Fondée en 1987 à San Jose, McAfee enregistrait en 2020 un chiffre d’affaires de 2,9 milliards de dollars, en hausse de 10 % sur un an. L’éditeur de logiciels, connu notamment pour ses solutions en matière de cybersécurité, met en place en interne un climat propice à l’innovation. Fabien Rech, Vice President Emea major accounts de McAfee, nous parle de cette capacité d’adaptation perpétuelle.

Décideurs. Sur quels sujets les équipes de McAfee travaillent-elles ?

Fabien Rech. Nous avons deux grands groupes de personnes, celles qui travaillent sur la partie ingénierie et développent des solutions pour prévenir les menaces et celles qui œuvrent en laboratoire de recherche où elles traquent ces menaces, sur le Dark Web mais pas uniquement. Pour expliquer leur fonctionnement, on peut prendre l’exemple du hockey : dans ce sport, les joueurs suivent la trajectoire du palet mais ils doivent être aussi capables de se projeter plus loin pour savoir où celui-ci va aller. Pour ce faire, nous utilisons des systèmes liés à l’intelligence artificielle et nos sondes, positionnées sur Internet, nous donnent une vision de ce qui est en train de s’y passer. Ce qui nous permet d’analyser les risques.

Le sujet de la cybersécurité est actuellement brûlant ? Devez-vous encore évangéliser ?

Pour ma part, je m’occupe des clients entreprises. Historiquement, ces dernières ont leurs datas hébergées chez elles. Les corporates utilisent de plus en plus le cloud, stratégie renforcée en période de Covid où il est pratique d’avoir accès à ses données de l’extérieur. Nous disposons d’un certain nombre de solutions pensées pour le cloud ou adaptées à des environnements physiques, voire hybrides. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on n’entende parler d’une faille majeure au sein d’un système. Même si, dans certains secteurs, les entreprises sont plus armées sur le sujet que d’autres, les dirigeants ne peuvent plus dire qu’ils ne sont pas au courant des risques. L’État les accompagne aussi. D’ailleurs, Emmanuel Macron annonçait cette semaine un plan d’un milliard d’investissements dans la cybersécurité.

Comment recrutez-vous ?

Nous recrutons beaucoup les gens en fonction de leurs valeurs et de ce qui les inspire. Nous sommes là pour protéger nos clients. Quand des collaborateurs nous rejoignent, ils doivent signer cet engagement. Leur mission consiste à contribuer à la sécurité sur Internet. Pour ma part, je suis en charge des forces commerciales et, même sur ce volet, je recherche des personnes avec des capacités d’innovation. Souvent, on pense que celle-ci est réservée aux développeurs mais, quand on est au contact des clients, on sent ce dont ils ont besoin et les commerciaux doivent faire partie du processus.

"L’une des clés de notre succès est notre capacité à nous adapter rapidement et à anticiper"

Comment êtes-vous organisés ?

Nous menons des entretiens réguliers, à différents niveaux, afin de rester connectés à la réalité du terrain. Nous utilisons également la méthode agile à travers laquelle tout le monde est réellement contributeur. Sont aussi proposés des challenges en interne afin d’améliorer les process. Tous les trimestres, des employés sont récompensés pour ce qu’ils ont apporté en termes de performance. Toutes ces actions convergent vers nos cinq valeurs, telles que la vitesse et l’agilité, qui sont affichées à l’entrée de la société. Mais il ne s’agit pas que d’un panneau. Lors des entretiens annuels, nos collaborateurs doivent, par exemple, montrer cinq de leurs réalisations en ce sens.

La période actuelle met-elle à mal ce mode de fonctionnement ?

La priorité, donnée par le groupe dans le contexte que l’on connaît, est de vérifier que tout le monde va bien. Cela s’avère d’autant plus nécessaire en ce moment que les journées sont courtes, que le beau temps n’est pas toujours au rendez-vous et que, contrairement aux États-Unis, le télétravail n’était pas encore ancré dans les mœurs d’un pays comme la France. Par exemple, nous organisons des cafés virtuels. On met en place des périodes portes ouvertes pendant lesquelles on peut toquer virtuellement au sein d’un service pour discuter avec les gens de manière plus spontanée. Je m’efforce aussi de ne pas prévoir de réunions avant 10 heures et après 18 heures par respect pour la vie privée de chacun. Ensuite, il s’agit encore une fois d’être innovant et de regarder ce qui marche chez les autres. L’une des clés de notre succès est notre capacité à nous adapter rapidement et à anticiper. Même si, dans le cas du Covid, il était difficile de prévoir l’ampleur de la crise, il faut toujours regarder attentivement les données et les analyser.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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