En recherche de cadeaux de Noël ? La Rédaction vous présente sa sélection d’ouvrages. Cuisine, BD, romans, histoire, art… Il y’en a pour tous les goûts.
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Le paradis des gourmands

Les becs sucrés ne sauront plus où donner de la tête. Madeleine, panna cotta, pâte à tartiner ou encore l’incomparable bûche ultime, voilà les secrets de Pierre Hermé dévoilés dans Infiniment pâtisserie. Que nous soyons portés petit-déjeuner, encas ou boissons chaudes, ce recueil de recettes raffinées ne se contente pas seulement de nous mettre l’eau à la bouche, mais également de nous faire voyager de page en page. Un livre truffé d’anecdotes sur les découvertes du chef pâtissier au cours de ses expériences culinaires, de Paris à Marrakech, en passant par l’Asie et son délicieux karigori, mélange subtil de thé vert matcha et yuzu, nous rappelant le Japon. L’Alsacien partage ses créations au fil de la journée de façon intimiste, comme s’il s’invitait dans nos cuisines. Pâtissiers en herbe, à vos fouets !

Infiniment pâtisserie, au fil de la journée, de Pierre Hermé, éditions de La Martinière, 224 pages, 35 euros

Femmes d’ombre et de lumière

Des femmes fortes et influentes qui ont réussi malgré les obstacles liés à leur sexe. Voilà un sujet qui peut sembler vu, revu et re-revu à l’heure où les études de genre (voire le féminisme washing) constituent un genre littéraire à part entière. Mais avec Virginie Girod, c’est différent. L’historienne, notamment connue pour ses biographies d’Agrippine ou de Théodora, dresse 40 portraits assez courts de figures parfois célèbres, parfois plus anonymes telles que Tomoe Gozen, Roxelane ou Valtesse de La Bigne. Sans moraline ni pathos, elle cherche à comprendre comment ces femmes sont devenues grandes. Rencontres, éducation, rôle du père ou du mari : tout est passé au crible sans parti pris ainsi qu’avec une dose d’humour. Une documentation historique et solide, un style aussi précis que grand public devraient permettre à l’auteur d’occuper sous peu une place de choix : celle de l’érudite désireuse de partager son savoir avec le plus grand nombre. Alain Decaux et Max Gallo peuvent dormir tranquille, la relève est là.

Les Ambitieuses, de Virginie Girod, M6 Editions, 300 pages, 18,50 euros

Se transformer ou mourir

PDG d’un conglomérat centré sur le pétrole, l’aéronautique, le transport et la finance, séducteur compulsif, amateur de bagarre… Malgré son altruisme et son côté boy-scout, Largo Winch est loin d’être un homme déconstruit, terme en vogue chez certains progressistes qui vilipendent sa personnalité et son business model. Pire encore, voilà le beau gosse ringardisé par Jarod Manskind, tycoon de la tech qui raille publiquement l’obsolescence de son illustre aîné. Conscient que les temps changent, Largo décide de moderniser son conglomérat en mettant fin au travail d’enfants dans ses mines indonésiennes ou en développant une activité spatiale. Le voici prêt à mettre la main sur un groupe français à haut potentiel. Mais sur sa route se trouvent de mystérieux tueurs… et le couple Manskind. Même si le business model changent, la façon dont certains criminels « font des affaires » ne varie pas. Largo et sa garde rapprochée vont devoir recourir aux bonnes vieilles méthodes. De quoi redonner un nouveau souffle à une série haletante et plus que jamais actuelle.

Largo Winch, tome 23, La frontière de la nuit, d’Éric Giacometti et Philippe Francq, Dupuis, 48 pages, 14,95 euros

Goncourt au long cours

La question taraude la presse chaque année : ce Goncourt est-il mérité ? Plus que les autres, le lauréat du cru 2021, Mohamed Mbougar Sarr, a suscité un procès en légitimité : il est très jeune, sa maison d’édition est peu connue, il est sénégalais, d’où des allusions à peine voilées à une éventuelle discrimination positive. Pourtant, il suffit de lire La plus secrète mémoire des hommes pour réaliser que l’auteur est un véritable conteur qui nous fait voyager dans le petit milieu des auteurs africains de Paris, dans le Saint-Germain de l’avant-Seconde Guerre mondiale, dans les bars glauques des années 1980, en Argentine ou dans le Dakar d’aujourd’hui à la poursuite de l’insaisissable T. C.  Elimane, mystérieux et inconnu écrivain africain qui, en 1938, a connu la grâce puis la disgrâce, tout en restant tapi dans l’ombre. Qui est-il ? Le personnage principal se lance dans la quête à la recherche de la vérité, mais aussi de lui-même. En plus d’être un romancier hors pair au style affirmé, Mbougar Sarr s’amuse en variant les styles. Au détriment, parfois, de l’intrigue qui connaît des hauts et des bas. La francophonie peut se réjouir : elle a déniché un grand talent.

