Louis Godron, président de l’Association française des investisseurs pour la croissance (Afic)
Décideurs. Les sociétés sous LBO souffrent-elles actuellement davantage que les autres ?
Louis Godron.
De manière générale, les sociétés en leveraged buy-out, c’est-à-dire celles qui dans le cadre d’une reprise par une équipe de managers se font accompagner par un fonds d’investissement et font appel à l’emprunt bancaire, ne rencontrent pas plus de difficultés que les autres entreprises. Je dirais même qu’elles présentent de bien meilleurs résultats que la moyenne. À première vue ces affirmations peuvent paraître pour le moins paradoxales mais elles sont en réalité tout à fait logiques. Une étude économique et indépendante publiée en 2011 par le professeur David Thesmar d’HEC a mis en perspectives 830 entreprises sous LBO en les comparant avec 830 autres sociétés positionnées sur les mêmes secteurs d’activités et de tailles identiques. Les résultats sont probants puisqu’ils indiquent un avantage assez net en faveur des entreprises sous LBO à la fois en matière de croissance de leur chiffre d’affaires et de leurs effectifs. Rappelons d’ailleurs que les sociétés accompagnées par le capital-transmission français ont créé en 2012 près de 46 000 emplois nets, quand le chômage touchait 285 000 personnes de plus !

Décideurs. Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer que les entreprises en LBO fonctionnent en moyenne mieux que les autres ?
L. G.
Ces résultats sont la combinaison puissante de trois facteurs. Nous constatons d’une part qu’un LBO et l’arrivée de nouveaux actionnaires favorisent la libération des énergies dans les entreprises et apportent une motivation plus importante des équipes. Dans une entreprise familiale, le président fondateur qui s’apprête à partir en retraite est généralement et fort logiquement plus tourné vers la cession de son entreprise que sur les problématiques opérationnelles. L’arrivée de nouveaux dirigeants insuffle une émulation positive auprès des équipes en place.
Sur le plan stratégique, d’autre part, la mise en œuvre d’un nouveau projet et parfois même d’un premier business plan offre un nouveau point d’horizon et des objectifs clairs aux collaborateurs de l’entreprise favorable à l’enclenchement d’une nouvelle dynamique.
Enfin, les sociétés en LBO trouvent auprès des professionnels du capital-transmission une expérience et un savoir-faire, qui ouvrent des solutions novatrices dans les domaines aussi vastes que la mise en place de systèmes d’informations, la mise en place d’une politique d’exportation ou d’innovation. Un partage de compétences qui permettra à l’entreprise de gagner en compétitivité.

Retrouvez la suite de cet entretien dans l’édition 2014 du supplément « Stratégie – réorganisation & restructuration » du magazine décideurs.


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