Depuis 1782, Château Angelus propose des vins d’exception. À la tête du domaine familial, Stéphanie de Boüard-Rivoal concilie respect de la tradition et modernisation pour transmettre un joyau plus prospère que jamais à la neuvième génération.

Une enfance passée à crapahuter dans les vignobles, à aider aux vendanges et à arpenter les caves ne peut que donner envie de travailler dans le monde du vin. Surtout lorsqu’il coule dans le sang. Ce n’est pas Stéphanie de Boüard-Rivoal qui dira le contraire.

Partir pour mieux revenir

Elle passe ses premières années au côté de son grand-père Jacques et de son père Hubert qui sont à la tête du Château Angelus, vignoble situé à Saint-Émilion en Gironde. Un lieu vénérable qui produit des grands crus de réputation internationale depuis 1782. "Très tôt, j’ai mesuré le lien entre la terre et l’homme, une véritable imprégnation", explique l’actuelle dirigeante qui se rappelle que, dès l’âge de sept ans, elle espérait reprendre le domaine.

Pour autant, elle veut "voir le monde" et travailler en dehors de la Gironde pour revenir plus forte dans un domaine qu’elle compte développer. "Mon père m’a dit que des compétences en finance étaient précieuses." Message reçu, la jeune femme étudie à la fac de Bordeaux puis à l’ESCP et part travailler dans le secteur de la finance à Londres pendant sept ans. Rompue à la gestion, parfaitement bilingue (ce qui est utile pour un domaine qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’étranger) et diplômée d’œnologie, elle intègre le conseil de surveillance en 2009 avant de reprendre officiellement le flambeau trois ans plus tard.

"Les enfants de la neuvième génération arpentent déjà le domaine"

Laisser son empreinte

" J’ai la chance d’avoir mon père avec moi. Au quotidien, il me donne de nombreux conseils et me soutient", se réjouit la celle qui souhaite allier continuité et rupture. Dès son entrée en fonction, Stéphanie de Boüard-Rivoal se fixe deux grands défis : "Maintenir le niveau d’excellence de nos vins et empêcher la dilution du capital." Le vignoble s’agrandit, de nouvelles cuvées sont lancées et connaissent le succès. Niveau gouvernance, " j’ai peu à peu racheté des actions pour les reconcentrer", explique l’entrepreneuse membre d’une fratrie de quatre dans laquelle elle est la seule à tenir un rôle opérationnel.

Elle initie également un tournant stratégique en se lançant dans l’hôtellerie restauration. En 2013, elle rachète le Logis de la Cadène, le plus vieux restaurant de Saint-Émilion devenu étoilé au Michelin. Quatre ans plus tard, elle met la main sur l’Auberge de la Commanderie avant d’intégrer à sa galaxie, en 2019, le Gabriel établissement historique situé place de la Bourse à Bordeaux et étoilé également. Les établissements sont en partie alimentés par La Ferme 1544 qui fournit une fraction non négligeable des produits proposés au menu : "Elle sera pleinement opérationnelle à l’automne", souligne Stéphanie de Boüard-Rivoal, fière d’avoir mené à bien cette diversification. "Mon père m’a avertie que ce serait chronophage, que cela pouvait impliquer un risque de dispersion, mais la restauration me paraît cohérente avec la viticulture."

Transmettre

Après un peu plus de dix ans à la tête de la société familiale, le bilan de Stéphanie de Boüard-Rivoal est positif. La partie restauration est rentable et pèse 20 % du chiffre d’affaires du groupe, la superficie du domaine est passée de 30 à 85 hectares et le nombre de salariés de 20 à 140. Château Angelus continue donc à se développer génération après génération. Plus important encore, la neuvième, ne demande qu’à poursuivre l’œuvre : "Mes enfants Côme et Antoine âgés de cinq et six ans sont déjà fortement attachés au domaine et semblent déjà avoir trouvé leur vocation." Comme leur mère en son temps.

Lucas Jakubowicz

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