belles perspectives pour nos clients. Enfin, nous restons toujours favorables aux produits structurés qui permettent de saisir de la performance, certes capée, dans la plupart des configurations de marché. L’adaptation de l’allocation d’actifs de nos clients est donc un travail du quotidien qui nécessite d’être à l’affût de toutes les informations et de scruter en permanence les événements qui auront un impact sur les stratégies mises en oeuvre. Nous consacrons notre temps, nos moyens et notre réseau à la recherche de solutions performantes et à la protection des avoirs de nos clients. Au-delà de l’analyse purement financière ou fiscale, il y a aussi un accompagnement psychologique non négligeable dans ces circonstances où les clients et prospects peuvent se sentir démunis et, par manque de connaissance et d’expérience, prendre de mauvaises décisions. C’est là que notre savoir-faire et notre expertise s’expriment et c’est aussi dans ces événements que nous renforcerons nos liens. 
 
Romain Bazin, Directeur, Fair/e

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