Professionnel unanimement reconnu sur le segment du restructuring, Marc Sénéchal a démontré ses talents de négociateur en trouvant une issue à l’OPA hostile de Véolia sur Suez. Il ajoute désormais une nouvelle corde à son arc. De là à transformer en profondeur BTSG² ? La question lui est posée. Entretien avec Marc Sénéchal, mandataire judiciaire et associé fondateur de BTSG², et Charles Clément-Fromentel, ancien CFO au sein du groupe Orange et administrateur indépendant qui a rejoint Marc Sénéchal en 2022 en tant que managing directeur prévention de BTSG².

Décideurs. Vous êtes l’un des professionnels auxquels l’on pense d’emblée dès lors que sont évoqués mandats ad hoc et conciliations. Quelle est la recette pour y parvenir ?

Marc Sénéchal. La création de BTSG² en 2005 s’est faite autour d’une volonté commune. Celle de nous positionner comme des entrepreneurs au sein de notre profession tout en souhaitant rester toujours précurseurs. Cela nous a amené, tout naturellement, à nous inscrire sur les procédures amonts, traditionnellement réservées aux administrateurs judiciaires. J’ai la faiblesse de croire que notre disponibilité, la capacité de travail, notre appétence à intervenir en anglais, notre transparence à l’égard de l’ensemble des interlocuteurs, mais aussi notre aptitude à tisser des liens étroits de confiance avec la sphère publique, ont contribué à faire de l’étude une solution privilégiée à l’heure d’aborder ces dossiers. Rapidement, nous avons par ailleurs mis en place une organisation interne à même de fournir les ressources humaines et techniques indispensables au traitement des procédures les plus étendues.

Au-delà du restructuring, votre nom a par ailleurs été cité dans des dossiers tels que Véolia/Suez ou encore La Provence. Comment vous retrouvez-vous au cœur d’opérations ayant plus à faire avec des banquiers d’affaires qu’avec ce que l’on attend initialement d’un mandataire judiciaire ?

M. S. Il serait dommage de nous cantonner aux seules restructurations quand notre savoir-faire est avant tout d’apporter des solutions à des situations bloquées. Nous avons été amenés à travailler au fil du temps avec de nombreux corporates et ils nous ont vus à la manœuvre. J’ai été contacté par Suez pour les aider à trouver une issue dans le contexte de l’OPA hostile menée par Véolia. Je n’étais pas l’homme de Suez mais bien un intervenant neutre et indépendant dont le seul objectif était de sécuriser le processus décisionnel au sein de Suez avant de finir par réunir les deux parties autour d’une table pour aboutir à un dénouement. C’est ce que nous avons fait, dans un laps de temps très réduit en cherchant à préserver les intérêts de tous. Il faut dès lors s’adresser directement aux décideurs, sans intermédiaires. C’est ce que nous avons fait. Avec succès, semble-t-il.

"La réussite de la conciliation Véolia/Suez nous a rendu visibles sur ce type de mission et en a amené d’autres."

Est-ce la même situation dans le cadre de La Provence ?

M. S. La réussite de la conciliation Véolia/Suez nous a rendu visibles sur ce type de mission et en a amené d’autres. Appelés par le tribunal de Bobigny à intervenir sur La Provence, notre rôle s’est rapidement inscrit dans un esprit de conciliation entre les candidats à l’acquisition, à savoir Xavier Niel et Rodolphe Saadé. Comme souvent, c’est en direct et sans intermédiaire, que nous avons ouvert la voie du dialogue, et donc de la solution.

Assiste-t-on à un repositionnement de BTSG² ou à une diversification ?

M. S. Nous sommes et nous resterons une étude de mandataires judiciaires. Cependant, ce n’est pas insulter notre histoire et notre métier que de vouloir continuer de nous positionner comme une étude avant-gardiste. C’est ce que nous avons toujours fait. L’évolution de notre environnement réglementaire nous encourage à continuer de miser toujours davantage sur la médiation. Il s’agit d’ores et déjà de l’un de nos principaux angles de différenciation. Avec "BTSG² Prévention", nous ne faisons qu’affirmer ce qui a toujours été au cœur de notre métier avec un tropisme fort pour les procédures amonts (mandat ad hoc et conciliation). Pour ce faire, il importe de nous associer avec des profils à même d’intervenir efficacement dans un temps très court sur des dossiers particulièrement chronophages et énergivores. Charles répond à ce profil et son arrivée matérialise notre volonté d’ancrer l’étude sur ce nouveau segment de marché où notre expérience s’avère un atout indéniable.

Charles Clément-Fromentel. Rejoindre Marc Sénéchal était une évidence dès lors qu’il m’a expliqué ce qu’il comptait faire. J’ai eu la chance de travailler pendant plus de quinze ans au sein de "l’Etat Stratège",  tout d’abord à l’Agence des participations de l’Etat puis à Bpifrance et enfin au CIRI, avant de rejoindre Orange où Stéphane Richard m’a désigné CFO de la TowerCo du groupe. Auparavant j'avais été en charge du carve out européen au sein du groupe et j'ai intégré le comité de direction financière d'Orange. "BTSG² Prévention" raisonne avec tout ce que j’ai pu faire jusqu’alors. Nos missions demandent ainsi de comprendre les enjeux et impératifs des dirigeants de grands groupes privés tout en interagissant avec la sphère publique. Et ce, sans jamais prêter le flanc à un éventuel conflit d’intérêts susceptible de remettre en cause notre indépendance. Un art de la négociation qui sera sans aucun doute amené à se développer dans un environnement propice à l’émergence de conflits. Mais nous serons là pour y répondre.

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