Alors que le principal musée d’art contemporain de Paris annonce sa première exposition temporaire d’une sélection d’œuvres de NFT (non-fungible token), la justice outre-Atlantique vient de se prononcer sur la propriété intellectuelle d’une marque copiée numériquement.

Une table ronde donnera la parole aux artistes le 8 avril, afin d’aborder les effets du développement du Web3 sur leur pratique. Ce sera aussi l’occasion de présenter les œuvres acquises par le musée. Cette sélection, réalisée par la commission d’acquisition du Musée national d’art moderne du centre Pompidou, s’est portée sur 18 œuvres de 13 artistes français et internationaux. Ces compositions traitent de la corrélation entre blockchain et création artistique et prendront place dans la collection "nouveaux médias", dévolue aux usages artistiques de technologies émergentes.

Cette sélection s’est portée sur 18 œuvres de 13 artistes français et internationaux qui traitent de la corrélation entre blockchain et création artistique

L’institution artistique allègue que le but est "d’explorer les usages créatifs les plus audacieux de cette technologie, engageant une réflexion singulière sur l’écosystème de la cryptoéconomie et ses incidences sur les définitions et les contours de l’œuvre d’art, de l’auteur, de la collection et du public". La retombée de l’effervescence autour de ces technologies, depuis la faillite de la plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX, a permis au musée d’aborder cette thématique plus calmement.

Pourtant, ce n’est pas une première pour une institution artistique. En janvier dernier, le Musée Granet, à Aix-en-Provence, annonçait l’entrée dans sa collection municipale des équivalents artistiques numériques, sous forme de NFT, des œuvres présentes dans son exposition thématique. De son côté, le musée russe de l'Ermitage communiquait, en septembre 2022, la mise en vente aux enchères, sous forme de NFT, de cinq œuvres présentes dans sa collection à Saint-Pétersbourg, en partenariat avec la plateforme Binance. Ces peintures mondialement connues comme le Coin de jardin à Montgeron (1876) de Claude Monet ont ainsi été numérisées, certifiées et signées par le directeur du musée, permettant de créer une reproduction unique.

Une décision juridique qui fait date

L’actualité sur ces nouvelles technologies ne se cantonne pas seulement à l’art. Les NFT s’incluent dorénavant non seulement dans notre patrimoine culturel, mais également dans les bornes de la propriété intellectuelle. En janvier 2022, la maison de luxe Hermès attaquait l’artiste Mason Rotschild pour contrefaçon de son sac "Birkin". L’intéressé avait auparavant vendu des reproductions en NFT de ce produit iconique pour environ 23 500 dollars chacune.

En janvier 2022, la maison de luxe Hermès attaquait l’artiste Mason Rotschild pour contrefaçon de son sac "Birkin"

Au nom de la liberté d’expression et de l’hommage rendu à la marque, il a continué à promouvoir d’autres modèles de sa propre marque "MetaBirkin". Mais le 8 février 2023, le tribunal fédéral de Manhattan a jugé l’artiste coupable de contrefaçon, dilution de marque et cybersquatting, le condamnant à verser 133 000 dollars de dommages et intérêts à Hermès. 

Une décision qui fait jurisprudence en matière de transposabilité de la protection de la propriété intellectuelle d’un produit physique à ses déclinaisons virtuelles, considérée comme centrale dans le monde entier.

Tom Laufenburger


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