Les derniers mois ont été déterminants pour le cabinet Franklin. Alors que d’autres ne se seraient certainement pas relevés du départ d’un tiers de leur effectif, l’enseigne de l’avenue Kleber s’est recentrée sur ses valeurs d’origine pour rebondir en accueillant de nouveaux associés, parfois dans des matières inédites dans la maison. Un pied de nez à ses détracteurs.

Depuis quelques semaines, les annonces s’enchaînent du côté de Franklin. Le cabinet vient tout juste d’accueillir cinq nouveaux associés et leurs collaborateurs ou juristes (pour un total de 22 nouveaux professionnels) entre le 1er et le 14 janvier. C’est une nouvelle étape dans l’histoire du cabinet qui lui sert de tremplin pour envisager l’avenir sereinement.

Réaffirmer la stratégie

Le départ de 7 associés (Henry Ranchon, Laurent Schittenhelm, Christine Daric, Olivier Mesmin, David Blondel, Olivier Borenstejn et Jean-Pierre Delvigne) et 14 collaborateurs pour Bryan Cave Leighton Paisner début janvier constitue un événement marquant pour Franklin qui réunissait alors une soixantaine d’avocats. Comme cela arrive fréquemment dans les cabinets, des divergences de stratégie sont à l’origine de cette vague de départs. Le groupe d’associés ayant quitté la maison a choisi le bureau parisien d’un américain, Bryan Cave, qui a récemment fusionné avec un cabinet anglais, Berwin Leighton Paisner.

Cabinet indépendant, Franklin a comme ambition, depuis sa création en 2000, d’offrir à ses clients une prestation équivalente à celle de ses concurrents anglo-saxons et délestée des contraintes de réseau. Une stratégie à présent réaffirmée comme socle du partnership. « Un cabinet de réseau peut apparaître, sur certains aspects, plus confortable mais ce que nous voulons, nous, c’est construire un collectif en accordant une large place à la liberté créative », explique François Verdot, arrivé chez Franklin en 2012. Porte-parole ponctuel du groupe des anciens, le spécialiste du droit immobilier qualifie ses associés d’« avocats libres et entrepreneurs », tous maîtres du destin de leur structure d’exercice. Pas de pré carré, pas de maison mère ni de filiales, pas de managing partner, ni de chef autoproclamé chez Franklin. « Nous ne sommes pas là pour réaliser des ambitions personnelles mais pour servir ensemble nos clients », insiste François Verdot, pour lequel bienveillance et confiance sont les valeurs cardinales d’un collectif, permettant à chacun de présenter ses clients aux autres associés. À cela s’ajoute un système de rémunération en accord avec cette philosophie : amener un client et gérer un dossier sont gratifiés de manière équivalente. Autrement dit, le business developer et celui qui travaille sur le dossier perçoivent le même pourcentage du chiffre d’affaires généré. Cette somme est versée dans le mois qui suit l’encaissement. Résultats : peu de temps suffit pour confirmer l’appétence de chacun au partage des méthodes et des dossiers, les projets et la stratégie sont discutés de manière libre et régulière, la franchise et la transparence sont fédératrices. Les associés de Franklin se sont battus pour que perdure cette philosophie et ont tiré les enseignements de cette période de crise : « Peut-être un excès de confiance sur notre capacité à nous auto-réguler, analyse François Verdot. Nous avons travaillé au renfort de nos règles de vie au sein du cabinet. »

Un véritable trait d’union

Et le premier à avoir été convaincu de la sincérité de ce collectif est Michel Sapin. L’auteur de deux lois qui portent son nom a consacré sa vie à son engagement pour l’intérêt public en traversant les mondes du travail, de l’entreprise, des institutions financières, des collectivités... Ancien ministre successivement de la Fonction publique, du Travail et de l’Économie, il a aussi été élu localement en tant que maire d’Argenton et président du conseil régional du Centre. À présent, il ne brigue plus aucun mandat politique mais aspire à exercer une profession libérale dans le respect de ses valeurs personnelles d’éthique et de probité. Depuis son arrivée en novembre dernier, ce tout jeune avocat de 67 ans développe non seulement ses propres projets de conseil en conformité à la réglementation antifraude et anticorruption mais conjugue également de nombreuses expertises du cabinet entre elles : les projets d’investissements, les contraintes de conformité, le volet social des restructurations, le dialogue avec les autorités publiques et réglementaires, les développements en Afrique…. Un véritable trait d’union entre de nombreuses équipes de chez Franklin qui sert d’atout pour séduire de nouveaux associés. Les arrivées se sont en effet enchaînées.

