Le managing partner aborde également la valorisation des entreprises techologiques.
Décideurs. Quelle analyse faites-vous du marché actuel du private equity ?
Jean-Baptiste Wautier. Le marché du private equity évolue actuellement dans un cadre très tendu avec une concurrence importante et nouvelle, tant des acheteurs industriels que de la Bourse. Il est également affecté par un phénomène de rareté du fait d'un déséquilibre certain entre l'offre et la demande. Il y a beaucoup d'argent cherchant à s'investir sur le marché et un nombre de deals limité en face. À cela s'ajoute également l'environnement macroéconomique : il y a quatre ou cinq ans, les taux d'intérêt étaient de l'ordre de 5 % alors qu'aujourd'hui, ceux-ci sont quasi nuls. Mécaniquement, les prix des actifs ont donc augmenté. Pour autant, les fondamentaux de l'industrie du private equity demeurent favorables du côté des investisseurs et même si nous devions observer une baisse sensible des rendements, il est probable que la demande des LPs demeurerait forte.

Décideurs. Certains observateurs craignent aujourd'hui l'explosion d'une nouvelle bulle boursière. Quand on regarde un indicateur simple qu'est le ratio prix-sur-chiffre d'affaires (Price-to-sales ratio ou PSR) il n'est pas rare de voir un multiple supérieur à 10 et même 20 pour des valeurs comme Facebook, Twitter, etc.

J.-B.W. Factuellement, c'est exact. Mais je ne pense pas qu'un phénomène identique se produise de nouveau de manière aussi brutale. Il existe aujourd'hui des niveaux de multiples et de valorisation qui rappellent la bulle internet des années 1999-2000. Mais à cette époque, les acheteurs payaient des entreprises qui ne généraient pas ou très peu de chiffre d'affaires. Amazon, Facebook... ces multinationales-là génèrent, elles, des revenus considérables, et disposent de capacités de développement, de perspectives et d'une stratégie claire. Ces éléments viennent diminuer le risque d'un dégonflement brutal. De plus, il y a déjà eu une correction de l'ordre de 20 % à 25 % sur les valeurs internet/tech ces deux derniers mois. Il y a peut-être un potentiel de correction additionnelle, mais celui-ci devrait être modéré par rapport à l'éclatement de la bulle internet en 2000.

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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