Face à une situation économique incertaine et des prêts garantis par l’État à rembourser, les entreprises craignent un allongement supplémentaire des retards de paiement. Des solutions existent et d’autres sont en pourparlers afin de limiter ce fléau.

La hausse des taux et la fin du "quoi qu’il en coûte" pèsent sur les comptes des entreprises les plus en difficultés. Si 33 % des chefs d’entreprise s’attendent à une croissance de leur activité et si 50 % anticipent son maintien, le climat n’est pas à la fête. Selon une étude Ifop pour le Cabinet Arc publiée fin octobre, 88 % des sondés estiment que la situation économique française ne s’améliorera pas au cours des six prochains mois. Pire, 68 % s’attendent à voir davantage de leurs clients mettre la clé sous la porte. De quoi être inquiet pour l’avenir.

Le mur du PGE

Comment se financer pour éviter la faillite ? Visiblement pas par les banques. Plus des trois quarts des patrons (76 %) sont convaincus du désengagement des établissements financiers vis-à-vis des TPE et PME. Une perception de la situation réaliste qui s’explique par le fait que certaines TPE et PME manquant de fonds propres ont absorbé leur PGE et peinent aujourd’hui à le rembourser. "Tant qu’elles n’auront pas respecté leurs engagements, elles ne pourront obtenir de nouveaux financements", souligne Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc.  

56 % des patrons sont réticents à relancer leurs clients grands comptes de peur de les perdre 

De là à dire que le PGE n’était pas un dispositif réaliste ? "Ils ont été une excellente mesure, estime Denis Le Bossé. Il y aura forcément un pourcentage de PGE non remboursés mais ils ont permis de sauvegarder des milliers d’entreprises et d’emplois."

Augmentation des retards de paiement

Un contexte qui pousse des sociétés à payer leurs factures avec du retard pour conserver de la trésorerie. "La seule alternative s’offrant aux entreprises qui ne peuvent obtenir de financement bancaire est celle de l’allongement des délais de paiement, lesquels sont devenus pour 83 % des entreprises interrogées une variable d'ajustement", explique Denis Le Bossé. D’où l’augmentation des retards, passés de 12 à 15 jours. Une situation qui pèse davantage sur les petites entreprises puisque 56 % des dirigeants se montrent réticents à relancer leurs clients grands comptes de peur de les perdre.

Solutions en place et à venir

Afin de limiter la casse, la Commission européenne proposait en septembre dernier de réduire le délai maximal de paiement à 30 jours, contre 60 actuellement en France. "Certains pays de l’Union européenne sont à plus de 100 jours, rapporte Denis Le Bossé. Si la mesure entre en vigueur, il faudra que ce soit par étapes afin de ne pas déstabiliser les entreprises les plus fragiles." Les patrons plébiscitent (80 %) l’idée d’une notation des délais de paiement. Des mesures qui viendraient en compléter d’autres, déjà en place et considérées efficaces, comme la dématérialisation des factures ou la publication systématique des amendes administratives – ce que l’on appelle le "name and shame".

Comment éviter d’en arriver à se mettre dans le rouge ? "Il convient de facturer dans les délais, de s’assurer que les factures les plus importantes sont bien reçues et de relancer ses clients avant échéance, martèle Denis Le Bossé. Il est aussi essentiel quand on signe un contrat de demander un acompte. Certaines entreprises ont des carnets de commandes remplis mais disparaissent car comme elles manquent de trésorerie, elles ne sont pas en mesure de faire face aux charges et investissements nécessaires pour répondre aux commandes de leurs clients." À bon entendeur…

Olivia Vignaud

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