C’est d’abord le duo formé par Patrick Thiébart et Myriam Delawari-de Gaudusson qui a permis à Franklin de constituer une solide pratique en droit social. Avec leurs collaborateurs, ils forment une équipe de huit avocats spécialistes du droit du travail qui interviennent généralement lorsque le dossier comprend un volet international (cas de harcèlement dans une filiale d’une entreprise étrangère, licenciement de cadres d’un groupe international, risque de requalification d’outils patrimoniaux en salaires pour un établissement financier basé à Londres et présent en France…). Conseils aussi bien d’industriels que d’entreprises de services ou d’institutions financières, Patrick Thiébart et Myriam Delawari-de Gaudusson sont également forgés à la compliance RSE/éthique et aux restructurations. Ce deuxième angle est stratégique pour Franklin qui a réussi a attiré un jeune talent du distressed M&A (la gestion des difficultés d’une entreprise post-opérations d’acquisition ou de cession) : Numa Rengot.

À la vitesse d’un coup de foudre

C’est une nouveauté pour le cabinet qui ne s’était jamais positionné sur la restructuration d’entreprise et encore moins, comme la plupart de ses concurrents, sur le distressed M&A, une pratique encore très confidentielle dont s’est fait maître l’ancien avocat de chez Aston. Acquisitions complexes, retournements d’urgence d’entreprises en difficulté, défense des créanciers et la représentation de leurs intérêts, accompagnement de dirigeants d’entreprise lorsque leur responsabilité est engagée lors d’une procédure collective… ce sont aussi bien le pôle social que M&A qui ajoutent des couleurs supplémentaires à leur palette d’intervention.

Le département banque et finance se renforce d’ailleurs grâce à l’arrivée de l’ancien managing partner d’Olswang, Stéphan Alamowitch, et de son équipe de quatre juristes. Ensemble, ils apportent leur expertise en droit bancaire et financier lors de la réalisation de transactions, notamment pour le compte d’emprunteurs industriels. Stéphan Alamowitch conseille par exemple Orange depuis quinze ans mais aussi les filiales françaises ou monégasques de banques étrangères. Son activité l’a mené en Afrique dans les années 1990 et il travaille depuis cette date sur des dossiers de financement de projets, de restructuration de dettes dans la région ou encore de titrisation de créances.

Les synergies existant avec le cinquième associé qui a rejoint l’équipe sont évidentes. Il s’agit de Serge Durox, qui a exercé vingt ans chez EY. Avec son équipe de six collaborateurs, dont deux seniors qui exercent en qualité de of counsels, il apporte à Franklin son expertise de la réglementation et de la conformité des secteurs de la banque, des services d’investissement et de l’assurance. « Jusqu’à présent, la quasi-totalité de notre activité était autonome, explique le nouvel associé. Notre équipe est composée d’avocats entrepreneurs, c’est la raison pour laquelle nous avons choisi un cabinet indépendant plutôt qu’une firme de réseau. » En travaillant avec Stephan Alamowitch et Michel Sapin notamment, son objectif est d’accroître la présence de Franklin aux côtés des banques. Et les développements ne vont pas s’arrêter là. L’équipe corporate/M&A est en pleine croissance, les annonces devraient se poursuivre dans les prochains mois. Le cabinet attache une importance particulière aux personnalités, qui peuvent se découvrir à la vitesse d’un coup de foudre, ou se redécouvrir compatibles avec le collectif, surtout lorsqu’il s’agit d’un retour au cabinet. C’est le cas pour Patrick Thiébart, qui, avant d’être associé chez Jeantet durant 10 ans, exerçait déjà chez Franklin. Un cas de figure qui pourrait bien être amené à se reproduire…

Pascale D’Amore

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