Après un passage express dans le conseil, Mark-Corentin Cot-Magnas relève le défi de la fonction finance en intégrant un groupe de conseil en pleine expansion : Mantu, d’abord comme responsable financier pour la France puis comme DAF du groupe. Il nous livre une vision ambitieuse de la direction financière : à la fois lien et moteur de la création de valeur.

 

Décideurs. Comment avez-vous commencé votre carrière ?

Mark-Corentin Cot-Magnas. Après mon diplôme à la Toulouse Business School, j’ai commencé ma carrière chez EY. J’y ai passé deux ans qui en valaient peut-être au moins le double tellement le rythme était soutenu. Puis, j’ai rencontré Olivier Brourhant, actuel CEO de Mantu – à l’époque Amaris Consulting – qui m’a fait découvrir une entreprise à l’opposé des standards. J’y avais postulé pour un VIE en fusion-acquisition, mais le poste était déjà pourvu. À ma grande surprise, l’équipe d’Olivier m’a proposé le poste de responsable financier pour la France. À ce moment-là, je cherchais à partir de chez EY, nous étions au début des années 2010 et peu d’opérations d’achats se concrétisaient. J’ai alors décidé de relever le défi et d’accepter ce poste chez Mantu pour lequel on me faisait confiance malgré mon jeune âge.

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce défi ?

À mon arrivée en 2013, tout était à construire. Dès 2014, nous avons fait le choix de créer nos centres de services partagés décentralisés. De 2015 à 2019, je suis parti à travers le monde pour participer à l’ouverture des centres à Bucarest, Ho Chi Minh jusqu’en Afrique du Sud. Nous avons adopté une approche globalisée de nos services supports adaptée aux géographies couvertes par Mantu. L’ambition était d’avoir une structure de coûts allégée : nous lançons un pays avec une seule personne là où nos concurrents en ont besoin d’une dizaine. Ce parti pris a été un succès. De quinze pays lorsque je suis arrivé nous sommes passés, aujourd’hui, à 60. Je dois mon évolution au sein du groupe à cette croissance à 250 km/h, c’est ce qui me plaît dans ce poste : la contribution à cette création de valeur.

"Le DAF se transforme en pilote du risque"

Selon vous, comment un DAF contribue-til à cette création de valeur ?

Aujourd’hui, je suis directeur financier et vice-président exécutif du groupe. La base du métier de DAF tient à la situation financière de l’entreprise qui doit être saine et le capital disponible mis au service du bon développement des projets. En parallèle, mon rôle au sein du comité d’administration et d’actionnaires m’incite à prendre du recul et à avoir une vision macroéconomique d’ensemble, notamment aujourd’hui, dans ce contexte de hausse des taux. Avoir une vision à 360 degrés est donc nécessaire pour fixer des objectifs pertinents et cohérents avec la stratégie du groupe. En résumé, le directeur financier ne doit pas être seulement un business partner mais aussi un business leader.

En tant que directeur financier d’un groupe international, quels défis liés au contexte macroéconomique rencontrez-vous ?

Aujourd’hui, par exemple, la Russie est sous sanctions mais pas dans tous les pays. Notre travail est donc de mesurer les risques associés à cette éventualité. Le DAF se transforme alors en pilote du risque : il doit être en mesure de les anticiper et de les quantifier. Pour cela, il faut tisser un climat de confiance avec toutes les parties prenantes : les salariés, les clients et les fournisseurs. Enfin, dans un monde où le financier et l’extra-financier sont de plus en plus liés, la direction financière doit aussi prendre en compte de nouveaux indicateurs pour assurer la pérennité de notre écosystème.

PARCOURS
  • 2012 : sort diplômé de la Toulouse Business School
  • 2013 : quitte EY
  • 2013 : devient responsable financier France de Mantu
  • 2017 : prend la tête de la direction financière du groupe
  • 2020 : devient Executive Vice President

 

Propos recueillis par Céline Toni

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