Née dans les années 1960 en Charente, l’entreprise familiale spécialisée dans le cognac a connu en 2019 une véritable accélération de sa croissance, qu’elle réussit à maintenir malgré la crise. Pour se développer, la Distillerie noue notamment des partenariats avec d’autres domaines.

À la Distillerie des Moisans, le cognac est une histoire de famille depuis quatre générations. Les premières vignes du domaine, qui s’étend aujourd’hui sur 60 hectares non loin d’Angoulême, ont été acquises par Roland Bru en 1962. Aujourd’hui sa fille, Véronique Legaret, son petit-fils Roland, secondés par un directeur général, Olivier Petit, développent la marque. Alors qu’en 2018, la société affiche un chiffre d’affaires de 8,2 millions d’euros, elle atteint en 2019 les 23,6 millions. Et cette ascension n’a pas été ternie par la crise qui, pourtant, met à mal le secteur des vins et spiritueux : en 2020, l’entreprise (qui est à la tête des marques Deau Cognac, Roland Bru Cognac ou encore The Mixologist) enregistre une nouvelle hausse de son CA à 27,7 millions d’euros.

La route des rhums

Un vrai coup de maître permis notamment par la stratégie de diversification mise en place un peu plus tôt par les dirigeants. Le cœur de métier de la distillerie reste le cognac auquel 100 % de ses vignes sont consacrées, mais la maison, qui exporte pour son compte dans 50 pays, propose désormais les vins et spiritueux d’autres domaines. "Nous avons commencé à nous diversifier avant la Covid-19, explique Olivier Petit. Le marché du cognac est très cyclique et restreint en France. Si on est mono-produit, quand il y a une crise ou lorsqu’un pays se met à moins consommer, nous subissons le retournement de plein fouet." Pour mener à bien sa diversification la distillerie aux douze alambiques noue des partenariats avec d’autres producteurs en France comme à l’étranger. Avant la crise sanitaire, l’entreprise distribuait une marque de rhum. Désormais au nombre de six dans son catalogue, certains rhums intègrent les fûts roux de cognac afin de poursuivre leur vieillissement.

Côté Whisky, le portfolio est passé de une à deux références. Le domaine s’est également développé dans l’absinthe, le gin, l’armagnac, le sparkling et propose même une douzaine de vins. "On en achète en direct aux producteurs, poursuit Olivier Petit. C’est un échange de bons procédés : on vend leurs produits et, eux, vendent les nôtres. Les partenariats sont très utiles puisque les réseaux des producteurs de vins et de spiritueux se croisent."

Esprit de famille

Contrairement à certains concurrents, les exportations de la distillerie des Moisans ont été peu impactées par la crise et le cognac reste sa principale activité. "Notre cœur de métier n’a pas souffert, précise Olivier Petit. Nous avons eu des retards d’expédition de mars à juin 2020 mais pas d’annulations de commandes. Nos clients ont respecté leurs engagements." Et l’entreprise, qui maîtrise aussi bien les secrets de la vigne que ceux de la distillation, de l’embouteillage et de la commercialisation, a apporté sa pierre à la lutte contre la Covid-19 en fournissant lors du premier confinement 5 000 litres de gel hydroalcoolique. En revanche, ses autres activités comme l’organisation de visites du domaine ou d’événements sont stoppées par les mesures sanitaires.

Olivier Petit rappelle que l’entreprise est 100 % familiale. "C’est important en termes de valeurs humaines. Nous sommes une grande famille. On essaie d’avoir de réels échanges avec tous les salariés. On se serre les coudes." D’ailleurs, depuis trois ans, la Distillerie est passée de 20 à 30 collaborateurs. Et pour l’avenir, que souhaite-t-elle ? Raison garder, se maintenir et continuer à se montrer inventive.

Olivia Vignaud

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Malgré la conjoncture, le CA de la société est en hausse et atteint 27,7 millions d'euros.

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