Le président de Qualium Investissement analyse le marché du mid-cap français.
Décideurs. Partagez-vous l’opinion selon laquelle le mid-cap connait un ralentissement de son activité en ce début d’année 2014 ?

Jean Eichenlaub. Il y a légèrement moins de transactions aujourd’hui sur le middle market car il y a actuellement un peu moins d’acteurs actifs sur ce segment. Plusieurs équipes sont en levée de fonds et sont donc ponctuellement moins présentes sur le marché. Mais sur les derniers mois, Qualium Investissement, dont le dernier fonds est clos depuis mi-2012, a eu de la chance avec une bonne activité dont 4 sorties et 5 acquisitions.

Décideurs. Pourquoi le segment mid-cap est-il en retard sur le marché du capital-investissement ?

J.E. Globalement, comme les sociétés ont inévitablement souffert de la crise et qu’elles présentent parfois de moins bons résultats que ceux escomptés dans leur business plan d’origine, certaines transactions sont reportées.
Quant à la réussite de certains fonds sur ce segment, deux raisons peuvent l’expliquer D’abord, et pour ce qui nous concerne, plusieurs de nos entreprises sont clairement internationales, notamment Kermel qui réalise 80 % d’export et Invicta 30 % par exemple. Et il est vrai que les entreprises fortement axées sur l’export ont moins été impactées par la crise que les autres. Aujourd’hui, une entreprise française leader dans son secteur d’activité avec un profil international est une entreprise qui tous les attributs pour croître. Mais nous avons également, comme contre-exemple, dans notre portefeuille des sociétés comme Foir’Fouille et DGF qui sont essentiellement françaises, mais qui sont leaders de leur marché respectif. Ensuite il faut un peu de chance : les deux premiers investissements du fonds Qualium ont bien fonctionné.

Décideurs. Quelles prévisions faîtes-vous du mid-cap à moyen terme ?

J.E. Le marché du mid-cap est en train de repartir. Il y a beaucoup de deals à l’étude, et je pense que l’activité sera extrêmement soutenue dans les mois qui viennent. La France bien sûr, mais aussi l’Italie et l’Espagne, sont des aires géographiques que nous pourrions considérer mais en partenariatou comme pour Invicta au travers de build-up. Quant au marché allemand, des opportunités d’investissement peuvent être ciblées, mais il reste un marché difficile à appréhender où il est nécessaire d’y avoir une équipe permanente ou de sérieux relais sur place que nous n’avons pas. Certains fonds sont déjà ou seront prochainement vendeurs pour apporter de la liquidité à leurs souscripteurs. Additionnée avec le regain de couleurs du climat des affaires que nous souhaitons tous, l’activité ne peut que se développer à moyen terme.
Par ailleurs, il faut souligner le vrai retour des corporates en situation d’investir. Cette tendance est à double sens : pour diverses raisons stratégiques ils sont vendeurs, mais ils sont surtout acheteurs. On les retrouve aujourd’hui très souvent dans des process. Lors des dernières années, les grands groupes se sont fortement équipés, recrutant notamment des équipes de M&A de très haut niveau issues des banques d’affaires. Ce sont aujourd’hui de vrais acteurs du marché mid-cap en France. Pour nous, fonds d’investissement, ce sont à la fois des concurrents et pour partie de leurs actifs « non-core » des cibles potentielles.
Comment faire face à cette concurrence ? Le management a souvent son mot à dire lors des opérations de rachat. . Mais également, les corporates ont beau avoir beaucoup de liquidité, ils restent très sérieux dans leurs stratégies d’acquisitions. À prix égal, si on réussit à avoir une approche un peu originale sur un deal et que le management a très envie de continuer en un LBO, le recours aux fonds d’investissement sera généralement choisi. En tant qu’opérationnels et actionnaires, les managers sont clés dans ce type d’opérations.
Enfin, les fonds de private equity essayent aussi d’apporter leur propre valeur ajoutée aux cibles. Pour notre compte, il s’agit de notre réseau international et de nos operating partners et partenaires.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024