Indispensable à nos modes de vie, l’énergie est une valeur sûre du marché des fusions-acquisitions. Depuis que la transition écologique est au centre de toutes les attentions, le secteur tente de s’adapter. Comme l’année précédente, le cru 2023 a enregistré nombre d’opérations dans les énergies renouvelables mais aussi dans des énergies moins vertes.

Dans la course aux énergies renouvelables à laquelle se livre une bonne partie des pays occidentaux, les secteurs publics et privés sont en concurrence. EDF a remporté son cinquième appel d’offres de parc d’éoliennes en mer, cette fois pour le plus grand de France situé au large de la Normandie. Les transactions entre corporates ont, elles aussi, été particulièrement actives. Le groupe hexagonal Photosol, spécialisé dans l’énergie photovoltaïque, a réalisé plusieurs acquisitions en France et en Europe. Engie et Meridiam ont acquis BTE Renewables, propriétaire et opérateur d’actifs renouvelables sur le continent africain. De leur côté, les fonds Andera Partners et Founders Future se sont structurés en closant de nouveaux véhicules de respectivement 150 et 200 millions d’euros pour investir dans des projets énergétiques à impact. Enfin, plusieurs sociétés du secteur ont levé des fonds comme TSE, expert français en développement photovoltaïque et agrivoltaïque, qui a réalisé un tour de table de 130 millions d’euros. Pourtant, ce ne sont pas les énergies d’avenir qui trustent les premières places des investissements énergétiques mais bien les énergies fossiles.

Pétrole et gaz à tous les étages

Avant que les ressources limitées soient épuisées ou que les gouvernements et autres institutions aient définitivement sifflé la fin de la récré, les majors de l’or noir s’en donnent à cœur joie. Preuve en est avec la transaction M&A la plus importante de l’année, tous secteurs confondus. Au prix d’un méga deal de 60 milliards de dollars, ExxonMobil a acquis Pioneer Natural Resources, spécialiste du gaz de schiste. L’accord fera passer la production d’ExxonMobil dans le bassin permien situé à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique à environ 1,3 million de barils par jour puis à 2 millions en 2030. Cette transaction permet à ExxonMobil, première capitalisation boursière mondiale dans le secteur des énergies, de se faire une place dans un bassin pétrolier qu’elle convoitait depuis des années, et ce, dans une période où le prix du baril de pétrole est supérieur à 80 dollars depuis août 2023. Un prix historiquement élevé. Durant l’été, l’entreprise texane a aussi fait l’acquisition de Denbury, société d’exploration d’hydrocarbures, et de son réseau de tuyaux pour se positionner sur le stockage et le transport de CO2 afin de diversifier ses actifs.

Greenwashing à peine dissimulé

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, et la transition énergétique est loin d’être un objectif pour le groupe américain accusé de greenwashing. Ce dernier a enregistré un bénéfice record de 56 milliards de dollars en 2022, avec un titre qui a gagné plus de 80 % sur cette période mais qui est resté globalement stable en 2023. En France, même si les chiffres sont loin d’être comparables, TotalEnergies, le pendant hexagonal d’ExxonMobil, a annoncé un bénéfice de 5,6 milliards de dollars sur le premier semestre 2023 (en hausse de 12 % par rapport à 2022). Cela donne l’impression qu’en France comme outre-Atlantique de possibles changements de paradigme énergétique interviendront bien trop tard. Mais réjouissons-nous, le M&A se porte bien.

Tom Laufenburger

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