Les maux du secteur de la santé en France, et ce, malgré les politiques du gouvernement dans le cadre du plan France 2030 et du Ségur de la santé, sont nombreux. Pourtant, c'est aussi un de ceux qui accueille le plus d’innovations, notamment en matière d’intelligence artificielle.

Vieillissement de la population, manques de budget, déficit public, crises économiques, les raisons sont nombreuses pour expliquer les difficultés globales que connait la santé. Selon un sondage Elabe de janvier 2023, 51% des Français disent avoir un accès "compliqué, long ou partiel" aux services de santé. Le vieillissement démographique, véritable goulot d’étranglement des systèmes de soins n’arrangera pas cette situation.

Face à cela, l’abolition du fameux numerus clausus, qui régule le nombre d’étudiants accédant en deuxième année d’études de santé, est une première solution, pourtant ce sont les innovations qui peuvent permettre de libérer du temps aux soignants pour s’occuper de patients lourds.

L’intelligence artificielle en renfort de l’imagerie médicale et de la prédiction

C’est bien dans le domaine de la reconnaissance d’images que les promesses de l’intelligence artificielle (IA) se concrétiseront en premier lieu. Aujourd’hui, un radiologue passe des heures à observer des clichés médicaux, avec heureusement, un faible taux de cas graves malgré un risque d’erreur non négligeable. Une intelligence artificielle, qui peut reproduire en quelques minutes des schémas d’analyse sur des dizaines d’images et ainsi alerter sur les dangers qu’encourt potentiellement un patient, représente un gain de temps énorme pour les professionnels de santé. Ils pourraient alors se concentrer sur des tâches essentielles comme échanger avec leurs patients ou l’identification de meilleurs traitements.  

C’est bien dans le domaine de la reconnaissance d’images que les promesses de l’IA se concrétiseront en premier lieu

Dans son ouvrage "2041 : l'Odyssée de la médecine" (éditions des Équateurs), l’oncologue Jean-Emmanuel Bibault confirme que ces technologies peuvent faire gagner un temps primordial, notamment dans la détection de cancer où l’analyse "peut prendre plusieurs heures manuellement parce qu'il faut contourner chacune des centaines de coupes, alors qu'une intelligence artificielle le fait en deux ou trois minutes", affirme-t-il.

L’autre espoir qui pointe avec cette technologie est celle d’une médecine dite des "4P" : prédictive, préventive, personnalisée, et participative. En un temps record, l’IA peut compiler toutes les données disponibles d’un patient pour adapter individuellement son traitement mais aussi prévoir ses potentielles futures pathologies. Ces innovations agiront ainsi comme une aide à la décision auprès des professionnels de santé, en établissant rapidement un premier diagnostic avec, à nouveau, un gain de temps précieux.

L’IA, une aide à la décision pas un remplacement des soignants

Cependant, pour Jean-Emmanuel Bibault : "Il ne faut pas se précipiter sur ces outils en pensant qu'il y a une forme de magie, il y a des risques et il faut être capable de les jauger et de les évaluer". Ainsi, il est important de former les personnels de santé à ces nouvelles technologies mais aussi les ingénieurs du domaine de la santé. Le but n’est, en aucun cas, de remplacer les médecins ou les infirmiers mais bien de les soulager en leur permettant de se focaliser sur d’autres tâches plus pertinentes.

Enfin, l’utilisation de toutes ces données sensibles pose un problème éthique de secret médical. L’idéal serait de trouver un équilibre avec des lois de protection des données RGPD qui ne freinent pas non plus les élans innovateurs, vitaux pour la santé. Une autre solution, proposée par l’oncologue serait de "réutiliser les données des soins déjà faits non pas pour refaire du soin, mais pour essayer de comprendre certaines choses". Une manière de contourner ces problèmes moraux, tout en permettant la recherche.

Tom Laufenburger

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