La licorne française Dental Monitoring, désormais présente aux quatre coins du monde, offre des solutions de soins dentaires connectés. Béatrice Vassy, à la tête de la direction financière, revient sur son parcours de "couteau suisse" dans l’entreprise.

Décideurs. Vous avez un parcours atypique pour une DAF, pouvez-vous revenir dessus ?

Béatrice Vassy. Il est vrai que je n’ai pas suivi le parcours classique. Un bout de primaire en Grande-Bretagne dans une école à la Harry Potter, un bout de Highschool aux États-Unis avant de suivre une prépa, puis obtenu une licence de gestion de patrimoine à Dauphine, et intégré l’ESCP en même temps qu’une licence de droit, pour finalement faire une école de comédie musicale à l’issue de l’ESCP. Je suis assez curieuse de nature, cela transparaît dans mon parcours. Chant, danse et finance ne sont pas incompatibles. En 2013, je commence à travailler à New York chez Fiducial. Je rejoins ensuite PwC en transaction services : un bon rythme, des missions intéressantes, de gros fichiers Excel. Je m’y plais bien mais la rencontre avec Philippe Salah, le fondateur de Dental Monitoring, va changer ma carrière. Le contact passe très bien avec le top management de l’entreprise, il y a une énergie incroyable et je les rejoins au poste de DAF en 2018. Le défi était de taille, j’apprenais sur le tas dans un contexte d’hypercroissance et de levées de fonds successives. À mon arrivée, il n’y avait pas d’équipe dédiée à la finance, idem pour les RH et le service juridique, j’ai donc commencé par ces trois fonctions ! Aujourd’hui nous sommes une licorne de plus de 400 salariés dont 20 en finance.

En quoi ce parcours de "couteau suisse" vous a-t-il servi pour devenir DAF ?

Il est indispensable d’être un "couteau suisse" lorsqu’on a un poste de direction, d’autant plus dans une start-up. Bien sûr, il faut maîtriser la technicité financière mais il est surtout essentiel de savoir apprendre. La plupart des personnes qui commencent à travailler dans une start-up ont un périmètre beaucoup plus large que ce qu’elles faisaient auparavant. Elles ne sont pas bonnes parce qu’elles savent reproduire ce qu’elles ont déjà fait mais plutôt pour leur capacité à comprendre, à s’adapter rapidement et à exécuter. Et pour cela, il faut rester curieux, ouvert. Mon parcours atypique m’a certainement aidé sur ces aspects

"La présence de femmes dans une entreprise est liée au secteur"

Quel est votre meilleur souvenir depuis le début de votre carrière ?

L’évènement marquant pour moi est lorsque nous avons clôturé la levée de fonds de 150 millions de dollars qui a fait de Dental Monitoring une licorne. Ce fut l’aboutissement de plusieurs années de travail intense et cela a créé une entente et une solidarité incroyable avec les managers de la boîte. Un événement très joyeux que je ne suis pas prête à oublier !

En tant que femme à la tête d’une direction financière, comment voyez-vous évoluer la parité à cette fonction ?

Tout dépend de l’entreprise. Dans mon cas, ça n’a jamais été un problème. Si j’ai constaté à mon arrivée au conseil d’administration que j’étais la seule femme, la parité dans nos équipes a été réalisée avec le développement de la société. La présence de femmes dans une entreprise est liée au secteur, or dans une boîte de la tech, il y a beaucoup de développeurs, et la fonction n’est pas encore l’une des plus féminisées. Dans les évènements dédiés aux DAF, il y a également encore peu de femmes. Si l’on veut que les choses progressent, le congé paternité devrait être équivalent au congé maternité. Dès lors, le risque et l’incidence sur les carrières sont les mêmes pour tous, ce n’est plus un sujet.

Parcours

  • 2004 : passe une année aux États-Unis dans une high school tout en préparant le bac
  • 2005 : intègre une classe préparatoire au lycée Sainte Croix de Neuilly
  • 2007 : se forme à la gestion de patrimoine à Dauphine et prépare le concours de l’ESCP
  • 2011 : diplômée de l’ESCP
  • 2013 : obtient un Bachelor en droit à la Sorbonne et intègre une école de comédie musicale en parallèle
  • 2013 : commence sa carrière chez Fiducial aux États-Unis en fiscalité internationale
  • 2015 : revient en France, chez PwC en transaction services
  • 2018 : intègre Dental Monitoring au poste de DAF, en pleine période d’hyper croissance
  • 2021 : accompagne la levée de fonds de 150 millions d’euros de Dental Monitoring qui devient une licorne

Propos recueillis par Céline Toni

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