À 38 ans, Louis Margueritte se sert de son expérience de haut fonctionnaire pour faire avancer les dossiers qu’il porte en tant que député Renaissance de la cinquième circonscription de Saône-et-Loire, que ce soit dans son territoire ou au niveau national. Entretien.

Décideurs. Quelles sont les grandes étapes qui ont marqué votre parcours ? Suit-il un fil rouge ? 

Louis Margueritte. Avant même d’intégrer Polytechnique, j’étais intéressé par la chose publique, sans pour autant penser à faire de la politique. Comme beaucoup de gens, je suis un grand amoureux de notre magnifique pays et j’ai grandi dans un environnement où l’on avait tendance à critiquer ce que faisait ou non l’État. Or, je pensais que c’était peut-être un peu plus compliqué que cela. Je suis passé par l’inspection des Finances, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), puis par la direction générale du Trésor, à des fonctions rapidement en lien avec les entreprises. J’ai notamment été nommé secrétaire général du Ciri (comité interministériel de restructuration industrielle), une des fonctions les plus humaines et exigeantes sur le plan professionnel où vous voyez directement l’impact des décisions que vous prenez. Un poste assez à part où l’on essayait de venir en aide aux entreprises dans des dossiers complexes. J’ai ensuite été nommé directeur de cabinet du ministre des PME Alain Griset et directeur adjoint de cabinet de Bruno Le Maire.

Pourquoi avoir choisi de devenir député ?  

La vie en cabinet est exaltante et passionnante. Mais j’avais cette petite musique en moi qui me disait qu’il fallait chercher un peu plus de légitimité. Jusque-là j’avais pris des décisions au nom des ministres ou des directeurs généraux mais je ne m’étais pas encore confronté au scrutin. Fin 2021, j’ai vu Bruno Le Maire et Alain Griset et je leur ai dit que j’avais envie de me lancer et d’exercer un rôle public plus exposé. J’ai dû convaincre les gens que j’étais la bonne personne et eu l’honneur d’être élu.

Quelle vision portez-vous et celle-ci a-t-elle évolué depuis le début de votre mandat ? 

Je rêve d’un État et d’une administration plus proches des entreprises, qui conseillent et orientent avant de contrôler. La fonction de député est passionnante. On ne perd jamais son temps à le passer avec les gens. Ces rencontres n’ont pas fondamentalement changé le regard que je porte sur les grands sujets mais elles l’ont peut-être nuancé et complété. J’ai toujours la conviction que nous devons faire sauter un certain nombre de verrous et libérer les énergies. Mais je ne crois pas à une déconnexion entre Paris et les territoires. S’il y a forcément de la perte en ligne quand les informations remontent, la vision des choses à Paris n’est pas fausse. Elle peut en revanche parfois être complétée. Mon expérience passée m’aide beaucoup. Les structures publiques répondent à des codes, à un langage que je parle et qui me permet de résoudre des problématiques au niveau local. Je pense par exemple au projet de nouvel hôpital à Montceau-les-Mines. C’est un sujet sur lequel il fallait un peu de poids pour mettre les acteurs autour de la table, aller voir les ministères pour obtenir des avals de principe et mettre en marche les admnistrations.

"J’espère avec mon mandat contribuer à réconcilier les territoires avec les structures décisionnelles"

Vous avez travaillé sur la loi pour le partage de la valeur. Quels étaient les enjeux ? 

C’est un sujet que nous avons porté pendant la campagne présidentielle à laquelle j’ai participé avant de mener ma propre campagne pour les législatives. Avec Eva Sas (membre d’Europe écologie Les verts, ndlr) nous avons mené une mission d’information sur l’évaluation des outils fiscaux et sociaux de partage de la valeur dans l’entreprise. L’objectif ? Rendre accessibles ces outils au plus grand nombre. Parallèlement à notre travail, en février un accord national interprofessionnel a été conclu entre les représentants syndicaux et patronaux. Honnêtement, au début on ne pensait pas qu’ils allaient y arriver. Ils ont prouvé qu’on pouvait capitaliser sur le dialogue social, et ce alors même que nous étions en pleine réforme des retraites. Le gouvernement et le Parlement veulent montrer que, quand les organisations se mettent d’accord, on respecte leur texte.

Pensez-vous que ce texte sera suffisant pour les collaborateurs aient l’impression que les entreprises redistribuent correctement ce qu’elles gagnent ?  

Il ne suffira pas en lui-même à répondre à la question du pouvoir d’achat. Or c’est le thème dont les gens me parlent le plus avec la santé et l’école. Cette loi est une réponse parmi d’autres et permettra à 1,5 million de salariés d’avoir accès aux outils de partage de la valeur, qui représente actuellement 6 % de la masse salariale. Il faut que l’on poursuive notre marche vers le plein-emploi. Qui aurait dit il y a 10 ou 15 ans que le chômage diminuerait à ce point-là ? Il faut maintenant aller chercher tous ceux qui se sont éloignés de l’emploi car il est très difficile quand on est au chômage depuis longtemps de retrouver du travail. L’emploi est la clé principale pour répondre aux questions des injustices sociales. Il faut trouver tous les moyens d’y arriver.

Comment se passe le travail avec l’opposition, en particulier avec la Nupes ? 

Quand je suis à Paris, on attend de moi que je travaille sur mes textes, que je les fasse bouger pour aller dans le sens de l’intérêt général. Les invectives, les spectacles de hurlements d’une partie des députés de la France insoumise ce n’est qu’une partie de ce que l’on vit mais c’est ce que les gens voient. Certains se demandent à quoi on paie les députés et pourquoi on les élit. Sur le travail de fond, on avance bien avec les députés des groupes d’opposition que je qualifierais de raisonnables. Ce qui va des Républicains au groupe de la Gauche démocrate et républicaine, qui inclut les communistes.

Et pour la suite ? Quelles sont vos ambitions ?

Je suis le plus engagé possible. J’espère avec mon mandat contribuer à réconcilier les territoires avec les structures décisionnelles. Il y a parfois des incompréhensions mais, pour connaître les deux mondes, je sais qu’ils ne sont pas si éloignés que cela. C’est une aventure professionnelle et humaine, avec plein de belles rencontres, et un honneur de pouvoir apporter sa petite pierre à l’édifice. Peut-être qu’un jour j’y consacrerai un ouvrage, qui sait ?

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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