La plus secrète mémoire des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr, Philippe Rey, Jimsaan, 460 pages, 22 euros

Mythologie artistique

Pilier de notre civilisation, la mythologie grecque mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques. Que ce soit pour vous ou pour un proche, choisissez les yeux fermés cette version signée Taschen. Elle reprend 47 textes incisifs de Gustav Schwab, pasteur et écrivain allemand du XIXe siècle. Toujours actuelles, les péripéties de Midas le cupide, Niobé l’arrogante, Icare l’ambitieux ou Jason le courageux n’ont pas pris une ride et sont à la portée de tous. Divine surprise pour l’amateur d’art, les quelque 300 pages sont parsemées d’illustrations d’artistes issues du mouvement britannique Art and Crafts, hélas méconnu, qui a connu son apogée au début du XXe siècle. Cet ouvrage est donc l’occasion de découvrir ou redécouvrir les talents de Virginia Frances Sterrett, Walter Crane, Arthur Rackham et William Russell Flint.

Légendes grecques, de Gustav Schwab, sous la direction de Michael Siebler, Taschen, 336 pages, 30 euros

Entomologie d’un conflit

La Seconde Guerre mondiale reste un sujet qui passionne le grand public. Mais tant de contenus sont parus sur le sujet que le sentiment de routine est parfois au rendez-vous. Ce n’est pas le cas avec ce nouveau venu qui aborde une partie meurtrière de l’Histoire sous un angle inédit. Sur près de 200 pages, des infographies se succèdent et apportent un éclairage bienvenu. Avec une précision qui rend parfois les graphiques un peu trop touffus et ardus à déchiffrer, les auteurs passent au crible des données essentielles, trop souvent restées sous les radars : âge moyen des officiers, production de métaux rares, nombre de munitions par soldat, origine géographique des résistants… Les connaisseurs y trouveront leur compte, les novices également. En refermant ce livre, une conclusion s’impose : si l’on examine la situation de manière rationnelle, l’Axe n’aurait jamais pu remporter la guerre. D’où la volonté des Alliés (qui possédaient les chiffres cités) de ne faire aucune concession.

Infographie de la Seconde Guerre mondiale, sous la direction de Jean Lopez, Perrin, 190 pages, 30 euros

Sens dessus dessous

La cavalière revient sur l’histoire de Nelly Cavallero, une prof de philo de Digne-les-Bains mise en cause dans une affaire de mœurs au milieu des années 1970. Si elle ne cherche pas à la réhabiliter, l’écrivaine, enseignante et militante, Nathalie Quintane propose comme une « mise à jour » de ce fait divers, qui résonne comme un écho à sa propre vie. On découvre la répression qui avait cours au sein de l’Éducation nationale. De quoi faire réfléchir sur le rapport de la démocratie à la parole libre. Une liberté d’expression qui se retrouve dans l’écriture de l’auteure dont les souvenirs se livrent par bribes tout en établissant des connexions entre les choses. Fragmenté, ce récit ne semble pas suivre de trame précise, à l’image peut-être de la manière dont une réflexion se nourrit et se façonne. Au point de se demander si celle-ci ne nous conduit pas à "exagérer" ou à être "en dessous de la réalité".

La Cavalière, de Nathalie Quintane, P.O.L, 160 pages,  15 euros 

Le XVIIIe siècle par petites touches

Le XVIIIe siècle est passionnant pour qui s’intéresse à la politique, à la sociologie, à la littérature ou encore à la philosophie. C’est à travers dix tableaux iconiques que l’historienne Cécile Berly propose de retracer cette période aux « innombrables contradictions ». De la légèreté d’une fête galante représentée par Watteau dans les années 1710 jusqu’à la mort de Marat figée en 1794 par Jacques-Louis David, en passant par un portrait de Vigée Le Brun censé redessiner l’image de Marie-Antoinette, l’auteure nous rappelle comment ce temps fut celui des maîtresses royales, de la sensibilité mise à nu, du libertinage, du retour de l’Antiquité. On en profite pour redécouvrir les modes de l’époque, le symbole conféré à la rose ou la vie d’un peintre. De quoi nous apporter un peu de lumières sur ce siècle.

La légèreté et le grave, une histoire du XVIIIe en tableaux, de Cécile Berly, Passés composés, 192 pages, 24 euros

Marine Fleury, Olivia Vignaud, Lucas Jakubowicz

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