Jessica Alba intègre le board de Yahoo. L’actrice n’est pas la première à rejoindre l’instance non exécutive d’un grand groupe, en recherche de nouvelles compétences. En 2020, Emma Watson arrivait chez Kering et un peu plus tôt Oprah Winfrey faisait son entrée chez Weight Watchers.

Il y a quelques années encore, l’image évoquée par les conseils d’administration frisait le cliché : une dizaine d’hommes en costume-cravate, sortis de grandes écoles, autour d’une table de réunion. Parfois à juste titre, parfois non. En fonction des cultures, des pays, les boards sont plus ou moins mixtes, plus ou moins paritaires et l’ouverture vers l’international et la digitalisation poussent les groupes à constituer des équipes plus diversifiées. Quitte à surprendre ou, en tout cas, à étonner ceux qui auraient échappé aux avancées en ce sens.

Les nominations les plus remarquables sont celles de célébrités. En juin, c’est Yahoo qui suivait cette voie en nommant à son conseil d’administration Jessica Alba. Si l’Américaine est avant tout connue pour son activité d’actrice et de mannequinat, elle est également cofondatrice de la start-up de e-commerce spécialisée dans les cosmétiques, Honest Company. Ce qui lui confère une double casquette influence et tech, qui a séduit le board de Yahoo, où elle est rejointe par le CEO de la banque LionTree, Aryeh Bourkoff, le fondateur de la société d’investissement K5 Global Michael Kives ou encore une ancienne de Twitter, Katie Stanton.

Le but du groupe racheté en 2021 par le fonds de capital-investissement Apollo ? Se développer pour retrouver une place dans le jeu de la tech face à Google et autres Facebook. "Alors que nous entrons dans une nouvelle ère, la mise en place d'un conseil d'administration puissant avec des connaissances stratégiques de divers secteurs d'activité permettra d'accroître notre croissance, notre innovation et de changer d’échelle, explique Jim Lanzone, patron de Yahoo. L'intersection entre les médias, la technologie, les produits et le contenu est plus pertinente que jamais."

En France, l’exemple Kering

Autre nomination à avoir fait les choux gras de la presse people, cette fois en 2020 : celle d’Emma Watson au conseil d’administration de Kering. Un coup de maître pour le groupe de luxe français. Car, si la jeune femme s’est d’abord fait un nom pour ses rôles dans Harry Potter ou La Belle et la Bête, elle incarne dorénavant une certaine idée du féminisme. Diplômée en littérature de l’université américaine de Brown, la Britannique a notamment été ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes, organisme pour lequel elle a été la porte-voix de la campagne pour l’égalité des sexes HeForShe dont le but est d’inciter les hommes à participer à ce combat.

Les personnalités qui siègent dans les boards sont censées apporter une corde supplémentaire à l’arc de l’entreprise, que ce soit d’un point de vue financier, numérique ou encore RSE.

"Emma Watson a également participé à l’élaboration d’une charte de bonnes pratiques contre le harcèlement et les violences au sein de l’industrie du cinéma et de la télévision", faisait valoir lors de sa nomination le groupe emmené par François-Henri Pinault. En 2015, le Time la mettait à l’honneur en la classant parmi les 100 personnes les plus influentes au monde. À l’heure où les entreprises sont tenues d’être davantage vertueuses, une nomination de cet ordre donne du poids aux engagements de Kering. D’autant que les personnalités qui siègent dans les boards sont censées apporter une corde supplémentaire à l’arc de l’entreprise, que ce soit d’un point de vue financier, numérique ou encore RSE.

Des personnes d’influence

Sans oublier le côté influenceur que l’on prête également depuis quelques années aux personnalités publiques. Un impact auquel a goûté Weight Watchers. La célèbre marque de nutrition a fait entrer à son conseil la présentatrice star Oprah Winfrey en 2015. Parallèlement, la femme d’affaires devenait la troisième actionnaire du groupe en prenant près de 10 % de son capital. L’un de ses impacts les plus directs ? Le jour, en 2017, où elle annonce avoir perdu 18 kilos grâce au programme de la marque. L’action de Weight Watchers bondi de plus de 20 % dans la journée. Mais la milliardaire ne se contente pas d’actions grand public, elle travaille également sur certains axes stratégiques du groupe.

Les sportifs sont également des administrateurs potentiels. En 2006, la rumeur circulait que Zinédine Zidane, ancien joueur de foot qui ambassadeur pour Danone, pourrait faire son entrée au conseil du groupe d’agroalimentaire. Son ex-patron, Franck Riboud, avait indiqué que cette option était une "réalité" même si celle-ci ne s’est pas concrétisée. Alors que dans d’autres entreprises, notamment américaines, la pratique est courante.

Ainsi Serena Williams a-t-elle occupé un rôle non exécutif de 2019 à 2022 au sein de la marketplace californienne spécialisée dans la seconde main Poshmark. "Ce qui a suscité mon intérêt (pour la nomination de Serena Williams), c’est qu’il existe très peu de personnes qui ont cet objectif d’excellence, expliquait le fondateur et CEO de l’entreprise au moment de la nomination. Nous essayons de construire un conseil d’administration très diversifié et indépendant. Avec des gens capables de nous guider vers la prochaine étape de notre croissance." Et pour cela, la diversité des profils semble de plus en plus gage d’efficacité.

Olivia Vignaud

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