Questions aux deux porte-parole du PS pour les élections législatives : David Assouline, sénateur, et Guillaume Bachelay, maire-adjoint de Cléon, vice-président de la Région Haute-Normandie, lors des conférences de presse du PS les 29 et 30 mai. « La droite est déchirée, c'est règlement de comptes à O.K. Copé »
Martine Aubry a déclaré vouloir quitter la tête du PS si les conditions étaient réunies, quelles sont ces conditions ?

David Assouline.
Les choses sont très claires depuis le début, Martine Aubry souhaite quitter la direction du parti socialiste d'ici le prochain congrès avec la volonté de finir ce qui a été commencé. Elle a insisté sur le fait que son mandat était une réussite puisque que François Hollande a été élu président de la République. Il faut désormais se concentrer sur le deuxième objectif en donnant une majorité à Jean-Marc Ayrault à l'issue de ces élections législatives. Il faudra ensuite préparer la rénovation au sein du parti socialiste qui doit être un laboratoire d'idées et de propositions nouvelles. C’est à l'issue de ce travail, qu’elle quittera la direction du parti.


Comment gérez-vous les candidatures dissidentes qui tendent à se multiplier ?

D.A.
Toute dissidence d'un membre du parti socialiste qui va contre le candidat officiel investi est de fait synonyme d’exclusion du PS. Sur le terrain, c'est le cas pour Jean-Pierre Kucheida. Concernant René Dosière, c'est incontestablement un candidat de gauche, mais un autre candidat a été choisi par les militants. Il aurait probablement fallu qu'il y ait des pas fait les uns vers les autres pour sortir de cette situation. Je ne peux que regretter qu'un tel parlementaire se retrouve dans cette situation. Cela fait partie des complications que l'on peut avoir dans une campagne où il y a des centaines de circonscriptions avec des instances locales et des règles nationales qui doivent s'imposer in fine pour ne donner l'investiture qu'à un seul candidat.


La droite peut-elle encore envisager la victoire ?

Guillaume Bachelay.
Durant cette campagne des législatives, l'UMP avance dissimulée, désorientée et déchirée. La droite cache son projet. Les chefs et les sous-chefs parlent de tout sauf de ce qu'ils feraient s'ils retrouvaient, par malheur, les responsabilités. Le programme caché de la droite, c'est la hausse de la TVA, la remise en cause du contrat de travail et des conventions collectives, la prise en charge accrue par des assurances privées de la protection sociale, l'alignement sur la politique d'austérité européenne. L’UMP est désorientée dans sa stratégie. Est-elle un parti qui se tourne vers le centre droit ou bien est-elle déjà en train d'ériger des passerelles avec l'extrême droite ? Enfin, la droite est déchirée, c'est règlement de comptes à O.K. Copé. M. Copé fait dans la brutalité, M. Fillon donne dans la vulgarité et tous les deux n'ont pour seul point commun que leur critique permanente et virulente du Président, du gouvernement, de la gauche et des syndicats. Pour nous, le changement c'est maintenant, pour la droite, le dénigrement, c'est tout le temps. La cohabitation serait donc un grand bond en arrière.


Le Front de gauche affiche clairement sa volonté de faire pencher à gauche l'aiguillon de la majorité, est-ce un problème pour vous ?

G. B.
Le PS est dans la bataille des législatives. C'est une bataille contre l'abstention, contre la droite et contre l'extrême droite. Il s'agit de donner une majorité au parti socialiste et il n'y aura pas un mot de la part du PS pour nuire à l'unité de la gauche. Nos électeurs aiment la diversité de la gauche, mais ils n'aiment pas les divisions de la gauche.
En mai 2007, après l'élection de Nicolas Sarkozy, on parlait de bouclier fiscal. En mai 2012, après l'élection de François Hollande, on parle de coup de pouce au Smic. Dans les premières décisions du nouveau Président et du gouvernement, je vois le dialogue social, la volonté de s'attaquer à la saignée industrielle, une nouvelle orientation de l'Europe dans le sens de la croissance. Je vois des engagements tenus qui étaient matriciels pour le Front de gauche et ses électeurs.


Le Front national est-il l'allié objectif du PS pour ces élections ?

G. B.
Nous combattons le Front national par notre mobilisation et par l'action du gouvernement. C'est en remettant au cœur des politiques publiques l'emploi, le pouvoir d'achat, les services publics que l'on combat le Front national efficacement, ou réorientant l'Europe vers plus de croissance et de protection. C'est en tenant ses engagements, la parole prise devant les électeurs que l'on combat le FN qui vit de ses politiques qui ne tiennent pas leurs engagements. Il ne faut pas oublier que M. Sarkozy, quand il avait été élu, avait promis « d'UMPiser » le Front national. Il a simplement « frontnationaliser » l'UMP. Quand M. Sarkozy a été élu, le Front National était à 10 %, lorsqu'il a été battu cinq ans plus tard, le FN frôle les 20 %. Il restera le Président du doublement du score du Front national.

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